Lancées initialement en réponse à une ambition et un besoin de faire baisser la pression sur les grandes villes, ces entités urbaines sont appelées à se remettre en question. Le ministère de tutelle et Al Omrane déterminés à changer de fusil d'épaule pour une nouvelle politique basée sur les spécificités régionales. Les villes nouvelles ou villes satellites comme d'aucuns préfèrent les appeler représentent aujourd'hui une réalité alors qu'il y a quelques années seulement, on nourrissait beaucoup de doutes quant à leur essor. Le bras armé de l'Etat en matière d'urbanisme a mis le paquet pour les lancer et les voir s'épanouir. Al Omrane a fait preuve de beaucoup de courage à ce niveau pour promouvoir une politique volontariste. Aujourd'hui et malgré les couacs de parcours, l'on prévoit un avenir prometteur pour ces structures qui s'imposent moins par les changements démographiques que par la simple demande qui ne fait qu'augmenter. En effet, 6 millions de Marocains devraient habiter en ville dans les prochaines années. Forcément, les villes satellites doivent entrer en jeu pour absorber cette population, à plus forte raison lorsque l'on sait qu'un texte devait les munir de toutes les garanties légales quant à leur pérennité. Rappelons qu'en 2004 lors de la gestation des premières idées sur ces nouveaux cadres urbains, l'on tablait sur la réalisation d'une quinzaine de villes dans la périphérie des grandes agglomérations. Le texte législatif est à même de faciliter les procédures d'expropriation et d'accélérer la cadence de production des documents urbanistiques de ces villes nouvelles. Depuis le lancement du concept autour des nouvelles villes, le cadre législatif posait problème par la complexité même que sous tend la réalisation et la multiplicité des intervenants publics et privés. Début 2012, le ministère de l'Habitat, de l'urbanisme et de la politique de la ville a déposé le projet de loi 24.07 sur les villes nouvelles qui est actuellement au niveau du Parlement. Objectif, pouvoir disposer d'un nouveau cadre pour régler les conflits de compétences et définir le périmètre d'intervention de tout un chacun en tenant compte des moyens financiers. Ce texte préconise la création d'un organisme en charge de la ville nouvelle (OCVN) auquel seraient attribuées les compétences territoriales prévues par la Charte communale, notamment celles se référant à l'urbanisme, l'aménagement du territoire, l'hygiène, la salubrité et l'environnement. Cela permettra d'une certaine manière de mieux cerner et recentrer un certain nombre de compétences territoriales, dans la mesure où celles-ci, normalement dévolues à la collectivité locale par la Charte communale, seraient transférées à l'OCVN. Par ailleurs, le projet de loi envisage que le périmètre de la ville nouvelle soit assimilé de facto à une commune urbaine afin que puissent y être appliquées les taxes spécifiques, leurs recettes étant portées au budget de l'OCVN. Ainsi, les moyens d'actions de l'OCVN seraient clarifiés. Par ailleurs, le nouveau texte apportera le soutien légal nécessaire pour ce qui est des procédures d'expropriation qui représentent de facto le vrai grain de sable en matière de développement urbanistique. On a aussi beaucoup joué sur l'identité de chaque ville nouvelle en leur accordant chacune une personnalité qui s'inspire de son environnement immédiat, généralement la grande ville à proximité. En matière de promotion, l'on retrouve par exemple des appellations comme «Chrafate green city/Chrafate ville verte», «Sahel Lakhyata, une cité écologique aux portes de Casablanca», ou encore «Tamansourt, une ville nouvelle aux portes de Marrakech» et «Tamesna, la ville de l'avenir aux portes de Rabat». Dans cette configuration, avec les difficultés que cela induit, le groupe mobilise les réserves foncières publiques urbanisables afin d'accroître l'offre foncière en milieu urbain, assurer l'extension organisée des villes nouvelles en vue de réduire le poids de l'urbanisation et la pression de l'exode rural sur les agglomérations. Sahel Lakhyayta, une réussite Avec Sahel-Lakhyayta à la périphérie de Casablanca, le département de tutelle et Al Omrane ont capitalisé sur les erreurs du passé pour en faire une vraie locomotive économique. Cette ville nouvelle semble échapper au destin de ville dortoir en s'adossant sur une identité, clairement, de plateforme logistique. Le ministère de l'Habitat a visé juste en créant une dynamique et non seulement des habitations. En effet, les critiques de la Cour des comptes à propos de Tamesna par exemple balisent le chemin à une nouvelle prise de conscience axée sur trois piliers principaux : promouvoir les villes nouvelles existantes en densifiant leur interconnexion avec les grandes villes à proximité, tenir sérieusement compte de l'aspect culturel, social et identitaire de chaque nouvelle ville et enfin avoir une approche économique et commerciale avant toute autre considération qu'elle soit liée à la décongestion des grandes villes où à la pression démographique et de l'exode rural.