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Leur crime? La lutte contre la corruption
Publié dans Lakome le 21 - 01 - 2013

Mohamed Reda, Abdelmajid Aluiz et Mohammed Achik sont trois ingénieurs occupant de hautes fonctions dans les secteurs public et privé. Ils paient aujourd'hui un lourd tribut à cause du manque de transparence et de la mauvaise gouvernance qui continuent à régner au sein du ministère des Finances, et aussi à cause de l'absence de l'Etat de droit.
Toutefois, la difficile épreuve qu'ils endurent, depuis la publication par le quotidien Akhbar Al Youm des documents qui révèlent l'échange des fameuses primes entre Mezouar et Bensouda, n'est pas vaine. A quelque chose malheur est bon. Voici l'histoire ...
En Juin de l'année dernière, Akhbar Al Youm a mis la main sur trois documents importants. Il s'agit de décisions prises et signées par l'ancien ministre des Finances, Salaheddine Mezouar (il est encore le président du parti RNI) et le Trésorier général du Royaume, Noureddine Bensouda. En vertu de ces documents, rangés à l'abri des indiscrétions, Bensouda versait à Mezouar une prime illégale de 80.000 dirhams par mois, en plus de son salaire et ses indemnités stipulées exclusivement dans le dahir relatif au traitement des ministres. En retour, Mezouar versait à Bensouda une prime qui avoisinait les 100.000 dirhams par mois. Nous nous sommes assurés, avant publication, de l'authenticité des documents, et nous avons demandé leur avis aux deux concernés. En vain.
Le silence de Bensouda n'a pas duré longtemps. Il a ouvert une enquête illégale pour savoir qui a divulgué le document à la presse, alors que les deux ministres des finances actuels, Nizar Baraka et Driss El Azami, n'ont pas pipé mot, tétanisés par l'ampleur de la surprise. Mezouar a eu l'audace, ou plutôt le culot, non pas de présenter ses excuses et rembourser aux contribuables l'argent indu, mais de crier haut et fort que ces grosses primes étaient légales et que tous les anciens ministres des Finances faisaient comme lui. Entre-temps, Bensouda s'est improvisé procureur et enquêteur. Il a convoqué Abdelmajid Aluiz, l'a sermonné, puis l'a accompagné à son domicile (celui d'Aluiz), et lui a confisqué son ordinateur personnel. Ensuite, il a rédigé des faux rapports qu'il a adressés à des individus puissants du pouvoir, mettant en garde contre une «conspiration» qui cherche à divulguer des secrets d'Etat, ajoutant que ce qui a été publié n'est qu'un début et qu'il fallait s'attendre à des fuites d'informations plus importantes. Comme si la Trésorerie générale Marocaine était devenue soudain la CIA. Toutes ces manigances avaient un but: trainer devant les tribunaux des cadres de son administration, innocents et honnêtes, mais qu'il ne contrôle pas.
Le ministre Baraka, au lieu d'ouvrir une enquête interne au sujet de la légalité de ces primes, qui, en plus, provenaient de caisses noires, a préféré demander l'autorisation du Chef du Gouvernement pour poursuivre en justice le directeur adjoint, Abdelmajid Aluiz, ingénieur et diplômé de l'Ecole Nationale de l'Administration de Paris, et son ami Mohamed Rida, ancien trésorier régional de Casablanca, diplômé de l'Université Harvard aux USA. La charge est la divulgation du secret professionnel. Benkirane, qui n'arrête pas de parler de ses plans pour lutter contre la corruption, a donné son accord sans se soucier ni de la nouvelle constitution, qui donne aux citoyens le droit d'accéder à l'information, ni de son programme gouvernemental qui appelle à la transparence et à l'intégrité. Le dossier est ainsi bien arrivé au ministère de la Justice, et ensuite à la Police judiciaire qui s'est appuyé sur des appels téléphoniques entre Mohamed Rida et notre journal, pour l'accuser de complicité avec Abdelmajid Aluiz dans la fuite de documents « secrets ».
De la Brigade Nationale de la Police Judiciaire, le dossier est arrivé au tribunal. Aujourd'hui (18 janvier) la cour entame l'audition des plaidoiries de la défense, ainsi qu'au témoignage à décharge de Mohamed Achik, un ingénieur de l'Ecole des Mines de Paris, qui, dès qu'il a accepté de témoigner en faveur de son collègue Aluiz, a fait l'objet d'une mutation punitive de la part de Bensouda. D'autres fonctionnaires ont refusé d'accuser réception les demandes de comparution devant le tribunal, après avoir fait des déclarations contradictoires chez la police judiciaire.
Les documents ne sont pas secrets, et devaient être publiés au bulletin officiel. Les primes sont illégales et la police judiciaire devait interroger plutôt les deux bénéficiaires, Mezouar et Bensouda, comme l'avait ordonné le ministre de la Justice. Sauf que ses ordres ne sont pas toujours obéis.
Tout cela a provoqué un débat sans précédent au Parlement, et un début de consolation pour les trois ingénieurs intègres. En effet, lorsque le Ministère des Finances a présenté son projet de Loi de finance au Parlement, plusieurs parlementaires, dans la majorité et dans l'opposition, se sont intéressés au statut de ces obscurs comptes spéciaux et comptes de trésorerie, où sont puisées ces primes, alors et qui sont gérés clandestinement en dehors du budget général de l'Etat. Ces parlementaires ont ainsi exigé la réintégration de ces comptes au niveau des recettes et dépenses ordinaires du budget (les ressources proviennent entre autres des intérêts générés par les comptes de particuliers ouverts auprès de la Trésorerie générale, qui joue le rôle de banque). En un mot, ils ont demandé une gestion transparente de ces fonds.
Le ministre Istiqlalien des Finances, Baraka, a d'abord résisté aux propositions d'amendements du parlement. Devant l'insistance des députés, il a accepté d'ajouter l'article 18 bis, qui permettait un début de transparence en 2015. Le spectacle s'anime. Comme le camp des ripoux ne lâche jamais facilement, il a trouvé le moyen de glisser un document illégal dans la copie du projet de loi de finances qui a été distribué au sein de la deuxième chambre. Ce papier bâtard et anonyme mentionne une « erreur matérielle » dans la rédaction de l'article 18. En fait, « la correction de l'erreur » avait pour but de vider l'amendement de sa substance, mais ce coup de poker n'a pas réussi et le scandale éclata. Mal dans ses petits souliers, le ministre des Finances a été contraint de retirer le papier de l'« erreur matérielle », les fonds de la honte et les comptes spéciaux seront dénudés.
Merci aux trois ingénieurs, dont les noms et les sacrifices vont marquer la mémoire de la transparence. Quant à la presse, elle a encore devant elle un chemin parsemé d'épines et de difficultés, simplement parce qu'elle met à nu les faits, et montre à la société son vrai visage.


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