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Fès, l'an 1200
Publié dans La Gazette du Maroc le 22 - 12 - 2007

L'année 2008 marque le 1200ème anniversaire de la création de la cité à flanc de colline, dans le creux du Saïs. L'anniversaire sera fêté à Fès et dans tout le Maroc pour célébrer une ville unique dans l'histoire de la culture arabe et musulmane. Ville de culture et de savoir, ville de spiritualité et de recherche, comptoir de négoce et ville marchande, capitale politique et berceau civilisationnel, Fès est l'expression de la cité dans son acception la plus moderniste, entre tradition et novation.
Dans son introduction au voyage au Maroc, Paul Morand écrit que Fès aurait pu être la capitale du monde arabe. Il expliquera plus tard dans sa correspondance qu'il est difficile d'entreprendre un voyage dans les méandres de cette cité sans être prêt à s'y perdre. Il dira aussi à son ami, l'histoire et l'attrait d'une ville où le mythe est quotidien : «Fès capitale intellectuelle, capitale artisanale, la plus impériale des villes du Maroc, perle du monde arabe. Première capitale du Royaume en 808 avec Idriss II, puis deux fois encore, au XIIIème siècle avec les Mérinides et au XIXème siècle sous le règne de Moulay Abdallah, centre spirituel et culturel du Maroc traditionnel : Fès est une ville multiple, unique par sa splendeur». Mais Paul Morand n'est pas le seul à avoir écrit sur la ville, Pierre Loti sans s'y être rendu avait aussi vanté ses charmes au-delà de la description banale d'un lieu que l'on visite et dont on rend compte. Pour l'écriavain français, grand voyageur et amoureux de l'Orient, cette partie occidentale du «Grand Orient marque par sa culture enracinée dans l'histoire. On peut y trouver le prétexte pour se laisser prendre aux jeux des lieux et de leurs symboles». C'est dire que pour toucher une ville aussi mystérieuse que Fès, il faut s'imprégner de son histoire, les balbutiements de ses fondations, son parcours antique et les différentes influences qui l'ont façonnée à travers les siècles.
Fès, la multiple
Les livres d'histoire sont unanimes pour faire de Fès l'exemple éloquent de la capitale arabe. Tant au niveau architectural qu'humain, Fès a su, à travers les différentes influences qui l'ont marquée, allier de nombreux styles. L'art arabe y a pris une tournure magnifique tant sur le plan de l'innovation, du dessin, de la mosaïque, du bâti, de la conception de l'espace que du volume habitable. Et cela prend tout son sens lorsque l'on se rend compte des étapes de formation de cette ville. En effet selon les livres d'histoire, comme le précise l'histoire arabe qui retrace la genèse des grandes villes arabes comme Damas, le Caire et Fès, on lit que «Fès s'est développée en trois périodes :   la partie la plus  ancienne   «Fès El Bali»  sous Idriss II au  début   du IXème siècle, «Fès El Jadid» au XIIIème siècle et la ville moderne dite «ville Nouvelle» à partir du XIXème siècle et notamment pendant le Protectorat Français (1912) jusqu'à nos jours». Trois époques pour sa modernité sans parler de l'héritage romain et phénicien qui en fait l'un des endroits les plus rayonnants de l'histoire des empires anciens. Ce mélange préside aussi à une certaine approche de la vie. Un mode de vie fluctuant qui a toujours été marqué par le faste, la finesse, le raffinement et la subtilité. Modes culinaires, courbes vestimentaires, déclinaisons architecturales, mouvements politiques et sociaux, affinités électives sur tant de variations de styles et de goûts dans un espace-temps très propice au rayonnement culturel. C'est cette richesse qui fait de Fès une ville patrimoine de l'Unesco. On sait que «Fés fut fondée en 808 par Idriss II, fils de Idriss Ier (premier sultan du Maroc). Ainsi huit cent familles musulmanes d'Andalousie (Espagne) trouvèrent refuge sur la rive droite de l'oued Fès, tandis que les exilés originaires de Kairouan s'installèrent sur la rive gauche». Grand échafaudage d'idées et de cultures où déjà la notion de l'esclavage était bannie. A Fès, la place était donnée à tous les amoureux du savoir, de la beauté, de la création et du rêve. On lit dans une thèse sur les universités du monde publiée par Oxford que Fès avait des longueurs d'avance sur les autres grandes villes du savoir dans le monde : «Aux Kérouanais, on doit l'imposante et splendide mosquée et Qaraouiyyine, au scintillant toit de tuiles émeraudes. C'est le plus ancien centre d'enseignement du monde, avant Oxford et la Sorbonne et aujourd'hui encore l'un des principaux pôles intellectuels du Maghreb».
La place forte de la connaissance
Fès est un rendez-vous, une escale qui peut durer dans le temps. Pour de nombreux chercheurs, cette ville a eu un impact fort sur les grands savants qui estimaient que leurs recherches étaient insuffisantes tant que la ville de Fès ne leur a pas révélé son secret. Mais le monde des lettres et des sciences avait besoin d'une assise économique et politique solide pour le porter. Et Fès savait allier les différentes composantes d'une ville-capitale, d'une ville symbole de force et de stabilité : «Jadis les échanges avec Cordoue,  Kairouan et le reste du monde musulman avaient fait de Fès une grande cité économique et commerciale, Fès était au carrefour du négoce de la rive Sud de la Méditerranée, des voies principales partaient de cette ville vers Sebta, Salé, Tlemcen et Sijilmassa considérées autrefois parmi les réseaux importants de communication». Selon les historiens cette force économique était au service de la culture et des arts. On savait déjà comme l'explique bien Loti que : «le monde pouvait régner plus par ses influences culturelles que par la force des armes, le Maroc pouvait se vanter de tant de places où l'art et la beauté offrent l'enchantement et décident de la stabilité politique du pays». Et Fès parcourt les siècles d'époques fastes en périodes tumultueuses. Les arts et la culture sont à la base d'un style unique de vie qui va de pair avec une certaine lecture de la vie. A Fès, la beauté n'est pas un luxe, mais une nécessité humaine que l'on s'impose pour rendre le monde meilleur.
L'appel de l'UNESCO
Fès devait avoir sa place dans le patrimoine mondial de l'humanité. Ville unique, ville de contrastes, ville où les influences finissent par former un continuum fascinanat a été déclarée en 1976 par l'UNESCO, patrimoine Universel. Une façon de protéger les contours et les mystères d'une ville qui échappe encore à l'étiquetage. Ville tentaculaire, qui nous emmène de dédalle en dédalle, de secret en secret, elle impose par une architecture qui allie le faste le plus insolent à la simplicité la plus subtile. Dans la déclaration du classement dans le patrimoine universel, on lit ce qui suit : «la cité médiévale fait désormais l'objet de l'attention et des efforts particuliers de nombreux urbanistes, pouvoirs publics et associations afin de préserver, sauvegarder, restaurer et réhabiliter ses vestiges et son caractère authentique et unique».
Un travail qui touche de nombreuses sensibilités qui ont pris sur elles-mêmes la lourde tâche de faire de cette cité un phare unique dans l'histoire des villes arabes.
C'est dans ce sens que l'agence de Dédensification et de la Réalisation de Fès (ADER) a été créé en 1989. Une initiative qui devait aboutir à «la mise en œuvre de grands programmes concernant la restauration des monuments, le transfert des activités polluants à l'extérieur de la Médina…». Une action salutaire qui a permis de sauver la ville. Mais ce n'est pas tout. Fès devait aussi jouir de l'amour de tant d'individualités ancrées dans le sillage de l'aura de la ville. Comme on le sait tous, une riche contribution de mécénat a permis de restaurer un certain nombre de monuments qui ont retrouvé leur lustre d'antan marquant par là même une nouvelle page dans la longue marche d'une cité multiséculaire. On le sait aussi, le gouvernement du Japon et des organismes financiers tels que la Banque Mondiale et le Fonds Arabe pour le Développement Economique et Social  (FADES), et le gouvernement Italien ont apporté leurs aides et manifesté leur soutien dans le but de voir cette ville debout, affichant son caractère humain et civilisationnel qui va au-delà des âges.


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