Alors que le gouvernement défend un Projet de loi de finances 2026 centré sur la consolidation économique et les réformes sociales, les groupes d'opposition à la Chambre des représentants pointent un texte sans audace, trop technocratique et déconnecté des priorités urgentes des citoyens. Réunis en commission, ils appellent à des mesures plus ambitieuses et à une réelle rupture avec les approches budgétaires traditionnelles. Présenté comme un projet structurant par le gouvernement, le Projet de loi de finances pour l'année 2026 (PLF-2026) suscite de vives critiques au sein des groupes parlementaires de l'opposition. Réunis mardi en Commission des finances à la Chambre des représentants, plusieurs responsables politiques ont exprimé leurs réserves sur le contenu du texte, le qualifiant de «classique», «manquant de souffle» et inapte à répondre aux priorités socio-économiques du moment. Le président du Groupe socialiste–Opposition ittihadie, Abderrahim Chahid, a ouvertement regretté l'absence d'audace dans un contexte national exceptionnel, appelant à davantage de créativité et de volontarisme politique. Il a notamment déploré le caractère technocratique du texte, et l'absence de données sur le taux de réalisation effectif des engagements précédemment annoncés par l'exécutif. Même tonalité du côté du Parti du progrès et du socialisme (PPS), dont le chef de groupe Rachid Hammouni a reconnu l'importance des priorités affichées — développement territorial intégré, état social, réforme des finances — tout en critiquant leur traduction budgétaire «timide» et «peu en phase avec les ambitions affichées». Selon lui, les orientations générales du texte sont réitérées sans innovation réelle, avec un modèle d'intervention qui a montré ses limites depuis quatre ans. Pour le président du Groupe Haraki, Driss Sentissi, l'urgence est à une réforme fiscale plus équitable, au soutien des petites entreprises en milieu rural et à la promotion de la régionalisation. Il a également plaidé pour une prise en compte plus affirmée des enjeux de justice territoriale et de parité. Belassal Chaoui, du Groupe constitutionnel démocratique et social, a recentré le débat sur les carences structurelles du système de santé, notamment en ressources humaines, appelant à des mesures ciblées pour accompagner la réforme sanitaire territoriale. Il a aussi insisté sur la nécessité de soutenir la recherche scientifique et l'innovation, soulignant l'écart persistant entre la recherche académique et son application concrète dans les secteurs productifs. Enfin, Abdellah Bouanou, président du Groupement justice et développement (PJD), a critiqué un projet « sans véritables enjeux», estimant qu'il aurait dû intégrer des mesures correctives et rapides à la hauteur des attentes, d'autant plus qu'il s'agit du dernier budget du mandat gouvernemental actuel. Pour rappel, lors de sa présentation en séance plénière, la ministre de l'Economie et des Finances Nadia Fettah avait souligné que le PLF-2026 s'articule autour de quatre axes majeurs : la consolidation des acquis économiques, le lancement de nouveaux programmes de développement territorial, le renforcement de l'Etat social et la préservation des équilibres budgétaires. Le débat parlementaire se poursuivra dans les jours à venir, alors que le projet entre dans une phase cruciale d'examen détaillé, où les amendements des groupes parlementaires pourraient influer sur la structure finale de la Loi de finances. Sous le signe de l'équilibre entre relance économique et justice sociale Le Projet de loi de finances 2026 s'inscrit dans une double dynamique : relancer l'économie nationale tout en consolidant les piliers de l'Etat social. Sur le plan économique, le gouvernement entend stimuler la croissance à travers le soutien ciblé aux secteurs stratégiques, notamment l'agriculture, l'industrie, le tourisme et le logement, tout en poursuivant la mise en œuvre de la Charte de l'investissement. Le Fonds Mohammed VI pour l'investissement est appelé à jouer un rôle moteur dans la mobilisation des financements et la création d'emplois, en particulier pour les jeunes et les PME. Sur le plan social, le PLF-2026 donne la priorité à la généralisation effective de la protection sociale. Il prévoit notamment l'opérationnalisation du Registre social unifié (RSU), la couverture médicale des populations vulnérables, ainsi que le déploiement progressif des allocations familiales. Ces mesures visent à améliorer les conditions de vie des citoyens et à réduire les inégalités. Parallèlement, le texte ambitionne de préserver les équilibres budgétaires, avec un déficit public maintenu autour de 4% du PIB. Cette soutenabilité repose sur une meilleure mobilisation des ressources fiscales, la rationalisation des dépenses et l'instauration d'un cadre pluriannuel de discipline budgétaire.