Le spécialiste de la fabrication de porcelaine sanitaire Roca Maroc est dans la tourmente. À son usine de Settat, plus de 360 salariés bloquent la production depuis le 3 novembre. Ils sont en sit-in de «protestation» depuis près de 50 jours. Aujourd'hui, les dégâts sont énormes. Cette situation aurait causé, selon des sources internes de l'entreprise, des pertes colossales estimées à plus de 40 millions de DH. En plus de cela, l'entreprise ferait face à un début de rupture de stocks de produits finis depuis plusieurs semaines, ce qui met en difficulté les distributeurs de la marque espagnole, qui auraient beaucoup de mal à assurer leurs livraisons dans les délais (www.leschos.ma). Tout a commencé lorsque deux salariés ont été licenciés. Selon les syndicalistes de la CDT, qui conduit la grève, cette décision fait suite à la constitution d'un bureau syndical au sein de l'entreprise. «Ce que la direction n'a, semble-t-il, pas toléré, puisqu'elle a refusé au début d'accorder un bon de sortie aux personnes représentant des salariés pour la réunion avec le directeur des ressources humaines à la délégation du ministère de l'Emploi», affirme Mohamed Benhadda de la CDT. En fait, le refus ne concernait qu'un seul salarié. «L'aval a été donné par la suite aux deux employés, mais le nom de la deuxième personne a été rajouté au stylo», précise Benhadda. Ce dernier ajoute que «ce rajout a été considéré come une falsification qui équivaut à une faute gave, justifiant le licenciement. Mais il ne s'agit là que d'un faux prétexte, car les deux salariés étaient présents à la réunion avec le directeur de ressources humaines». Pour la CDT de Settat, s'il y a faute du salarié, «celle-ci aurait mérité tout au plus une mise à pied». Ils affirment également que ce licenciement a été fait sans l'accord du DG, Enerique Ega Parradell qui était en mission en Espagne. Cela est confirmé par ce dernier, qui ajoute que la décision, qui ne lui a pas été soumise a été prise avec l'accord du président du Conseil d'administration de la maison-mère en Espagne. De retour, le DG a tenté d'arriver à un compromis entre les ouvriers et la maison-mère, en vain. Il a même été licencié à son tour, mercredi dernier. Pour le moment, la situation reste inchangée. Les deux parties campent sur leurs positions. Le DRH et le fondé de pouvoirs refusent toute négociation, affirme-t-on auprès des grévistes. Quant à la direction, elle n'a pas réagi à nos multiples appels. En tout cas, si le conflit perdure, la situation financière de Roca Maroc, qui réalise un chiffre d'affaires estimé à quelque 500 MDH et dont l'activité est basée à plus de 60 % sur l'export, risque d'être catastrophique. L'enjeu serait même la fermeture de l'entreprise et la perte de plus de 460 emplois. Cela étant, la situation de la maison mère n'est pas non plus des plus confortables. L'entreprise affiche des pertes estimées à plus de 95 millions d'euros en 2008 et de plus de 64 millions en 2009. Cette situation l'a conduite à procéder à la suppression de plus de 500 emplois en Espagne.