Démocratie et gestion locale Les partisans de la gestion moderne des affaires locales sont unanimes à préconiser que tout processus de développement économique et social ne saurait être réduit à la seule question de ressources financières. Les projets de développement communautaire deviennent, de plus en plus, “l'affaire de la bonne gouvernance ”. Le CMG (Centre marocain de la gouvernance) a pour mission d'effectuer les investigations et d'animer des sessions de formation sur les différentes dimensions du système de gouvernance, à savoir stratégique, locale, administrative, économique, juridique et sociale. Cette nouvelle institution d'études et de recherches s'est fixée pour conduite à suivre la publication d'un rapport général publié deux fois par an et portant sur “l'état d'avancement de la gouvernance au Maroc”. Les actions du centre s'investissent dans les domaines du développement et de planification de projets de territoire, la prospective dans le développement et la gestion locale, la formation des élus, l'approche genre et autres.La thématique est d'autant d'actualité dans un Royaume caractérisé par une transition à la fois difficile et salutaire où la régionalisation, la décentralisation et la déconcentration ont été érigées en concepts incontournables alimentant les activités et les comportements des collectivités locales. Pour une charte de la participation locale Le CMC organise un cycle de tables rondes, au rythme d'une session mensuelle sur ses sujets d'intérêt. La première rencontre s'est déroulée le dernier week-end de février dernier autour du thème : “Analyse du concept de bonne gouvernance et son application au Maroc”. Organisée en partenariat avec la Fondation allemande Friedrich Ebert, l'aréopage a fait croiser les échanges entre des décideurs et experts en matière de management, de planification, d'environnement juridique, d'éducation nationale et des parlementaires. D'autres tables rondes se succèderont les mois suivants et traiteront des thématiques de gouvernance institutionnelle et économique, de régulation sociale, de gouvernance et société civile, de benchmarking et de gouvernance et mondialisation. Le professeur Driss Abbadi, dans son ouvrage “Gouvernance participative locale au Maroc”, témoigne : “le Maroc fait partie des pays qui souffrent du manque de ressources financières pour leur développement, mais il fait également partie des quelques pays qui ont décidé de dépasser la contrainte financière en optant, depuis quatre années, de manière progressive, pour la voie de la gouvernance participative”. Tout compte fait, le Royaume s'applique à emprunter la bonne piste jonchée d'expériences réussies des démocraties occidentales confirmées. Le paradigme en vogue élargit le rayon d'action du gouvernement traditionnel reflétant l'exercice de l'autorité par des institutions politiques sur une population et un territoire déterminés. La gouvernance se définit comme une démarche de gestion par l'interaction des acteurs publics et privés dans la gestion des structures complexes dans leurs dimensions politique, économique et socioculturelle. Une autre définition est tentée dans le livre de D. Abbadi : “La participation à la gestion des affaires publiques locales est une condition de la bonne gouvernance. Celle-ci étant un mode participatif de gouvernement et de gestion des affaires publiques qui s'appuie sur la mobilisation des différents acteurs politiques, économiques et sociaux (secteur public, secteur privé et société civile) pour assurer un mieux-être durable à tous les citoyens”. Cette nouvelle tendance reste tributaire de la primauté du droit, la transparence, l'équité, l'efficience et l'efficacité, la responsabilité et l'évaluation et, en dernier lieu, la participation. L'état des lieux de la participation au Maroc, hormis quelques expériences localisées et limitées fondées notamment sur l'intégration “d'espaces associatifs”, demeure encore à son stade naissant et l'auteur plaide pour une charte de la participation locale à l'usage des collectivités locales, des organisations associatives et infra-communales que les élus élaboreront en concertation avec les groupes de la vie territoriale, coopératives, ONG, comités de quartier, clubs et maisons de jeunes, jemaâs… ”Ce n'est effectivement que par son insertion dans la charte communale de manière incitative qu'une charte de la citoyenneté pourra être mise en place par les collectivités locales ”, préconise fortement l'auteur. En conclusion, la réussite de ce processus de consultation participative reste conditionné par quatre fondements majeurs : donner l'audience la plus large possible aux acteurs impliqués dans la gouvernance participative, favoriser la meilleure représentativité des groupes consultés, éviter d'exclure les groupes les plus défavorisés et, enfin, articuler au mieux l'expertise et la participation. Diplomatie économique marocaine Edifier un schéma national d'intelligence économique Si la pertinence du thème est de grande actualité, en revanche les violons ne semblent pas être accordés entre les divers protagonistes. Des confusions doivent être dissipées et les missions peaufinées aux profils requis de nos “ diplomates économiques ”. Le mérite de l'AMDPDE (Association marocaine de la diplomatie parallèle et du dialogue des civilisations) et de la CDG tient à l'opportunité du débat qu'ils ont parrainé le 27 février dernier autour du thème : “ Pour une dynamisation de la diplomatie économique marocaine ”. Partant du constat de l'interdépendance croissante des économies nationales dans un marché mondial globalisé “ à risques ”, l'AMDPDC, marquant sa deuxième sortie après la conférence tenue en décembre dernier sur la mise à niveau de la diplomatie marocaine, s'est résolue à prendre l'initiative de rendre public un débat jusqu'ici réservé aux cercles fermés d'intellectuels et de spécialistes. Cette initiative, partagée par le partenaire institutionnel, la CDG, activement ouverte à la société civile, s'est traduite par la nécessité de sensibiliser les divers acteurs et l'opinion publique à prendre conscience du rôle de la diplomatie économique face aux enjeux du développement présents et futurs et de les inciter à prendre part aux débats et analyses portant sur la diplomatie en général et la diplomatie économique en particulier, combien utiles aux agents économiques et décideurs politiques ”, a notamment souligné le président de la jeune ONG “ parallèle ”, Abdelfattah El Belamachi. Mais des confusions dans les jeux de rôles ont été commises à travers certaines rhétoriques redondantes lors de la table ronde de la capitale. D'aucuns ont estimé, à l'instar des représentants des Départements des Affaires étrangères et du Commerce extérieur, que “la diplomatie économique n'est pas nouvelle et qu'elle s'exerce dans le Royaume depuis des siècles” ! ! ! Visiblement, on ne doit pas parler de la même chose, d'ailleurs, s'est interrogé El Mahdi Mimoune, Directeur des études et de la coordination de la coopération économique bilatérale et ex-ambassadeur : “ est-ce que l'on parle de la même chose ? ”. Aussi, il semblait s'établir une autre “ perle ” entre l'activité régalienne traditionnelle, celle d'établir des traités et des accords de coopération bilatéraux et multilatéraux en les mettant dans l'escarcelle des acquis de la diplomatie économique, pourtant à peine balbutiante. Dans le camp des sceptiques, on peut citer Abdesselam Aboudrar, secrétaire général de la CDG qui, lors de ses missions à l'étranger, avait constaté le défaut de structures et de compétences économiques dans les représentations diplomatiques du Royaume à l'étranger. Compétences ? Le mot est lâché puisque le consensus, il y en avait au moins un, tout de même, entre tous les intervenants qui ont joint leur voix aux deux premiers nommés, en l'occurrence Zahra Maâfiri, chef de cabinet au ministère du Commerce extérieur et Chafik Rachadi, premier vice-président de la Fédération des Chambres de commerce, d'industrie et des services. Ceux-ci sont d'accord sur la nécessité de “ bâtir une stratégie globale et sectorielle volontariste ” mise en œuvre par les compétences requises triées sur le volet et formées au dessein de renforcer les capacités économiques du Maroc en valorisant son image de compétiteur fiable et dynamique dans le monde. Ce que d'aucuns ont illustré par la mobilisation de l'expertise nationale à intégrer dans les réseaux internationaux de la diplomatie officielle et parallèle, ambassades, missions consulaires, représentations du Maroc auprès des institutions internationales. A cela doivent s'ajouter les démembrements extérieurs des grandes entreprises et banques nationales (ONMT, RAM, BP, BMCE), antennes des organisations professionnelles à l'étranger (CNCE, CMPE, CGEM, GPBM), aux fins de favoriser l'expansion internationale des entreprises marocaines et promouvoir les investissements directs étrangers. On ne manquera pas de souligner l'analyse pertinente qu'a faite Hamza Hajoui de l'Institut CDG qui s'est attaché à préconiser : “ la diplomatie économique doit s'insérer dans un schéma global d'intelligence économique en combinant les pratiques et les savoir-faire en matière de maîtrise et de gestion de l'information économique apte à stimuler la demande mondiale vers le Maroc ”. B.M