Il y a quelques années encore, nul n'aurait imaginé qu'un ratio aussi technique que le taux de satisfaction d'une IPO pourrait devenir un objet de débat. Et pourtant, à la lumière des dernières introductions en bourse, cet indicateur mérite qu'on s'y attarde. On pourrait même penser qu'il a tout pour devenir le thermomètre le plus révélateur de la santé réelle du marché. On parle ici d'un chiffre simple, qui établit le rapport entre la demande exprimée et les actions réellement attribuées. Un taux de satisfaction de 1,56 % pour Cash Plus, 2,94 % pour SGTM, 2,7 % pour CMGP Group. Un pourcentage traduisant un engouement populaire massif face à une offre encore trop étroite. Car ce que décrit ce taux, au fond, c'est le niveau de frustration du marché. Il ne s'agit pas simplement de mesurer la pression sur une opération ponctuelle, mais de révéler une tension structurelle, puisqu'il y a trop peu d'entreprises cotées pour un nombre croissant d'investisseurs potentiels. En d'autres termes, une économie en croissance, une population plus bancarisée, un intérêt accru pour les placements boursiers... devant une offre primaire qui ne suit pas toujours. Maintenant, lorsque ce taux de satisfaction descend sous les 5%, c'est un signal fort disant que les investisseurs sont là, mais que le marché n'offre pas assez de portes d'entrée. À l'inverse, lorsqu'il dépasse les 30% ou 40%, comme dans le cas de certaines PME introduites discrètement, il interroge sur la mobilisation de la demande, la pédagogie de l'offre, et l'intérêt réel suscité par certains dossiers. C'est donc un outil de lecture à part entière du succès commercial, d'efficacité du marché, de pertinence de la communication financière et du degré de maturité de l'investisseur moyen. Voilà pourquoi ce ratio mérite l'intérêt, tout autant que le PER, du volume des échanges ou encore du dividend yield. Car à l'heure où le marché tente de se réinventer, c'est probablement dans ces ratios de tension que se lit le mieux son avenir. Meriem Allam / Les Inspirations ECO