On a évité de justesse la crise diplomatique. Le ministre espagnol de l'Intérieur, Jorge Fernandez Diaz, a fait part de son projet de remettre au mois de septembre son plan de déployer un détachement de la Guardia Civil espagnole dans les îles Jâafarines, sous le prétexte de lutter contre l'immigration illégale et le trafic de drogue. Le ministre a adressé une lettre dans ce sens à son homologue marocain, Mohand Laenser, selon ce qu'ont déclaré des sources diplomatiques à la presse espagnole. Il s'en est suivi un échange de missives où les deux responsables ont décidé, d'un commun accord, d'inscrire ce sujet à l'ordre du jour de la réunion de haut niveau maroco-espagnole, programmée à Rabat le 12 septembre. Un accord devrait être signé à cette occasion et détaillera cette coopération, à travers la mise en place de mesures d'échanges d'information à même de rendre la communication plus fluide à ce sujet. De fait, les bisbilles diplomatiques finissent toujours par rattraper le couple hispano-marocain. L'Espagne a manifesté, à maintes reprises, son souhait de doter le sommet de Rabat d'un riche contenu économique mais, tout compte fait, il semble que les incidents diplomatiques finiront par prendre le dessus lors de cette rencontre, tant espérée. En outre, l'Espagne, qui se dit devoir une fière chandelle au Maroc pour son labeur de gendarme des frontières européennes, comme en attestent les déclarations laudatives de ses hauts dirigeants, ne se prive pas toutefois de souffler le chaud et le froid dans la gestion de ses relations avec le royaume. Les propos qui ont sorti le Maroc de ses gonds, au point de faire convoquer l'ambassadeur espagnol, ont été prononcés par le ministre lors d'une visite de terrain à Mélilia pour se pencher de près sur les problèmes liés à la congestion des frontières. Durant ce déplacement, le ministre avait expressément fait part de sa gratitude au Maroc pour ses efforts. Entre deux propos élogieux, le sécuritaire espagnol a glissé son intention de déployer des éléments de la sécurité espagnole sur les îles, dont la souveraineté est revendiquée par le Maroc. La convocation par le royaume de l'ambassadeur d'Espagne a eu un effet dissuasif sur le gouvernement de Madrid, qui a préféré faire machine arrière et entreprendre son projet de concert avec le Maroc. De plus, la date, hasard du calendrier ou acte prémédité, a coïncidé avec la commémoration du 10e anniversaire du conflit de l'Ilôt de Leïla (Persil). Cette date est restée tristement mémorable dans le registre des relations bilatérales. Fort heureusement, cette fois-ci, l'Espagne, pour ne pas s'attirer les récriminations du Maroc, a eu la clairvoyance d'étouffer cet incident dans l'œuf et semble avoir appris des erreurs du passé.