Lors de sa sortie médiatique à l'occasion des quatre années de son mandat, le Chef du gouvernement répond au débat politique actuellement en cours. Préparatifs des élections, « gouvernement du Mondial », rapports avec l'opposition... Les détails. Suivez La Vie éco sur Telegram Quatre années jour pour jour, à une année de la fin du mandat gouvernemental... C'est le moment choisi par le Chef du gouvernement pour faire le point. Sa sortie, la soirée du mercredi 10 septembre simultanément sur les deux chaînes publiques 2M et Al Oula, a été un exercice fort enrichissant. D'abord dans le déroulé des réalisations. Aziz Akhannouch n'a manqué ni d'arguments ni de chiffres pour les exposer. Surtout dans les secteurs sociaux dans lesquels son équipe s'est fortement engagée. Mais la rencontre ne s'est pas limitée à ce côté «technique». Le Chef du gouvernement a pris de la hauteur pour exposer sa vision, ses idées et ses convictions, mais aussi ses ambitions, en tant que chef de parti et chef de file de la majorité. Homme d'action et travailleur de nature et peu loquace, il est connu pour avoir choisi, durant ces quatre dernières années, de s'exprimer à travers ses réalisations. Mais aujourd'hui, avec un débat animé de la scène politique sur le «gouvernement du Mondial», les préparatifs des élections, l'«hégémonie» de la majorité, l'«impasse» du dialogue social»...., il a choisi de recadrer ces thématiques à fort potentiel en «buzz», en apportant certaines précisions de manière à ramener le débat à sa véritable dimension. Des chantiers pour les Marocains «Gouvernement du Mondial», vous dites ? Akhannouch explique qu'il ne faut pas brûler les étapes : «Il y a un temps pour achever les programmes dans lesquels le pays est engagé, il y a un temps pour faire le bilan et en expliquer le contenu aux citoyens et relever aussi bien les réalisations que les manques. Il y a aussi un temps pour les préparatifs aux élections et la complétion électorale. Quand le temps viendra, il y aura des élections, et ce n'est qu'après les résultats que l'on pourra parler du futur gouvernement». Cela dit, poursuit Akhannouch, le RNI, qu'il préside, comme tous les partis d'ailleurs, «a l'ambition de remporter les prochaines élections». Après, la personne qui sera en charge de conduire le futur gouvernement, «c'est une question tranchée par la Constitution, le choix en revient à SM le Roi». Cela étant clarifié, Akhannouch, rejetant ce terme galvaudé, préfère parler du «gouvernement de développement» duquel le RNI souhaite bien faire partie. Encore une fois, a souligné le Chef du gouvernement, le Mondial «n'est qu'un point dans l'agenda sur lequel on travaille aujourd'hui». Certes, «nous construisons des stades, dont certains sont une fierté, pour le Mondial de 2030. En revanche, les projets des CHU, de dessalement, des écoles, des autoroutes..., tous ces grands chantiers, le gouvernement ne les a pas lancés pour le Mondial, mais pour les Marocains et pour le futur de notre pays». Les élections et l'Intérieur Ceci étant précisé, Akhannouch est également revenu, dès le début de cette rencontre médiatique, sur une autre polémique largement amplifiée par les réseaux sociaux : les préparatifs des prochaines échéances électorales. «Pourquoi c'est le ministère de l'Intérieur qui a été chargé du chantier de l'élaboration de nouveaux textes électoraux ?». La réponse de Akhannouch se résume à un seul mot : «la neutralité». L'expérience l'a montré, ce département est le plus à même d'observer la même distance avec toutes les formations politiques. D'ailleurs, confie-t-il, «lors des préparatifs des élections de 2021, qui étaient chapeautés alors par le chef du gouvernement, Saad Eddine El Otmani, nous, en tant que chefs de partis, avons tenu une seule réunion avec lui. Les points de vue étaient si divergents que la rencontre n'a abouti à rien de concluant. Après, El Otmani nous a orientés vers le ministère de l'Intérieur, et c'est à partir de ce moment que les choses ont pu avancer rapidement et de manière efficace. De toutes les manières, l'on ne peut pas gérer ce genre de situation tout en étant arbitre et partie. C'est pour cela que, sincèrement, je suis content que la mission soit confiée au ministère de l'Intérieur». Sans doute pour ne pas tomber dans cette situation, cette année le Souverain a chargé le ministère de l'Intérieur de cette mission. En tout cas, et c'est une évidence que l'opposition a tendance à oublier, le ministre de l'Intérieur est membre du gouvernement dont le travail s'inscrit dans le cadre de l'action gouvernementale. Soit, on pourrait comprendre que le ministère de l'Intérieur se charge du côté logistique et opérationnel des élections, mais qu'en est-il de l'aspect politique ? Comment se fait-il que le ministre de l'Intérieur soit amené à présider des réunions auxquelles participe, en tant que chef de parti, le Chef du gouvernement ? «La question n'est pas posée, le RNI dispose d'assez de cadres qualifiés pour éviter ce genre de situation». Et encore une fois, le ministre de l'Intérieur fait partie d'un gouvernement et exécute la politique gouvernementale, tout en gardant sa neutralité vis-vis de tous les partis politiques. L'on ne viendra pas, non plus, accuser le gouvernement d'avoir élaboré des lois électorales sur mesure. De ce fait, insiste le Chef du gouvernement, «à mon avis, c'est cette méthode qui devrait être adoptée dans le futur». Opposition et majorité Autre sous-entendu répandu par l'opposition, des membres du gouvernement sont-ils en campagne électorale avant-terme ? C'est d'ailleurs l'accusation toute prête qui est sortie dès qu'un ministre met les pieds en dehors de Rabat. Là il faut faire une distinction entre une action dans le cadre de l'agenda gouvernemental, ce qui est souvent le cas, et une «sortie politique». Il faut aussi se rendre à l'évidence que les partis de la majorité sont aujourd'hui partout, au gouvernement, dans les régions, dans les villes et dans les communes. Ce n'est pas qu'à chaque fois qu'un responsable sort de son bureau qu'on pourra crier à une «campagne électorale avant terme». Cette présence, ou majorité numérique, que l'opposition qualifie d'ailleurs d'«hégémonie» semble déranger. «Ce sont les électeurs qui en ont décidé ainsi. Ils ont donné leurs voix à trois partis pour appliquer leur programme et qu'ils puissent mener cette mission avec une majorité confortable. Les électeurs nous ont donné la majorité au Parlement, dans les régions, dans les villes et les communes, c'est la démocratie. C'est aussi grâce à cela que beaucoup de projets de développement ont pu être menés rapidement et avec efficacité durant les quatre dernières années». C'est aussi à cette majorité numérique, à la cohésion et à la solidarité entre ses membres que le pays a pu sortir plus tôt de la crise économique post-Covid. Bref, «le citoyen en a décidé ainsi, il faut respecter son choix». De plus, ce gouvernement est sans doute celui qui interagit le plus avec les partis de l'opposition. «Nous retenons les propositions des partis de l'opposition à chaque fois que nous les trouvons pertinentes. Nous sommes d'ailleurs le gouvernement qui a interagi positivement avec le plus grand nombre de propositions de loi présentées par l'opposition au Parlement», affirme Akhannouch. N'empêche, ces derniers y trouveront sans doute à redire. Du moins certains d'entre eux, pour les besoins du buzz. En somme, s'il y a des messages à retenir de cette sortie médiatique, c'est que le gouvernement a encore une année devant lui avant la fin de son mandat. Ensuite, en tant que Chef de gouvernement et président du RNI, Akhannouch ne voit aucun inconvénient à ce que ses alliés s'adressent à leurs militants et leur envoient des messages politiques. De même, et on l'a vu pendant 1 heure et 16 min que cette rencontre a duré, il n'y a eu aucun problème à répondre à toutes les questions, même les plus embarrassantes. Le Chef du gouvernement n'a pas non plus de problème à interagir avec une opposition responsable, qu'il soutient même. Il répond favorablement à ses propositions à chaque fois qu'elles se révèlent constructives. Autre message, le Chef du gouvernement a entièrement confiance en son ministre de l'Intérieur pour la gestion des prochaines législatives. Lesquelles échéances, et c'est un autre message, ne constituent pas, pour lui, une priorité pour le moment.