L'appel à trois sommets en trois jours illustre parfaitement le degré d'inquiétude qui gagne Riyad et Abou Dhabi. Mais est-ce la bonne démarche que d'arracher un soutien arabo-musulman? Rien n'est moins sûr. Passons au crible cette stratégie pour mieux comprendre les objectifs escomptés de l'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis. L'appel à un sommet des pays du Golfe, avec une invitation solennelle envoyée au Qatar, intervient alors que cette structure est paralysée depuis 2017 à cause d'une tentative d'OPA sur Doha qui s'avère être un échec total. Comment, aujourd'hui, ce petit Etat pourrait- il faire confiance à des pays qui le boycottent, l'encerclent et le combattent sur tous les terrains? Autant dire, un sommet qui promet d'échouer avant même son démarrage. Quant au sommet arabe, il s'agit d'un exercice connu pour être dominé par la langue de bois, et qui n'a jamais fait avancer une cause arabe d'un iota. Il faut ajouter à ce facteur d'échec l'état de dispersion totale du panarabisme aggravé par Riyad et Abou Dhabi, qui mettent leur nez dans les affaires internes de plusieurs pays arabes (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Qatar, Yémen, Soudan, Syrie, Liban, Irak...). Enfin, gageons que ce sommet des pays islamiques ne sera pas une formalité pour les organisateurs qui cherchent à isoler l'Iran! Par ailleurs, des Etats puissants comme la Turquie, l'Indonésie, la Malaisie ont toujours été souverains dans la prise de décisions au sein de ce groupement. Le pétrodollar n'a aucun effet sur ces pays qui, avec l'Iran, ont toujours fait bloc face aux tentatives d'hégémonie de l'Arabie saoudite, notamment pour des raisons doctrinales. Ces échecs cumulés mettraient les deux pays du Golfe à la merci des Etats-Unis qui ne cesseraient de demander de plus en plus de fonds, à la limite de l'extorsion. Riyad et Abou Dhabi récoltent ainsi ce qu'ils ont semé, comme zizanie, même auprès de leurs alliés historiques. Déplorable!