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Emploi, les «patrons» mettent la main à la pâte
Publié dans Les ECO le 29 - 07 - 2013

L'Afrique peine encore à saisir le contenu «emplois» d'une décennie de croissance. Le taux de chômage est encore relativement élevé dans les différents pays. Les employeurs africains créent une task-force sur l'emploi et s'invitent au débat.
«La récente croissance de l'Afrique, tirée par les produits de base, a une faible intensité d'emplois». Cette conclusion a déjà été tirée par la Commission économique pour l'Afrique des Nations Unis (CEA-UN) dans son dernier rapport économique sur le continent, et a été réitérée lors de la dernière rencontre de l'Organisation internationale des employeurs à Genève, un réseau du secteur privé mondial représentant les intérêts des employeurs dans les questions sociales et syndicales au niveau international. Les patrons font même mieux: ils créent, dans la foulée, le premier task-force panafricain du secteur privé dédié à l'emploi et à l'employabilité en Afrique, sur initiative du Maroc qui hérite d'ailleurs de sa présidence. À terme, le Groupe de travail africain sur l'emploi et l'employabilité (GTA-E&E) devrait disposer d'une véritable stratégie. C'est la première fois en tout cas que le privé décide de s'impliquer autant et à cette échelle dans la réflexion globale du relèvement de la capacité de l'économie africaine à créer des emplois. Il faut dire que le constat est déconcertant: après une décennie de croissance soutenue, une exception, presque, dans le monde, l'Afrique ne parvient toujours pas réellement à saisir le potentiel «emploi» de sa dynamique économique. «Le continent continue à pâtir d'un taux de chômage élevé, particulièrement des jeunes et des femmes, et il existe très peu d'opportunités pour absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail», indique les experts de la CEA.
Diagnostic
En région subsaharienne, en dépit de la dynamique de croissance observée en 2012, les niveaux de chômage sont restés stables à près de 7,5%, selon les dernières tendances du marché du travail livrées par l'Organisation mondiale du travail (OIT). Au Maghreb, la situation n'est guère plus enthousiasmante: le chômage a grimpé à 10,3% en 2012, et figure parmi les taux les plus élevés toutes régions confondues, selon la même source. Si cette dernière région se relève tout juste d'un Printemps arabe qui a eu impact considérable sur son économie, que le chômage a d'ailleurs contribué à provoquer, le déficit en création d'emplois du continent est lié à des facteurs plus structurels que conjoncturels. Par ailleurs, selon la CEA, «plus de 70% des Africains gagnent leur vie en exerçant un emploi précaire, du fait de la forte dépendance des économies à la production et à l'exportation de produits primaires». Cela est du au fait que les principales opportunités d'investissements opérées dans l'économie africaine sont généralement concentrées dans les secteurs des industries extractives. En 2012, l'Afrique comptait plus d'un milliard d'habitants, et disposait d'une main-d'œuvre évaluée à 419 millions de dollars, avec un taux de participation de 65,5% de la population en âge de travailler du continent, soit 1,4% de plus que la moyenne mondiale. En Afrique du Nord, «le taux de participation était faible avec 49,1 %, principalement en raison de toute une série d'impératifs économiques, sociaux et culturels», explique les experts de la CEA.
Solutions ?
Face à cette situation qui pèse sur l'avenir du plus jeune continent du monde, les organismes panafricains comme la BIT, CEA, la Banque africaine de développement et la Commission de l'Union africaine préconisent la «diversification». Les institutions sont convaincues du fait que les économies du continent devraient varier leurs forces pour limiter leurs faiblesses. «Une diversification plus grande, consistant à se dégager de la production de produits de base est nécessaire, tout comme la création d'une plus grande valeur ajoutée dans les secteurs des produits de base», explique-t-on dans le dernier rapport de la CEA sur l'état des économies africaines. D'autres misent également sur la réalisation de «politiques économiques et sociales pro-emploi et sur le développement du secteur privé afin de créer des emplois productifs et décents, tout en réduisant la pauvreté».
Jamal Belahrach
Président du GTA-E&E de l'OIE. Président de la Commission emploi à la CGEM.
«Nous devons trouver une meilleure politique de l'emploi»
Les ECO : Sur quels leviers devraient s'appuyer la future stratégie du GTA-E&E ?
Jamal Belahrach : Je pense qu'aujourd'hui le continent est vu comme un vrai relais de croissance, aussi bien économique que démographique. Cette dynamique est de l'ordre de 5% en moyenne mais ne crée pas d'emplois. Pourquoi ? Parce que la structure économique de la plupart des pays du continent est généralement fondée sur des secteurs d'activités à faible potentiel en termes de création d'emplois, encore moins d'emplois qualifiés. Notre objectif aujourd'hui est de trouver la meilleure stratégie qu'il faudrait aux économies africaines pour favoriser davantage cette création d'emplois, en fonction des potentiels et des spécificités socioéconomiques de chacune d'elles. L'un des premiers points porte sur l'accompagnement des différents pays du continent dans la mise en place de stratégies sectorielles. Il s'agit là de se donner une certaine visibilité qui permettra aux protagonistes publics et privés de définir les besoins en compétences et en emplois. À partir de là, il sera ensuite pertinent de mettre en place un vrai «Plan Marshall» pour l'emploi dans l'ensemble des pays du continent. Ensuite, il sera nécessaire de se pencher sur l'auto-entrepreneuriat des jeunes, et tout ce qui devrait promouvoir et faciliter les mécanismes de création d'entreprises chez cette frange de la population africaine.
Le «vrai» Plan Marshall avait été lancé pour reconstruire les ruines de l'économie européenne. Le secteur de l'emploi, en Afrique, est-il dans un état comparable ?
Nous savons que l'Afrique est aujourd'hui un continent en devenir, très jeune. Nous avons plus de 200 millions d'individus âgés de 15 à 29 ans. C'est une population qui va doubler à un rythme très rapide. Cela veut dire que si on ne trouve pas de travail à ces jeunes, nous nous exposons à beaucoup de risques d'ordre socioéconomiques. Le secteur privé, qui lui, a besoin de la croissance de ses activités, devra nécessairement faire appel à des ressources, en l'occurrence humaines. Nous avons donc intérêt à nous intéresser aux problématiques de l'emploi. C'est ce que nous cherchons à manifester en proposant cette initiative auprès de l'Organisation internationale des employeurs. Je me dis simplement que, si le privé ne montre pas la voie à prendre et aide ces jeunes à s'auto-prendre en main, nous allons tout droit vers des catastrophes sociales.
En Afrique, il est constaté que la croissance économique actuelle, même très solide, ne parvient toujours pas à satisfaire en termes d'emplois. Comment expliquez-vous ce contraste ?
Il faut dire les choses comme elles sont : L'Afrique s'est plombée toute seule en matière d'emplois. Elle a toujours tout misé sur l'étatisme. Nos jeunes ont pendant longtemps développé une culture de fonctionnaire, d'intégration de l'administration et d'assistance. Aujourd'hui, nous avons besoin d'une véritable rupture intellectuelle et culturelle. Nous avons besoin d'une Afrique entreprenante. Cela se fera à travers l'éducation et la formation, des secteurs dans lesquels les pays africains n'investissent pas assez aujourd'hui malheureusement.
L'inadéquation entre formation et besoins des entreprises est un facteur souvent brandi pour expliquer le sous-emploi sur le continent. Qu'en pensez-vous ?
Absolument. Si le continent enregistre un taux aussi important de sous-emplois, cela veut tout simplement dire que les nouveaux arrivés sur le marché ne sont pas assez outillés pour répondre aux besoins des investisseurs. C'est pour cela que j'ai préconisé, à travers cette initiative, d'établir d'abord un véritable diagnostic de la situation, pour ensuite définir une feuille de route. Celle-ci devra évidemment prendre en compte les spécificités de chaque pays. Il est en effet hors de question de transposer des solutions européennes pour régler des problèmes africains. L'adaptation des politiques à nos réalités propres sera nécessaire. Il s'agira donc de mettre en place une méthodologie qui permettra à chaque pays africain de s'enrichir de l'expérience de l'autre sur la question de l'emploi. Cette task-force permettra aussi d'assurer un suivi de la vision que nous partageons sur cette problématique. La prochaine rencontre à Casablanca en novembre servira à rassembler toutes ces politiques. Nous savons que le secteur privé a une responsabilité devant l'histoire et devant la société. Nous devons assumer ce rôle et penser à investir dans les ressources humaines qui feront notre propre croissance. C'est un cercle très vertueux. Nous devons donc nous mettre en réseau et nous organiser vis-à-vis de cette problématique de l'emploi.


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