La performance du MASI est ramenée à 3% contre 9,4% au début du mois de mars. Les réalisations du secteur immobilier et de la Samir ont tiré l'indice vers le bas. La Bourse de Casablanca a renoué avec la baisse depuis début mars. La performance du MASI atteint actuellement 3,2% alors qu'un mois plus tôt elle pointait à 9,4%. Même les transactions sur le marché central ont connu un ralentissement. Le volume moyen quotidien échangé à partir du mois de mars s'est établi à 106 MDH, en baisse de 18% par rapport aux deux premiers mois de l'année. Ce renversement de tendance a coïncidé avec la période de publication des résultats annuels des sociétés cotées. Le marché serait-il en train de sombrer de nouveau dans la déprime ? Oui, affirment certains analystes contactés. Et pour cause, les résultats publiés au titre de l'exercice 2014 sont pour le moins décevants. Rappelons que les bénéfices des sociétés cotées ont chuté de 12,8%, à 22,6 milliards de DH, un niveau qui n'était pas anticipé par la communauté financière. Il est vrai que ces réalisations sont plombées essentiellement par les déficits de la Samir et du promoteur immobilier Alliances. Mais c'est toute la place qui a plongé, emportant avec elle le secteur immobilier, celui des matériaux de construction et le secteur bancaire, sachant que ces 3 secteurs pèsent pour beaucoup dans l'indice général du marché. Les cours des trois compagnies immobilières cotées (hors CGI) ont chuté de 20% pour Addoha, 60% pour Alliances et 12% pour Résidences Dar Saada. Il faut dire que, hormis Résidences Dar Saada, les réalisations du secteur sont très peu encourageantes et n'incitent pas à s'y positionner. Elles sont marquées par un net ralentissement des ventes pour Addoha, suite à l'adoption du plan génération cash visant à monétariser son bilan, et par les difficultés du pôle Construction d'Alliances. L'onde de choc n'a pas épargné les cimenteries cotées, déjà mises à mal par la baisse continue de la consommation de ciment. «Les industries du ciment devraient voir leurs perspectives de croissance se réduire suite à la nouvelle stratégie des promoteurs immobiliers», ajoute un analyste. Du coup, les performances en bourse de Cimar, Holcim et Lafarge sont passées respectivement de 24%, 28% et 20% à 7%, 16% et 10%. Pour sa part, le secteur bancaire n'a pas profité dans sa globalité de l'amélioration du contexte économique. En dehors des grandes banques qui bénéficient d'une assise financière solide, qui sont présentes en force en Afrique et qui font preuve d'une agressivité commerciale sur le marché local, les autres établissements cotés ont été affectés par la poursuite de l'aggravation du coût du risque. C'est le cas particulièrement de BMCI et de Crédit du Maroc. De plus, l'impact de la baisse du taux directeur sur l'activité des banques et l'amélioration de leur résultat sur les opérations de marché suite à la chute des taux des bons du Trésor ont été déjà intégrés dans les cours par les investisseurs. Du coup, après l'annonce des résultats 2014, les valeurs bancaires ont toutes emprunté une tendance baissière. Attijariwafa bank qui affichait une performance de 11% est descendue à 4%, BMCE Bank qui en était à 9% a annulé tous ses gains et la BCP qui cumulait une progression de 9,7% a ramené sa performance à 1,7%. Crédit du Maroc et BMCI affichent carrément des baisses respectivement de 10% et 8%. Cela dit, le directeur de la cellule analyse et recherche d'une société de bourse assure que ce renversement de tendance était prévisible car, au-delà du niveau de variation de la masse bénéficiaire de la cote, les investisseurs institutionnels revoient toujours leur stratégie de placement en fonction des réalisations et des perspectives de chaque société. Ce qui engendre mécaniquement une hausse des cours des valeurs les plus prometteuses et une contraction du cours de celles en mauvaise santé. Néanmoins, «il n'y a pas matière à s'alarmer, assure notre directeur. Le Masi devrait renouer avec la croissance rapidement, car les perspectives pour 2015 restent encourageantes, à commencer par une prévision de croissance économique de 4,4% qui serait tirée par ses deux composantes agricole et non agricole». De plus, certaines entreprises industrielles devraient continuer à profiter de la baisse du coût de l'énergie en vue de réduire leurs charges d'exploitation et augmenter leur production. Pour sa part, la Samir ne peut que récupérer après son déficit de 2014 vu que les cours pétroliers s'éloignent actuellement de leur niveau du second semestre 2014. Ceci devrait se traduire, toutes choses étant égales par ailleurs, par une amélioration du résultat agrégé des sociétés cotées et, partant, par une reprise des cours en bourse.