Les télécoms, les mines et l'immobilier offrent les marges les plus élevées de la cote : jusqu'à 56% du chiffre d'affaires en net. A 11,4%, la moyenne du marché est en baisse depuis deux ans suite à des bénéfices en retrait par rapport à une activité en hausse. Les sociétés cotées ont dégagé en 2011 des résultats en baisse après avoir enregistré une croissance bénéficiaire de 8,8% une année auparavant. En effet, les bénéfices de la place ont reculé de 0,8% par rapport à 2010, pour s'établir à 29,9 milliards de DH. Il faut dire que la conjoncture a été difficile pour plusieurs secteurs d'activité, notamment pour les télécoms, l'agroalimentaire, l'énergie et l'informatique en raison d'une concurrence plus rude, d'une flambée des matières premières agricoles et de la volatilité des cours pétroliers, élément défavorable pour les marges de raffinage. La baisse des résultats de la cote aurait pu être plus importante si certains secteurs n'avaient pas réalisé des performances exceptionnelles, à l'instar des compagnies minières dont le résultat net s'est amélioré de 57%, ou des banques dont les bénéfices ont progressé de 7%. Quoi qu'il en soit, ce recul de la capacité bénéficiaire s'est opéré parallèlement à une progression de l'activité des sociétés cotées. En effet, le chiffre d'affaires agrégé de la place a atteint 268 milliards de DH, en progression de 10% par rapport à 2010. Cette hausse est induite essentiellement par le raffineur Samir dont le volume d'activité a été dopé par la flambée des cours pétroliers ainsi que par le secteur immobilier qui a profité de la relance du logement social. Dans ce contexte, la marge nette des sociétés cotées a accusé une perte de 1,2 point pour s'établir à 11,4%. Pour rappel, elle avait perdu 0,3 point en 2010, à 12,8%. Cela dit, malgré cette détérioration, plusieurs sociétés continuent de dégager des marges très confortables. CMT dégage la marge nette la plus élevée de la cote : 56% Par secteur d'activité, les télécoms, avec Maroc Telecom comme seule valeur cotée, affichent la marge nette la plus élevée. Quoiqu'en chute continue ces dernières années, en raison de la forte baisse des tarifs induite par une concurrence acharnée sur le mobile, elle culmine toujours à plus de 26%, avec un bénéfice net de l'ordre de 8 milliards de DH. Cela dit, en 2010, elle se situait à près de 30%. La deuxième place revient au secteur minier qui a détrôné en 2011 celui de l'immobilier. Les trois sociétés du secteur ont réalisé une marge moyenne en hausse de 7,5 points, à 24,8%. Elles ont tiré profit de l'envolée des cours des métaux, notamment celui de l'argent. A ce titre, la Compagnie minière de Touissit a affiché en 2011 la marge la plus élevée de toute la cote, à 56% contre 51% une année auparavant. La Société métallurgique d'Imiter, filiale de Managem, a récupéré 43,7% de son chiffre d'affaires en bénéfice net. Notons que la société a été pénalisée par l'arrêt de l'approvisionnement en eaux industrielles depuis septembre 2011. Si cet évènement n'avait pas causé un ralentissement de la production durant le deuxième semestre, SMI aurait réalisé une marge encore plus confortable. Quant à Managem, le poids des investissements lancés ces dernières années au Maroc et en Afrique a pesé sur sa rentabilité. Sa marge nette se situe «à peine» à 13,7%, loin derrière ses consœurs, mais elle est toutefois en amélioration de 6 points par rapport à 2010. Avec une marge nette moyenne de 18,7%, les sociétés immobilières emboîtent le pas aux compagnies minières. Bien qu'en baisse de 2,7 points par rapport à 2010, la marge du secteur reste confortable malgré l'importance des projets mis en chantier après la relance du logement social en 2010. Il faut dire que le cadre fiscal incitatif dans ce segment assure aux promoteurs des marges de 20% au moins, sachant que dans le moyen et le haut standing, celles-ci dépassent ce niveau. Une marge nette de 19% pour Addoha et Alliances En excluant Balima de la base de comparaison, du fait de la nature de son activité (gestion locative de biens immobiliers), la marge nette d'Addoha, en recul de 4,5 points, s'est alignée sur celle d'Alliances qui, elle, a augmenté de 3 points, à 19%. Notons toutefois qu'Addoha a subi une perte non-récurrente de 280 MDH relative à sa filiale en charge de l'aménagement de la station de Saïdia. Quant à la CGI, elle dégage la marge la moins élevée du secteur. A 14%, elle est en baisse de 3,4 points par rapport à 2010. Ce recul s'explique par la baisse des réalisations de la filiale Immolog. Le secteur du bâtiment et matériaux de construction vient en quatrième position avec une marge nette de 16,4%, en baisse de 1,3% par rapport à 2010. Un analyste de la place explique cette baisse par «l'arrivée d'un nouvel intrant parmi les cimentiers, à savoir Ciments de l'Atlas, qui a perturbé le marché à travers une baisse des prix de vente, ce qui a tiré les marges du secteur vers le bas». Cette baisse s'est opérée malgré la progression de la consommation du ciment de 10,7%. Avec 29,8%, Lafarge con-serve la marge la plus élevée du secteur, suivie de Ciments du Maroc avec 24,5% et Holcim avec 16,5%. La différence entre les marges de ces sociétés ne s'explique pas par le niveau d'activité, le chiffre d'affaires des trois sociétés avoisinant les 4 milliards de DH, mais plutôt par la maturité de chaque cimenterie. «Si Lafarge Ciments n'investit plus comme il y a quelques années, ce qui a permis d'alléger son endettement et, du coup, ses charges financières, Holcim est une société qui est toujours en phase de lourds investissements, ce qui ne manque pas de peser sur sa rentabilité», explique notre analyste. BMCI, la plus rentable des valeurs bancaires Avec une marge moyenne de 13,7%, le secteur bancaire a maintenu sa rentabilité au même niveau qu'en 2010 et se situe ainsi à la cinquième place des secteurs les plus rentables de la cote. Il a bénéficié des bonnes prestations commerciales et opérationnelles de la BMCI qui affiche le taux de marge le plus élevé (19%), ainsi que du redressement du CIH qui dégage désormais près de 17% de son chiffre d'affaires en marge. Attijariwafa bank a également contribué au maintien de la marge du secteur, avec une rentabilité située à 16,6%.Toutefois, BMCE Bank tire à la baisse la moyenne sectorielle, avec une marge nette de 6,6% seulement. L'agroalimentaire plombé par les tensions sociales Les compagnies d'assurance affichent, elles, une marge nette moyenne de 13,2%. Elle est tirée par Wafa assurance (15,3%) qui profite d'un large réseau de distribution que lui confèrent ses propres agences d'un côté et le réseau de la maison mère Attijariwafa, de l'autre, ainsi que d'une politique de placements financiers efficace. Quant à Cnia Saâda, elle dégage une marge de 11,6%, loin devant Atlanta qui, plombée par les contre-performances de son portefeuille de placement, affiche une marge de 6,3% seulement. Vient ensuite le secteur agroalimentaire qui enregistre une marge nette de 7,5%, en retrait de 1,4 point. En cause, explique un analyste, «la non-répercussion de la flambée des cours des matières premières, notamment agricoles comme le lait, l'huile brute et le sucre, sur le consommateur final en raison des tensions sociales qui ont plané tout au long de l'année dernière». Le taux de marge le plus élevé du secteur est enregistré par Brasseries du Maroc (15%), suivi de Branoma avec 11,3% et Cosumar avec 10,3%. Bref, malgré une baisse globale de la rentabilité au niveau de la cote, certaines sociétés ou secteurs entiers continuent de dégager des marges très confortables. Seulement, les business qui rapportent ont souvent un ticket d'entrée qui coûte cher. En effet, les secteurs qui dégagent les marges les plus importantes de la place, comme les télécoms, les mines, l'immobilier et le ciment sont ceux dont le coût d'investissement constitue la première barrière à l'entrée. Si Maroc Telecom investit environ 4 milliards de dirhams chaque année dans les réseaux, aussi bien au niveau national qu'international, les cimenteries, elles, s'engagent à investir 9,5 milliards de DH sur les prochaines années pour, entre autres, étendre leur capacité de production en vue de satisfaire la demande nationale. Ceci sachant que pour disposer d'une capacité de production supplémentaire d'une tonne, un cimentier doit investir 1 150 DH au minimum. Ce qui revient, pour la construction d'une cimenterie de 2 millions de tonnes de capacité, à miser au moins 2,3 milliards de DH. Les minières consacrent également un budget considérable dans la recherche, la mise en évidence des réserves et le développement de leurs projets. Managem, par exemple, a misé 1,5 milliard de DH en 2011 en termes d'investissements, en recourant en partie à une augmentation de capital, et sa filiale SMI a alloué à son budget d'investissement une enveloppe de 350 MDH. Quant au secteur immobilier, il requiert également des investissements de taille. Alliances, par exemple, a engagé 2 milliards de DH pour la construction de 4 hôtels à livrer en 2012. Par ailleurs, les investissements sur lesquels s'engagent ces entreprises s'étalent sur de longues durées et nécessitent de ce fait la mobilisation à long terme des fonds propres, et donc un engagement fort des actionnaires, ou alors des emprunts bancaires ou obligataires colossaux qui génèrent des frais financiers importants.