La dynamique des recettes ne suffit pas à contenir le déficit à fin novembre 2025. Malgré la capacité de l'Etat à mobiliser les ressources, principalement soutenues par l'IS et les TIC, les dépenses continuent de peser lourd sur le budget. La dégradation reste marquée par un besoin de financement accru et des dépenses d'investissement en progression. Un déséquilibre qui creuse davantage le déficit budgétaire. L'exécution de la Loi de finances au terme des onze premiers mois de l'année 2025 s'est déroulée dans un environnement macroéconomique globalement favorable, marqué par une accélération notable de la croissance économique et une décélération de l'inflation. Toutefois, en dépit de la bonne tenue des recettes, la dynamique soutenue des dépenses continue d'exercer une pression significative sur l'équilibre budgétaire, conduisant à un creusement du déficit du Trésor. Au deuxième trimestre 2025, la croissance économique s'est établie à 5,5%, contre 4,8% au premier trimestre, portée principalement par la vigueur de la demande intérieure et l'essor de l'investissement, ainsi que par les performances robustes des secteurs de l'agriculture, de l'industrie, du tourisme et du BTP. Parallèlement, l'inflation a poursuivi sa trajectoire baissière, s'établissant en moyenne à 0,8% sur les 11 premiers mois de l'année, contre 1,1% un an auparavant, traduisant un ralentissement marqué des prix des produits non alimentaires et une hausse modérée des prix alimentaires. Dans ce contexte, la situation des charges et ressources du Trésor à fin novembre fait ressortir un déficit budgétaire de 71,6 milliards de dirhams, contre 50,8 MMDH un an auparavant. Cette dégradation résulte d'une progression des dépenses (+63,4 MMDH), lesquelles dépassent les recettes (+42,6 MMDH). La fiscalité tire la croissance des recettes Il ressort de la situation des charges et ressources du Trésor (SCRT), que les recettes, nettes des remboursements, dégrèvements et restitutions fiscaux, ont atteint un taux de réalisation de 90,9% par rapport aux prévisions de la Loi de finances, enregistrant une hausse de 13,4% en glissement annuel. Les recettes fiscales, en particulier, affichent un taux de réalisation de 94,3%, en progression de 38,2 MMDH (14,5%). S'ajoute à cela les remboursements, dégrèvements et restitutions fiscaux, y compris la part supportée par les collectivités territoriales, lesquels ont augmenté de 3,1 MMDH, pour atteindre 24,8 MMDH. Cependant, l'impôt sur les sociétés se distingue par une performance exceptionnelle, avec un taux de réalisation de 103,5% et une augmentation de 16,9 MMDH, portée par un niveau record du complément de régularisation et par la hausse des acomptes. À noter que les restitutions au titre de cet impôt sont passées de 2,2 MMDH à 3,4 MMDH d'une année à l'autre. De son côté, l'impôt sur le revenu a progressé de 14,6%, avec un taux de réalisation de 99,3%. L'IR a bénéficié notamment des effets de la régularisation fiscale volontaire, laquelle a généré 3,8 MMDH en janvier 2025, et de l'amélioration des recouvrements. La TVA enregistre une augmentation de 9,7%, tirée par la TVA à l'importation et celle à l'intérieur pour atteindre 13,7 MMDH. Les taxes intérieures de consommation (TIC) progressent de 13%, sous l'effet de la réforme des TIC sur les produits énergétiques. À l'inverse, les droits de douane reculent de 5,5% en raison de la suppression du droit d'importation sur certains produits agricoles. Les droits d'enregistrement et de timbre affichent pour leur part une hausse de 10,4%. En revanche, les droits de douane ont enregistré une baisse de 910 MDH (-5,5%), du fait de la suppression du droit d'importation sur les bovins et ovins, soit un taux de réalisation de 72,8%. Par ailleurs, les recettes non fiscales atteignent 53,2 MMDH, en augmentation de 9%, provenant principalement des établissements et entreprises publics, des mécanismes de financement innovants et des produits divers des ministères. Des dépenses en forte progression Les dépenses ordinaires se sont établies à 319,3 MMDH, en hausse de 40,1 MMDH, avec un taux d'exécution de la Loi de finances de 90,2%. Cette évolution est essentiellement due à l'augmentation marquée des dépenses de biens et services (+17,7%) et des intérêts de la dette qui se sont élevés à de 6,9 MMDH (+21%). Les charges de compensation, en revanche, reculent de 26,8%, pour se situer à 17 MMDH, sous l'effet de la diminution des subventions aux produits de base et de la non-reconduction de certaines aides sectorielles, en l'occurrence en faveur des professionnels du transport routier. L'exécution des dépenses de biens et services a été marquée par un taux de réalisation de 91,1% pour les dépenses de personnel et de 86,4% pour les autres biens et services, traduisant des hausses respectives de 15,5 MMDH et de 23,9 MMDH par rapport à la même période un an auparavant. Les dépenses d'investissement atteignent 100,4 MMDH, en hausse de 14,5 MMDH, avec un taux de réalisation de 95,1% par rapport aux prévisions de la Loi de finances. Compte tenu de ces évolutions et de la réduction des opérations en instance, le besoin de financement du Trésor s'élève à 89,6 MMDH, contre 55,9 MMDH un an auparavant. Le financement a été assuré par des mobilisations nettes de 39 MMDH sur le marché domestique et par des emprunts extérieurs nets de 33,6 MMDH, incluant notamment 20,9 MMDH levés sur les marchés financiers internationaux. En somme, les comptes spéciaux du Trésor ont dégagé un déficit de 11,2 MMDH, contre 2,3 MMDH à fin novembre 2024. Maryem Ouazzani / Les Inspirations ECO