Leïla Benali a rappelé au Brésil que le Maroc avait soumis sa CDN 3.0 bien avant la conférence, portant son ambition climatique à 53 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2035, dont 22 % à titre inconditionnel. Suivez La Vie éco sur Telegram La ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leïla Benali, a appelé, vendredi à Belém, au cœur de l'Amazonie brésilienne, à un nouveau pacte de confiance pour relancer la dynamique multilatérale autour de l'action climatique, en présentant la nouvelle méthodologie du Maroc dans sa Contribution déterminée au niveau national (CDN 3.0). Intervenant lors d'une session de haut niveau sous le thème « Dix ans de l'Accord de Paris : Contributions déterminées au niveau national et financement climatique », organisée dans le cadre du Sommet des dirigeants sur le climat en prélude à la COP30, Mme Benali a rappelé que le Maroc avait soumis sa CDN 3.0 bien avant la conférence, portant son ambition climatique à 53 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2035, dont 22 % à titre inconditionnel. « Cette nouvelle CDN est assurément plus ambitieuse, mais, plus encore, elle apporte deux contributions méthodologiques novatrices au processus des CDN : elle démontre que l'efficacité économique, la rentabilité financière et les bénéfices environnementaux et sociaux de l'action climatique ne sont ni exclusifs ni contradictoires », a-t-elle souligné. Détaillant ces deux innovations, la ministre a expliqué que la première consiste en l'utilisation d'indicateurs de coût d'atténuation (en dollars par tonne de CO2e réduite) par secteur, prenant en compte les rendements réels sur investissement. Sur le plan politique, cet outil constitue un levier puissant pour accélérer l'ambition collective, notamment dans les secteurs les plus émetteurs comme l'énergie, les métaux ou le transport maritime. La seconde innovation réside, selon elle, dans la mise en relation directe des flux financiers avec des projets d'adaptation territoriaux, en s'appuyant sur les efforts d'atténuation réalisés, notamment dans les transitions énergétique, minière et industrielle du pays. Si le cadre de la CDN du Maroc était amplifié par d'autres pays, il pourrait constituer une contribution précieuse au deuxième Bilan mondial (Global Stocktake) en 2028 et orienter l'action collective face à l'urgence climatique, a-t-elle observé. La ministre a, par ailleurs, souligné que la COP30 doit démontrer que le véritable multilatéralisme ne se construit pas sur des négociations interminables, mais « parfois sur la responsabilité partagée, souvent la solidarité et toujours sur la préservation de la paix et de la sécurité internationales ». Pour que la COP Climat demeure pertinente, selon Mme Benali, le Maroc identifie deux priorités essentielles dans le paquet de résultats nécessaires à la restauration de la confiance : accroître le financement climatique à travers une feuille de route opérationnelle de Bakou à Belém, et mettre en œuvre des CDN innovantes qui relient l'action climatique à des projets concrets et mesurables sur le terrain, sauvant des vies, éradiquant la pauvreté et la faim, protégeant les plus vulnérables et comblant les écarts de mise en œuvre. « C'est la seule voie pour rendre opérationnel l'objectif mondial d'adaptation, car à ce stade, la mise en œuvre et la confiance sont nos seuls véritables tests », a-t-elle insisté, déplorant que « la majeure partie des 100 milliards de dollars promis ait pris la forme de prêts non concessionnels, aggravant les crises de la dette et sapant la confiance ». Réaffirmant l'engagement du Royaume à renforcer sa résilience, Mme Benali a invité les pays à faire preuve du même sens de justice et de détermination et à s'inspirer des innovations marocaines. « Seules des actions tangibles et ambitieuses permettront de restaurer la confiance dans le multilatéralisme et de préserver la possibilité d'atteindre les objectifs climatiques convenus au niveau international... car, dans ma région du monde, le seuil de 1,5°C n'est plus une simple alerte : il a déjà été dépassé depuis des années », a-t-elle conclu.