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Les confessions du patron des patrons
Publié dans La Gazette du Maroc le 09 - 05 - 2005


Entretien avec Hassan Chami,
président de la Confédération générale des entreprises du Maroc
La rencontre du président de la CGEM avec le Premier ministre la semaine dernière a fait couler beaucoup d'encre dans le milieu entrepreneurial et médiatique. Après avoir balayé d'un revers de main cette pseudo-confrontation entre la CGEM et la Primature, Hassan Chami nous fait un check-up très intéressant de l'économie nationale.
La Gazette du Maroc : certains de nos confrères ont qualifié votre rencontre avec le Premier ministre de houleuse et d'infructueuse ?
Hassan Chami : cette réunion avait pour objectif de sensibiliser le Premier ministre sur un certain nombre de problèmes que connaissent les secteurs économiques depuis le début de cette année. Ces obstacles sont pour une part, liés à l'interprétation qui est donnée à différents articles du Code du travail, d'autre part, à l'agression dont fait l'objet le Maroc des produits d'un certain nombre de pays environnants ou lointains. Ces pays ont fait de notre marché un dépotoir où l'on vient vendre des produits de deuxième choix et de lieu de pratique de dumping. Ceci ne correspond aucunement aux dispositions prévues par l'OMC ou les différents accords de libre-échange qui ont été signés avec le Maroc.
Lors de cette rencontre, le Premier ministre était accompagné de certains ministres et autres opérateurs économiques, pratiquement tous les secteurs ont été représentés.
Jettou n'était pas présent pour donner des réponses. Il était là surtout pour écouter. Il a ensuite préconisé que les différents secteurs économiques se réunissent avec leurs ministres de tutelle respectifs, examinent à fond les problèmes évoqués et dégagent des solutions qui seront annoncées lors d'une prochaine réunion.
Ceci étant, le Premier ministre ne s'est pas empêché d'éclaircir un certain nombre de dispositions concernant l'application du Code du travail. Sachant qu'un long débat s'est ouvert dans la presse, à travers les syndicats, sur la valeur du SMIG et sur les 44 heures payées au tarif de 48 heures travaillées. Le chef du gouvernement a bien spécifié que le SMIG horaire tourne aujourd'hui autour de 9,66 dhs. Mais aussi que les salariés seront payés en fonction du nombre d'heures travaillées. Ce qui laisse croire qu'il n'y a pas de réduction de temps de travail pour les salariés qui travaillaient 48 heures.
Lors de cette rencontre, sur quoi votre Confédération et la Primature se sont mises d'accord ?
Le Premier ministre a bel et bien souligné que le gouvernement marocain défendrait les secteurs économiques contre tout ce qui est fraude, sous-facturation et tout ce qui va à l'encontre de la loi. De la même façon et concernant l'application du Code du travail, il a pris une position ferme sur le fait que le Maroc a adopté une législation du travail qui doit être appliquée conformément à l'esprit du 30 avril. Pour rappel, cette date correspond au compromis entre les demandes des syndicats et celles du patronat. Sur la question relative au salaire minimum et au temps du travail, Jettou a été catégorique. Le SMIG horaire n'est pas aujourd'hui supérieur à 9,66 dhs comme l'ont prétendu certains syndicats (10,50.dhs). Quand un salarié travaille au-delà de 44 heures par semaine, il est obligatoirement payé avec le tarif des heures supplémentaires.
Les différentes fédérations affiliées à la CGEM ont des revendications telle la baisse des charges sociales ou du SMIG, qui semblent irréalistes dans la conjoncture actuelle. À défaut, qu'est-ce que vous pourriez attendre de la part du gouvernement ?
C'est un autre débat qui doit porter non pas sur le SMIG mais sur l'employabilité de la population marocaine selon son profil de formation.
Si on part de cette donnée, on constatera que le Maroc a des problèmes d'emplois dans deux catégories importantes de la population active : les analphabètes et les diplômés chômeurs. Entre les deux, tous ceux qui ont une formation intermédiaire sans forcément avoir un diplôme supérieur correspondant à la demande du marché ont trouvé du travail. En tout état de cause, le taux de chômage à ce niveau est très bas. Donc, le problème du chômage au Maroc devra être abordé à travers ces deux niveaux.
Le seul moyen de sauvegarder aujourd'hui l'emploi des analphabètes, c'est de leur offrir des activités de main-d'œuvre. Or, dans cette catégorie, le SMIG marocain n'est pas concurrentiel dans le bassin du pourtour méditerranéen. Comparé aux pays concurrents, il est le plus élevé après la Turquie. Si on va loin dans la comparaison, notre SMIG est quatre fois supérieur à celui de la Chine.
N'existe-t-il pas d'autres solutions au problème du SMIG que ces comparaisons avec des pays connaissant une certaine péréquation des richesses ?
Allez voir en Chine si, il y a cette répartition de revenus dont vous parlez. En Chine, il existe des salariés qui ne touchent pas 50 dollars par an. Il faut analyser ce problème tel qu'il est. Il y a une partie de la main-d'œuvre marocaine qui, aujourd'hui, ne trouverait pas d'emplois parce qu'elle est non qualifiée et pour laquelle le SMIG est injustifié. C'est pour cela, pour nous à la CGEM, nous pensons que pour garder et attirer un certain nombre d'emplois non qualifiés, il faut trouver une autre approche. Si on maintient les dispositions actuelles dans le secteur de la confection qui emploie jusqu'à 150.000 personnes, on risque de perdre des milliers de salaires au profit des pays à bas salaires. En revanche si on veut le sauver, il faut le rendre concurrentiel par rapport à son environnement.
Pour ce plan de sauvetage, avez-vous une idée de l'architecture à mettre en place ?
Nous avons soumis le problème aux autorités compétentes. Ce que je constate c'est que ni le gouvernement ni les syndicats ne sont hostiles à cette approche.
Comment pourra-t-elle être mise en place? Je comprends que pour vivre dans l'agglomération de Casablanca, il faut un minimum du SMIG marocain. Mais je pense aussi qu'on peut vivre ailleurs avec un SMIG inférieur à celui qu'on perçoit à Casablanca. Ce qui reste à préciser c'est de savoir si on peut avoir un SMIG régional ou même rural.
Quand on est face à un problème qui est celui de l'emploi, on ne doit pas être sectaire. Toutes les idées sont les bienvenues.
Avez-vous un exemple de pays qui ont adopté et réussi dans cette démarche ?
Il existe des pays qui, au lendemain de la fin de l'accord multifibres, ont supprimé purement et simplement le SMIG. Ce ne sont pas des pays à économie attardée puisqu'il s'agit des Philippines et de l'Estonie. Ce n'est pas ce que nous préconisons au sein de notre Confédération.
Certains secteurs économiques comme le bâtiment ou le tourisme tirent plus leur épingle du jeu de la situation économique actuelle que d'autres (textile, énergie…). Comment l'expliquez-vous ?
Les secteurs qui marchent aujourd'hui au Maroc, ce sont ceux, pour lesquels les opérateurs économiques privés et le gouvernement se sont attelés à la tâche en leur définissant une visibilité sous-tendue par un contrat programme. C'est le cas du secteur du tourisme et le BTP.
Si vous prenez le cas d'un secteur problématique comme la pêche, vous constaterez que les choses évoluent positivement. Ceci découle du fait qu'une matrice à respecter la manière de pêcher, où des rapports devant exister entre les pêcheurs hauturiers et côtiers, a été conçue et mise en place. Ce secteur souffre maintenant moins que l'année dernière. À chaque fois qu'on s'est attaché à trouver des solutions aux problèmes d'avenir d'un secteur, généralement cela a été suivi par un développement économique et social
Pensez-vous vraiment que cette vision idyllique est possible dans le secteur du textile avec la mainmise des Chinois sur leurs concurrents ?
Oui. Le changement sera inéluctable. Il faut diviser le textile marocain en deux. Une main-d'œuvre qui ne supporte pas un SMIG et une innovation qui peut bel et bien résister à la concurrence. Il faut seulement prendre une décision courageuse pour maintenir cette dernière activité au Maroc. Je ne vois pas pourquoi on condamnera le Maroc à perdre plus de 250.000 emplois alors qu'il n'a pas de structures de population aptes à pouvoir accueillir de nouvelles activités économiques.
Vous avez souligné le benchmarking dans votre question. À titre d'illustration, prenez le cas de deux pays industrialisés que sont la France et la Grande-Bretagne. Pourquoi la France souffre de plus de 11 % de chômage alors que l'Angleterre n'en connaît que 4,5 %. La réponse est que cette dernière a pris des mesures de flexibilité en redonnant le goût du travail aux gens indépendamment de leur qualification. En France, on est resté très conservateur.
Quand est-ce que les conclusions de l'étude Mc Kinsey seront rendues publiques ? Comment voyez-vous le repositionnement stratégique de l'industrie marocaine ?
Cette question a été posée au Premier ministre. Il a rappelé à juste titre que l'étude Mc Kinsey n'est qu'un moyen d'aider le gouvernement à dégager une politique d'industrialisation d'avenir dans les secteurs économiques nouveaux et non pas dans ceux qui existent déjà.
Mc Kinsey n'est qu'une aide à la définition d'une politique économique marocaine. La première mouture a été soumise à un certain nombre d'opérateurs économiques dont moi-même. Nous avons émis des critiques et des correctifs et les choses sont en train d'être revues et corrigées. Quand le gouvernement aura la quintessence de cette étude, il en fera une politique et la soumettra aux opérateurs économiques. Ce sera fait, selon le Premier ministre, dans les semaines à venir.
En tant que membre du comité qui a eu cette première mouture, comment voyez-vous ce repositionnement stratégique de l'entreprise au Maroc ?
C'est une réflexion sur les métiers qui peuvent éclore dans les années à venir au Maroc. Il existe un certain nombre de métiers, en particulier l'offshoring, c'est-à-dire la sous-traitance dans un pays déterminé d'activités qui ne font pas appel à la main-d'œuvre. Ces activités ont tendance à quitter les pays en voie de développement vers les pays industrialisés. L'exemple le plus frappant, c'est l'Inde qui a développé 2 millions d'emplois dans ce cadre.
Est-ce que le Maroc peut réussir dans cette perspective ? La réponse est oui. Le phénomène de délocalisation d'activités tertiaires est en train de naître en Europe. Pourquoi notre pays ne capterait-il pas une partie de cette manne.
Cette ambition suppose que le problème de la formation soit réduit à sa plus simple expression, n'est-ce pas ?
Pour arriver à cet objectif, l'étude Mc Kinsey cherche à identifier des niches et des possibilités pour avoir une idée précise sur les moyens à mettre en place. C'est dans ces conditions seulement que le succès d'une telle politique d'offshoring pourra être possible. À cet égard, le problème de la formation demeure nodal.
Cela étant dit, vous revenez à mon schéma d'origine quand je parle de politique d'emplois par tranche de formation de la population. On a raté le problème de l'enseignement dans les premières années de l'indépendance. Nous en tirons les conséquences maintenant. Notre proximité avec l'Europe et la mondialisation aidant ne nous permettent pas d'avoir les salaires et la protection sociale que peuvent avoir d'autres pays qui sont plus loin de ce continent. À titre d'exemple, on ne peut pas se permettre au Maroc d'avoir un SMIG du genre égyptien, qui atteint plus ou moins 40 euros par mois. La formation qui devrait nous permettre d'être dans le sillage de cette économie internationale, nous l'avons ratée. Notre intégration à l'économie mondiale passera donc forcément à travers le profil de formation que nous serons amenés à donner à nos jeunes.
En début de cette semaine, une information est passée inaperçue au Maroc : la France a renvoyé des tonnes de miel turc pour sur-utilisation de pesticides. Les œufs dans ce pays contiendraient aussi une dose importante de produits chimiques dangereux pour la santé. Quand on sait que le Maroc est grand consommateur de produits alimentaires turcs, il y a de quoi s'interroger sur leur contrôle à l'entrée de nos frontières ?
Comme beaucoup de pays, nous sommes passés d'une économie protégée par des droits de douane à une économie d'échange libre. Or, tous les pays qui ont emprunté ce chemin se protègent par la norme et la loi. Notre demande consiste à dire que ne rentrent au Maroc que des produits qui sont normalisés et qui correspondent aux lois édictées. C'est ainsi que toutes les économies internationales sont régulées aujourd'hui. Le contrôle par les droits de douane n'a plus cours. Ce que nous demandons, c'est la mise en place d'une normalisation marocaine et l'application de la loi aux frontières si on veut se protéger des produits alimentaires périmés. Cela dit, si cette information est avérée, nous demanderons au gouvernement de prendre des mesures adéquates. Car, c'est lui que reviennent les prérogatives de faire respecter la loi.


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