La structuration de l'écosystème entrepreneurial national passe à un niveau supérieur avec le lancement du dispositif catalytique de soutien aux fonds startups. Fruit d'un partenariat stratégique entre le ministère de la Transition numérique, le Fonds Mohammed VI pour l'Investissement, la CDG et Tamwilcom, ce mécanisme vise à renforcer l'investissement dans l'innovation en facilitant l'accès au capital pour les jeunes pousses à fort potentiel. Dans un pas décisif vers la structuration d'un écosystème national d'innovation, le Maroc vient de lancer un dispositif catalytique inédit de soutien aux fonds startups. Signée à Rabat, vendredi 21 novembre, la convention actant ce mécanisme réunit le ministère de la Transition numérique et de la Réforme de l'administration, le Fonds Mohammed VI pour l'Investissement (FM6I), la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) et Tamwilcom. Elle marque une avancée stratégique dans la concrétisation des objectifs de la stratégie «Maroc Digital 2030». Ce dispositif vise à répondre au besoin pressant de financement dans les phases précoces du développement des jeunes pousses marocaines, dans un marché encore largement sous-exploité malgré un intérêt croissant des investisseurs internationaux. Un outil pour «limiter le risque et faciliter l'accès au capital» «Le ministère y engage 400 millions de dirhams. C'est un outil tangible pour limiter le risque et faciliter l'accès au capital. Il permet aux investisseurs de prendre des risques mesurés et aux startups de franchir les étapes clés de leur croissance», a déclaré Amal El Fallah Seghrouchni, ministre déléguée chargée de la Transition numérique. En dotant Tamwilcom de la gestion opérationnelle du fonds, l'accord prévoit l'octroi d'une couverture contre le risque de premières pertes ou une prise de participation directe, dans des conditions alignées sur les standards internationaux du Venture Capital. Ce mécanisme permettra donc de réduire le risque supporté par les investisseurs, favorisant ainsi l'entrée précoce dans le capital des startups marocaines. Pour Nezha Hayat, directrice générale du FM6I, ce dispositif «concrétise une ambition nationale pour faire de l'investissement dans l'innovation un acte souverain et un moteur de compétitivité durable». Et d'ajouter : «En couvrant les premières pertes, nous créons une condition pour que les fonds nationaux et internationaux osent entrer plus tôt, plus fort et plus souvent dans la trajectoire des startups marocaines». Ce dispositif n'est pas une simple réforme ponctuelle. Il s'agit, selon Hayat, d'«un acte de structuration» qui jette les bases d'un marché de capital-risque plus «profond, crédible et compétitif». Khalid Safir, DG de la CDG, souligne de son côté que ce programme s'inscrit dans le cadre d'une stratégie dite d'«architecture ouverte», favorisant l'investissement à travers des fonds gérés par des sociétés nationales ou internationales, afin de renforcer l'impact et créer un écosystème de classe mondiale. «Cette collaboration exemplaire entre institutions publiques constitue l'un des éléments clés du succès de ce dispositif», a-t-il souligné, ajoutant que la mise en place d'une «tranche catalytique alignée sur les meilleures pratiques internationales» est une innovation majeure à l'échelle nationale. Said Jabrani, DG de Tamwilcom, a, quant à lui, réaffirmé l'engagement de son institution : «Tamwilcom met son expertise en matière de financement de l'innovation et de gestion des mécanismes de couverture des risques à la disposition du ministère, à l'effet de contribuer à renforcer cette dynamique enregistrée au niveau de l'écosystème des startups». Près de 2,5 milliards de dirhams à mobiliser Ce nouveau cadre d'intervention repose sur un premier appel à manifestation d'intérêt, qui a suscité un fort engouement. Neuf sociétés de gestion ont été présélectionnées parmi 47 candidatures – dont 12 marocaines, 33 étrangères et 2 consortiums mixtes. Elles prévoient d'injecter près de 2,5 milliards de dirhams dans l'écosystème startup marocain, combinant les contributions du ministère, du FM6I, de la CDG, ainsi que de capitaux privés à mobiliser. Ces fonds couvriront toutes les étapes du développement entrepreneurial : trois sont orientés «Pre-Seed», deux en «Seed» et quatre en «Séries A et plus», assurant un continuum de financement. Ils interviendront dans des secteurs stratégiques tels que la fintech, la healthtech, l'agritech, la climatetech ou encore l'edtech. Mais, au-delà de l'appui financier, ce dispositif s'inscrit dans une volonté affirmée de positionner le Maroc comme un hub régional d'innovation. «Nous voulons faire du Maroc un hub africain d'innovation, capable d'attirer talents et partenariats stratégiques», a déclaré la ministre Amal El Fallah Seghrouchni. Elle a souligné que des initiatives phares comme le hub arabo-africain D4SD ou les instituts Jazari seront primordiaux pour atteindre les ambitions de la stratégie Maroc Digital 2030, à savoir «faire émerger dix gazelles et deux licornes».