Officiellement, l'Algérie continue de se présenter comme un simple «observateur» dans le dossier du Sahara. Pourtant, les faits contredisent cette posture, confortant la position du Maroc qui affirme depuis longtemps qu'Alger est bel et bien une partie prenante du conflit. Les nuits d'octobre autont été courtes et agitées pour Amar Bendjama et Ahmed Attaf. Raison des insomnies ? Le dossier du Sahara occidental qui reste au cœur des priorités de la diplomatie algérienne, comme en témoignent les récentes initiatives et contacts du ministre des Affaires étrangères. Un simple recensement de cet activisme de ces derniers jours éclaire sur le rôle de marionnettiste d'Alger qui jure pourtant n'être qu'un soutien au droit à l'autodétermination du Polisario. Ainsi, le 21 octobre, Ahmed Attaf s'est entretenu avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Selon un communiqué du ministère russe, les deux responsables ont mis l'accent sur le programme de travail du Conseil de sécurité de l'ONU, actuellement sous présidence russe, en soulignant l'importance du processus de règlement de la question du Sahara occidental. Cette rencontre s'inscrit dans une campagne diplomatique menée par Alger pour rallier Moscou à sa position et, éventuellement, obtenir un veto russe contre une résolution onusienne qui consacrerait le plan d'autonomie marocain. Ahmed Attaf n'est pas seul dans cette démarche : le président Abdelmadjid Tebboune et le chef d'état-major de l'armée, le général Saïd Chengriha, ont également été actifs. Le 23 octobre, le ministre algérien a discuté avec son homologue belge, Maxime Prévot, au sujet de la coopération bilatérale. Cet appel a opportunément coïncidé avec l'annonce officielle de Bruxelles reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara et la primauté de son plan d'autonomie. Une décision qui a visiblement irrité Alger, mais sans pour autant provoquer un nouveau rappel d'ambassadeur comme ce fût le cas avec ceux à Madrid et Paris. L'Algérie confirme les accusations marocaines À l'approche du vote du Conseil de sécurité sur la prorogation du mandat de la MINURSO, Ahmed Attaf a également intensifié ses efforts en Asie. Le 29 octobre, il a discuté avec le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, des questions cruciales à l'ordre du jour du Conseil de sécurité, dont la «décolonisation du Sahara occidental». Le même jour, Attaf a également eu un échange téléphonique avec le ministre pakistanais, Muhammad Ishaq Dar, pour «renforcer la coordination bilatérale au sein du Conseil de sécurité», le Pakistan étant actuellement membre non permanent de cette instance. Ces initiatives diplomatiques illustrent clairement la centralité du dossier du Sahara dans la politique étrangère algérienne. Lors de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations unies, Ahmed Attaf a abordé la question du Sahara avec presque toutes les délégations rencontrées à New York. Ainsi, derrière la façade d' «observateur», l'Algérie agit de manière active, stratégique et coordonnée pour influencer le dossier saharien. Une implication qui remet en question sa revendication de neutralité et donne du crédit aux accusations marocaines selon lesquelles elle serait une partie prenante du conflit. Commarativement, le Polisario est resté effacé, confirmant de facto une position vasalisée, suivant les ordres d'alger.