Dans une époque en quête de sens et de récits, Tanger rappelle au monde que la littérature est un acte de résistance, un espace de mémoire, un souffle de liberté. Son inscription parmi les villes créatives de l'UNESCO réaffirme que les mots, comme les vagues du Détroit, peuvent relier les peuples, élargir les horizons et bâtir des ponts au-delà des frontières. Perchée entre deux mers et deux continents, Tanger n'a jamais cessé d'inspirer les écrivains. Aujourd'hui, la ville obtient une consécration à la hauteur de sa légende. Elle s'illustre par son entrée officielle dans le Réseau des villes créatives de l'UNESCO, dans la catégorie littérature. Une reconnaissance mondiale qui vient sceller l'héritage de générations de poètes, romanciers et intellectuels ayant fait de la cité du Détroit un sanctuaire littéraire. La décision, rendue publique le 30 octobre dernier par l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture, consacre Tanger aux côtés de capitales de la plume telles qu'Edimbourg, Dublin, Barcelone, Prague ou encore Québec. Une distinction rare, puisque seules 53 villes dans le monde partagent ce titre dans le domaine littéraire. Un carrefour de mots et de mondes Il faut dire que Tanger a toujours été bien plus qu'un simple port. C'est un espace liminaire, un théâtre de rencontres. De Paul Bowles à Jean Genet, de Mohamed Choukri à Tahar Ben Jelloun, en passant par Tennessee Williams, William Burroughs ou encore Ángel Vázquez, la ville a hébergé et inspiré les plumes les plus singulières du XXe siècle. Cette diversité, cette énergie cosmopolite, est au cœur de la candidature portée par la commune de Tanger, qui s'est appuyée sur un inventaire rigoureux de la mémoire culturelle de la ville, avec l'appui de nombreux partenaires locaux. «Nous œuvrons avec une volonté collective pour que Tanger ne soit pas seulement classée parmi les villes créatives, mais qu'elle devienne l'une des plus créatives au monde», a affirmé Mounir Laymouri, président de la commune, cité dans un communiqué. Une ambition culturelle ancrée dans le territoire C'est dans ce cadre que Tanger ne compte nullement faire de cette reconnaissance une fin, mais un point de départ. Le plan d'action proposé par la commune entend faire de la littérature un levier structurant du développement urbain. Résidences d'auteurs, traduction, édition, lectures publiques, festivals, digitalisation des archives littéraires et formation des jeunes seront au cœur de la stratégie municipale, dans une approche participative et durable. La ville veut s'imposer comme un laboratoire de la création littéraire contemporaine en Méditerranée. Un dialogue est déjà engagé avec les acteurs culturels de terrain, les maisons d'édition, les bibliothèques, les écoles et les artistes, afin d'élaborer un programme commun à la hauteur des aspirations de Tanger. Par ailleurs, cette consécration participe aussi d'un élan national : celui d'un Maroc qui fait de la culture un pilier de sa diplomatie et de son rayonnement international. Tanger rejoint ainsi Essaouira (musique), Chefchaouen (artisanat) et autres villes marocaines déjà distinguées par l'UNESCO dans divers domaines de la créativité. En inscrivant la ville dans ce réseau mondial, l'UNESCO reconnaît non seulement son patrimoine littéraire, mais aussi son potentiel à réinventer les formes d'expression du XXIe siècle. Tanger devient ainsi un point de confluence entre traditions narratives orales et innovations éditoriales numériques.