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FESTIVAL : Le tabou du corps est mort, vive la danse contemporaine !
Publié dans La Gazette du Maroc le 08 - 02 - 2008

Du 14 au 26 janvier, Marrakech a accueilli, la 3ème édition du Festival international de danse contemporaine «On marche…».
La danse n'est pas un langage articulé, à la manière du langage verbal. Le corps trivial, d'où sort le corps dansé, est «quasi articulé». Cette quasi-articulation rend possible le mouvement dansé, échappant à l'alternative «corps aux gestes absolument codés / corps au sens incarné» : la danse surarticule les corps. L'analyse et le commentaire de certains exercices de Contact-Improvisation – la technique élaborée par Steve Paxton dans les années 70 – montrent comment le geste dansé se construit à partir de mouvements microscopiques dont le toucher fait prendre conscience dans le corps de l'autre. Par ailleurs, comment la danse fait-elle communiquer les corps? D'où le besoin d'introduire certaines notions comme «conscience du corps», ou «communication entre inconscients». C'est à préciser leur sens que s'attache la jeune création chorégraphique contemporaine.
Mais qu'est-ce qu'une chorégraphie ?
C'est un ensemble de mouvements corporels qui possède un nexus, c'est-à-dire une logique de mouvement, propre. Si l'on se réfère spécifiquement à la danse, il faut ajouter : «Un ensemble conçu ou imaginé de certains mouvements délibérés…» S'il s'agit d'une chorégraphie improvisée, l'exigence du nexus se maintient, même si on abandonne partiellement l'idée de la préconception et le caractère volontaire des mouvements. Comme dans toute définition dans le champ de l'art, celle de la chorégraphie pose immédiatement de multiples problèmes : il semble pourtant que, dans tous les cas qui se présentent (notamment dans la danse contemporaine), il n'y ait pas de chorégraphie sans un nexus.
Qu'est-ce, alors, qu'un nexus de mouvements dansés ?
Il n'est dicté ni par sa finalité ni par son expressivité. Prenons à la lettre ces mots de Merce Cunningham : «Si un danseur danse – ce qui n'est pas la même chose que d'avoir des théories sur la danse ou sur le désir de danser ou sur les essais qu'on fait pour danser ou sur les souvenirs laissés dans le corps par la danse de quelqu'un d'autre –, mais si un danseur danse, tout est déjà là. Le sens est là, si c'est ce que vous voulez. C'est comme cet appartement où je vis – je regarde tout autour de moi, le matin, et je me demande, qu'est-ce que tout cela signifie ? Cela signifie : ça, c'est là où je vis. Quand je danse, cela signifie : ça, c'est ce que je suis en train de faire. Une chose qui est juste cette chose-là» (Cunningham 1952 : 97).
Comment construit-il le nexus de ses mouvements dansés ?
Dans une interview, Cunningham répondait à la question «Quelle est la source (the origins) des formes et des mouvements que vous trouvez pour vos danseurs ?» en expliquant qu'il ne les concevait pas d'avance, mais toujours en expérimentant les mouvements pratiquement. Et de fait, dans un enregistrement filmé des années 70, on le voit dans son studio assis sur une chaise, immobile, semblant se concentrer, puis soudain se lever, faire trois pas, se jeter par terre, les bras et les jambes placés d'une certaine façon, et soudain s'immobiliser ; se relever, revenir à la chaise ; refaire la même séquence de mouvements, cette fois en plaçant les membres différemment. La séquence se répète jusqu'à ce que Cunningham développe une nouvelle séquence à partir de la première dont les mouvements sont fixés. Comme il dit : «Ma chorégraphie fait partie d'un processus de travail (a working process). Ça ne se fait pas toujours nécessairement avec la compagnie. Ça peut être moi, tout seul. Mais c'est un processus de travail. Je commence, dans le studio, en essayant quelque chose. Si ça ne marche pas pour une raison quelconque, ou si ça n'est, pour moi, physiquement pas possible de le faire, j'essaie autre chose […]. Comme vous voyez, je m'intéresse à l'expérimentation avec des mouvements» (Cunningham
1951 : 55).
Qu'est-ce qu'expérimenter, «essayer» ?
C'est arriver à un point de «coordinations physiques» telle que l'«énergie» passe «naturellement» (Cunningham 1952). Il s'agit de flux de mouvements plutôt que de formes ou de figures (comme dans le ballet). En essayant une séquence de mouvements et en vérifiant que l'énergie passe, le danseur se trouve devant de multiples possibilités d'autres mouvements. Il essaie à nouveau, et il choisit, et ainsi de suite, créant un flux d'énergie. Les formes se composent au fur et à mesure, et pèsent sans doute sur le choix des séquences ; mais elles ne sont pas déterminantes, au contraire, elles dépendent du destin que le danseur veut donner à l'énergie, créant des foyers intensifs ou atténuant son élan, accélérant la vitesse, modulant la force du mouvement.
Chez deux créateurs marocains en tout cas, la création de formes obéit à la logique de l'énergie : loin de constituer des fins en soi (construire de «belles figures»), les formes sont des sortes d'«embrayeurs» du flux de mouvements. Pour Taoufiq Izeddiou, danseur, chorégraphe et directeur du Festival «On marche…» : «danser, c'est marcher vers un nouveau monde, aller au-delà des limites du corps, se remettre constamment en question. La mémoire du corps s'inscrit aussi bien dans le passé, le présent tout en s'acheminant vers la quête d'un futur».
Pour Khalid Benghrib, danseur et chorégraphe qui a créé, il y maintenant 2 ans de cela une «compagnie de danse contemporaine et de création en tout genre», la Compagnie 2K_Far, la danse est «l'expression artistique de la pensée contemporaine, pourrait-on dire. Sa compagnie, danse ce qu'elle observe et ressent de l'environnement alentour. Une compagnie qui danse pour parler de la vie.
Et Taoufiq Izeddiou de renchérir : «danser, c'est marcher vers un nouveau monde, aller au-delà des limites du corps, se remettre constamment en question. La mémoire du corps s'inscrit aussi bien dans le passé, le présent tout en s'acheminant vers la quête d'un futur».
La danse contemporaine marocaine, inconnue au bataillon artistique il y a encore une décènnie, déclare aujourd'hui, dans ce pays, vouloir «affranchir le corps de tous les interdits, épanouir la personne et libèrer le mouvement».
Ce ne sont pas les très nombreux enfants, adolescents, qui, jeunes adultes (majoritairement des garçons, en effet le Maroc change !) qui ont participé aux ateliers marrakchi qui les contrediront. Encore moins, la petite équipe de danseurs (de 8 à 22 ans) que Khalid a emmenée avec lui (grâce au soutien financier du SCAC français) de Casablanca à Marrakech pour vivre l'aventure de ce festival.
Ce ne sont pas non plus les nombreux danseurs et chorégraphes marocains qui se sont retrouvés pour de houleux, mais très riches débats autour du «Statut du danseur au Maroc, quelle action entreprendre pour faire de la danse contemporaine au Maroc un art à part entière», qui diront autre chose.
Bonne nouvelle donc pour le Maroc qui va peut-être enfin reconnaître une activité artistique universelle aussi vieille que l'Humanité. Et qui fera en sorte de garder des talents reconnus partout dans le monde… sauf ici !


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