Le président du Conseil d'administration de la Bourse de Casablanca, Brahim Benjelloun Touimi, a appelé, jeudi à Rabat, à adopter une approche « Africa First », qui place le continent au cœur des stratégies de financement, afin de renforcer l'attractivité des projets africains et d'accélérer leur bancabilité. Intervenant lors d'un échange consacré à la mobilisation des capitaux mondiaux et régionaux pour la croissance du continent en marge de l'Africa Investment Forum (AIF) 2025, Benjelloun Touimi a présenté cette démarche comme un cadre d'action structurant, articulé autour de six priorités : l'ancrage des projets dans des pipelines crédibles, l'agrégation d'initiatives de petite taille en portefeuilles bancables, la mobilisation des garanties des institutions de développement, l'orientation de l'épargne africaine vers les marchés continentaux, l'institutionnalisation du blended finance et, enfin, la création de corridors financiers régionaux. Le responsable a également mis l'accent sur la nécessité de développer davantage le financement en monnaie locale, de renforcer les capacités de due diligence au niveau continental et de standardiser les pratiques en matière d'ESG, de conformité et de gouvernance, estimant que ces efforts contribuent directement à réduire les asymétries d'information et à améliorer la compétitivité des projets africains sur les marchés mondiaux. Benjelloun Touimi a, par ailleurs, insisté sur le rôle des centres financiers africains, dont Casablanca Finance City, dans la structuration de fonds régionaux, l'hébergement de programmes verts et la mise en relation entre investisseurs internationaux et économie réelle africaine. Ces plateformes, a-t-il relevé, constituent un maillon essentiel pour transformer les garanties globales en crédit local et fluidifier les flux commerciaux et financiers. Il a enfin souligné que la mobilisation du capital ne saurait être dissociée des objectifs de développement, considérant que la stabilité réglementaire, la discipline des partenariats public-privé et la montée en qualité des projets permettront de rapprocher efficacement le capital mondial des opportunités africaines et d'accélérer la concrétisation des projets structurants du continent. De son côté, le directeur général de la Banque européenne d'investissement (BEI) Monde, Andrew McDowell, a affirmé que l'Afrique constitue désormais une priorité stratégique pour l'Union européenne, à la lumière des évolutions géopolitiques récentes et de la nécessité pour l'Europe de renforcer son partenariat avec le continent sur des bases équilibrées, fiables et durables. McDowell a rappelé que la BEI, en tant que banque de l'Union européenne (UE), adapte aujourd'hui son action pour répondre à cette nouvelle orientation, en élargissant progressivement son intervention au-delà des financements souverains traditionnels. L'objectif, a-t-il expliqué, est d'accroître l'appui direct au secteur privé africain et de développer de nouveaux produits adaptés aux besoins du marché, notamment en monnaie locale, dans les garanties, le capital-risque et le project finance. Selon lui, cette montée en gamme passe nécessairement par un travail accru avec les institutions africaines, qu'il s'agisse des banques de développement régionales, des institutions financières locales ou des plateformes d'investissement panafricaines. « Les initiatives doivent être africaines dans leur conception et leur conduite », a-t-il insisté, soulignant que les partenariats avec les acteurs du continent permettent une meilleure connaissance des marchés et une allocation plus efficace du capital. Le responsable a également mis en avant la volonté de l'UE de rehausser son engagement économique en Afrique, rappelant que l'Europe demeure le premier partenaire commercial du continent, ajoutant que l'appui de la BEI s'inscrira dans cette dynamique en mobilisant les ressources du budget européen pour offrir davantage de financement mixte, d'assistance technique et de mécanismes de partage des risques. McDowell a conclu en soulignant que la priorité de la BEI consiste à soutenir une relation UE-Afrique plus ambitieuse et mieux équilibrée, fondée sur des projets à fort impact et sur des partenariats permettant de mobiliser, de manière coordonnée, le capital public et privé au service de la transformation économique du continent. Placé sous le Haut Patronage du Roi Mohammed VI, l'AIF 2025 vise à faciliter les investissements internationaux en Afrique en réunissant les promoteurs de projets, les financiers, les gouvernements ainsi que d'autres parties prenantes clés, dans l'objectif de conclure des transactions. Le forum est dirigé par la BAD et six autres partenaires fondateurs, à savoir Afreximbank, la Société financière africaine, Africa50, la Banque arabe pour le développement économique en Afrique, la Banque de développement d'Afrique australe et la Banque du commerce et du développement.