Les usines ont été mieux servies en matière première suite à la hausse des captures. Les industriels soulignent que l'activité reste moins dynamique qu'en 2010 considérée comme une année normale. Ils sont optimistes pour les trois derniers mois de l'année. Après une année 2011 difficile, l'industrie de la conserve de poisson montre des signes de redressement. D'après les dernières statistiques de l'Union nationale des industries de la conserve de poisson (Unicop), la part de poissons pélagiques destinés à la conserve s'est accrue de 49,8% à fin septembre 2012 par rapport à la même période de 2011, à 107 886 tonnes. Les exportations de sardines et de thon ont progressé de 60% et 42,9%, à 2 milliards de DH et 37 millions de DH. Pour le thon, la situation était catastrophique entre 2010 et 2011, au point que plusieurs unités ont arrêté leurs lignes de production. En plus de ces deux espèces, l'association signale le bon comportement de l'anchois et du maquereau dont les exportations ont progressé de 64,5% et de 80% en 2012 par rapport à 2011. Seulement, les professionnels estiment que l'exercice 2011 au terme duquel le secteur avait connu un recul de 50% n'est pas une référence. Pour eux, il est plus judicieux de procéder à un rapprochement avec les chiffres de 2010 qu'ils considèrent comme une année normale. Durant la période considérée, la conserve avait absorbé 182 783 tonnes contre 107 886 tonnes pour l'année en cours, soit une baisse de 28,2%. Et pour conforter son constat, l'Unicop souligne que les débarquements de pélagiques de la pêche côtière et artisanale ont certes augmenté de 40%, à 699 508 tonnes, mais ils sont en recul de 3,1% en comparaison avec les neuf premiers mois de 2010. L'amélioration des captures s'explique, selon les industriels, par les conditions climatiques favorables. Après le réchauffement des eaux qui a marqué les trois dernières années et qui a causé l'éloignement des poissons pélagiques, spécifiquement les sardines qui vivent dans une eau de 17 ou 18°, on entre dans un cycle de refroidissement des températures qui devrait durer trois années et favoriser donc le retour des poissons au large. Pour la sardine, qui représente près de 80% de la production de conserve de poisson, les professionnels mettent plutôt en évidence le recul de 19,7% par rapport à 2010. En outre, l'Unicop relève que le marché de bouche a absorbé, durant les neuf premiers mois de 2012, 323 269 tonnes contre 244 783 tonnes pour la même période de 2011. Ce qui représente une hausse de 32% par rapport à 2011. La sardina pilchardus Walbaum, un atout pour le Maroc Le marché de bouche est alimenté par les différents ports du pays. Ainsi, les prises enregistrées dans les ports de Tanger et Larache sont commercialisées dans le Nord. Les sardines de Casablanca, Mohammédia et Kénitra sont plutôt destinées aux marchés de Meknès et Fès, tandis que les débarquements d'Agadir sont destinés à Marrakech et Béni-Mellal. D'où de la matière première en moins pour l'industrie de la conserve, essentiellement approvisionnée par les prises effectuées dans les ports de Dakhla et Laâyoune. Malgré tout, les professionnels restent optimistes quant à l'évolution du secteur pour les trois derniers mois de l'année. Pour le moyen et long terme, l'Unicop explique que la conserve de poisson a plusieurs atouts indéniables, en particulier la disponibilité de la sardina pilchardus Walbaum mondialement réputée pour ses qualités nutritionnelles et dont les autres pays concurrents (Chili, Pérou, Thaïlande et Malaisie) ne disposent pas. Cependant, les organisations non gouvernementales et autres mouvements écologiques militant pour la pêche durable responsable et la préservation de la ressource veillent au grain. D'où l'exigence des distributeurs étrangers d'une éco labellisation, notamment la Marine Stewardship Council. C'est pourquoi les conserveurs marocains ne cessent de relancer les pouvoirs publics pour faire aboutir la certification des pêcheries des petits pélagiques. Cette revendication fait partie des axes de la stratégie Halieutis. Une pré-évaluation a déjà été réalisée par un cabinet privé agréé par l'organisme MSC basé à Londres. Les autorités sont aussi attendues sur la mise à niveau des infrastructures (ports de pêche) et de la flotte industrielle. Ce qui permettra au secteur qui tourne actuellement à environ 50% de sa capacité de production de s'améliorer et de gagner en compétitivité face à la concurrence.