Le Maroc et l'Arabie Saoudite entendent donner un nouvel élan à leur partenariat économique. Une délégation de haut niveau, représentant plus de 25 entreprises saoudiennes, a été reçue à Rabat pour identifier de nouvelles opportunités d'investissement. Au cœur des discussions : l'énergie, l'industrie et les préparatifs des Coupes du monde 2030 et 2034. La visite de la délégation saoudienne, menée par Hassan bin Mujeb Al-Huwaizi, président de la Fédération des chambres saoudiennes, intervient dans un contexte de rapprochement pragmatique. À Rabat, le ministre de l'Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, a mis en avant «la transformation du Maroc en hub régional d'investissement», portée par des politiques ambitieuses dans l'énergie verte, l'infrastructure et la relance industrielle. Le message est clair : le Royaume se veut la porte d'entrée idéale vers l'Afrique, et les entreprises saoudiennes sont invitées à y établir leurs bases. Des intérêts convergents Cette rencontre bilatérale n'est pas un simple échange protocolaire. Elle cristallise une volonté politique partagée de structurer une coopération multisectorielle. L'Arabie Saoudite, en quête de diversification économique via sa Vision 2030, trouve au Maroc un partenaire stable et réformateur. En retour, le Royaume y voit une source de capitaux, mais aussi d'expertise dans les secteurs pétrochimique, logistique et technologique. Les échanges commerciaux confirment cette dynamique ascendante : 26,4 MMDH en 2024 contre 24,6 MMDH l'année précédente. Toutefois, les exportations marocaines vers le Royaume wahhabite restent modestes (1,15 MMDH), creusant un déséquilibre que les autorités souhaitent corriger. Des chantiers d'avenir à co-construire Au-delà du commerce, l'ambition est de bâtir des projets industriels conjoints. L'agroalimentaire, la chimie, la plasturgie, l'électromécanique ou encore les matériaux d'emballage figurent parmi les filières ciblées. L'enjeu est double : mutualiser les savoir-faire et capter les chaînes de valeur mondiales. Les opérateurs saoudiens ont été invités à investir dans les écosystèmes industriels marocains, avec le soutien de mécanismes de financement adaptés. Par ailleurs, les deux pays comptent s'appuyer sur les grands événements sportifs à venir — Mondial 2030 au Maroc, Mondial 2034 en Arabie Saoudite — pour stimuler les investissements dans les infrastructures, le tourisme et les services. Vers une diplomatie économique intégrée Rabat et Riyad ne limitent pas leur coopération au bilatéral. Elles entendent renforcer leur dialogue économique avec l'Union européenne et les autres blocs partenaires. L'idée d'une stratégie concertée Sud-Sud refait surface, portée par des intérêts communs dans la transition énergétique, la mobilité durable et la résilience industrielle. Le rôle des institutions financières saoudiennes dans le cofinancement de projets structurants au Maroc, notamment via des partenariats public-privé, pourrait constituer un levier déterminant dans cette nouvelle ère de coopération.