Une dette bancaire de 265 MDH et une multitude de litiges juridiques ont bloqué les différents projets. Nouvel objectif: 10 000 logements seront construits d'ici 2013 pour les ménages occupant le site de l'Avenue royale . La société est en train de se séparer d'une quarantaine d'employés sur un effectif de 78. Le projet de l'Avenue royale, qui devrait, avec celui de la corniche, compléter la transformation du Cenre-ville de la métropole, refait surface. La Société nationale de développement et d'aménagement communal (Sonadac), en charge du chantier, et dont l'essentiel du capital était détenu jusqu'en 2006 par la quarantaine de communes qui composaient le Grand Casablanca, vient de relancer les travaux, après avoir gelé leur exécution pendant quatre ans. Deux raisons principales étaient derrière ce blocage : des litiges juridiques avec différents partenaires et une importante dette contractée auprès de plusieurs établissements bancaires de la place. En décembre 2006 cependant, la société, dont l'activité principale, entamée en 1995, est d'assainir le foncier sur lequel sera tracé l'Avenue royale, artère qui devrait relier la place des Nations à la Mosquée Hassan II, a commencé à voir le bout du tunnel quand la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) a officiellement acquis 38% du capital. De même, un nouveau directeur, Abderrahim Lhassani en l'occurrence, est nommé. Ce cadre, qui a fait l'essentiel de sa carrière à la CDG, a vite fait d'annoncer la couleur des réformes à entreprendre. Il commence par s'attaquer à la situation financière de l'entreprise. En décembre 2006 donc, Sonadac comptait pas moins de 265 MDH de dettes sous formes d'arriérés de paiement de prêts accordés par deux banques et un établissement financier spécialisé : 140 millions au CIH, 50 millions à la BCP et 75 MDH au Fonds d'équipement communal (Fec). Cela sachant que pour aider au financement des projets déjà entre 1995 et 2003, la société a bénéficié de 480 MDH accordés par le Fonds Hassan II. Une plate-forme d'accord a été trouvée récemment avec le CIH pour réactualiser la dette Entre incapacité de rembourser et saisies répétitives diligentées par les créanciers, la Sonadac s'est vite retrouvée étouffée.«Nous nous trouvions donc devant une impasse. Nous avons ainsi entamé des négociations avec les deux banques» , explique Abderrahim Lhassani. Autre problème : ces prêts ont été contractés à des taux très élevés, soit 11,5%. Avec le CIH donc, une plate-forme d'accord a été trouvée tout récemment. La dette a en effet été contractée en 1998 et son remboursement devait s'étaler sur 24 mois. Dix années plus tard, les conditions de cette dette seront réactualisées. «La Sonadac sera bientôt totalement désengagée envers le CIH» , souligne son DG. Même si les parties sont soumises à des contraintes de gestion, à l'instar de toute entreprise normale, le fait qu'elles aient le même actionnaire principal a certainement facilité la gestion du différend. Pour ce qui est de la Banque populaire, les négociations sont en cours pour une révision rétroactive des taux. Ce dossier devrait en principe être réglé avant la fin du premier trimestre 2008. Le second problème qui a beaucoup perturbé la bonne marche des projets initiés par Sonadac porte sur différents litiges que cette dernière avait avec nombre de ses partenaires, prestataires de services, société de BTP, propriétaires fonciers… Tous ont trouvé une issue à l'amiable, à l'exception d'un seul, à propos duquel la Cour suprême devrait statuer dans les jours qui viennent. Une année donc après l'entrée de la CDG dans le capital de la société aménageuse de l'Avenue royale, la situation a pu être débloquée. Résultat : 1 700 logements, destinés aux foyers de la médina dont les propriétés laisseront place à l'Avenue royale, sont actuellement en cours d'achèvement, à différents stades. A terme, Sonadac compte construire près de 10 000 logements d'ici 2013. «Auparavant, tient à préciser un cadre de la société, aucune importance n'était accordée à l'établissement d'un calendrier de réalisation avec des délais précis». Réduction des charges de fonctionnement Sonadac vit donc une véritable révolution, en matière de gestion aussi bien des projets que des ressources humaines (elle compte 78 employés). Dans cette optique, un plan social a été annoncé au printemps 2007. Il vise 28 agents temporaires qui n'étaient pas affectés à des fonctions officielles. Ce sont en général des gardiens des différents chantiers et terrains. Mais leur présence n'a pas empêché sanitaires et boiseries d'être dérobées, tout au long des quatre années de cessation des travaux. «Nous voulons confier la sécurisation de nos sites à une société privée suivant un cahier des charges bien précis. Nous avons proposé aux 28 personnes partantes le paiement de la totalité de leurs indemnités ainsi qu'un redéploiement dans des sociétés privées», précise M. Lhassani. Les 28 agents concernés ont refusé catégoriquement, demandant en contrepartie de leur adhésion à ce plan social un engagement ferme de la direction leur permettant d'avoir un CDI, ce qui est loin d'être la pratique courante auprès des sociétés privées de gardiennage. Il faut signaler que ces agents ont en moyenne sept années d'ancienneté au sein de Sonadac. Leur cas a d'ailleurs été examiné par l'inspection du travail et une commission préfectorale. Toutes deux ont émis des réserves que la direction n'a pas prises en compte. Fin décembre, les concernés ont reçu leurs lettres de licenciement dans les conditions initialement proposées. Pour le reste du personnel, deux études, de compétences et organisationnelle, ont été menées. Les personnes dont le profil ne correspond pas aux besoins de la société ou du groupe CDG se sont vu proposer une solution de départ négocié. Une vingtaine d'employés sont dans ce cas. Le budget est estimé à 6 MDH. Les compétences non exploitées par Sonadac seront redéployées au sein des autres filiales du groupe. Quatre personnes ont d'ailleurs intéressé d'autres patrons. En définitive, la société ne devrait garder qu'une vingtaine de collaborateurs, tout en étant plus efficace que par le passé.