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Le mariage de la carpe et du lapin

Les plus folles spéculations circulent sur les fortunes de Ben Ali et Moubarak. L'ampleur de leur richesse est devenue presqu'un indicateur du degré de la perversion de leur régime. C'est ainsi qu'une inflation s'est saisie des pronostics passant de 5 milliards de dollars pour Ben Ali à plus de 70 milliards pour Moubarak. Des sommes «dérisoires» comparées à la richesse présumée du dictateur libyen qui s'élèverait, selon les estimations les plus «optimistes», à quelques 120 milliards de dollars.
Un catalogue du déshonneur pour les dirigeants arabes dont l'insolenterichesse n'a d'égal que la misère de leur peuple. Si Moubarak ou Kadhafi devaient figurer dans le célèbre magazine Forbes, ils feraient pâlir de honte la première fortune mondiale, Carlos Slim Helu, qui ne possède, si j'ose dire, que 53,5 milliards de dollars. Si ces dirigeants ne sont pas dans Forbes c'est parce qu'ils sont à la tête d'une étrange entreprise qui s'appelle, pour le premier Egypte et pour le deuxième Libye. Avec ces révolutions à la queue leu-leu, les occidentaux ont rodé la machine du blanchiment de l'argent mal acquis. Les fortunes restent la propriété des dictateurs jusqu'à leur chute puis elles sont gelées. Mais pas question d'anticiper cet élan généreux et de s'attaquer aux fortunes, toutes aussi mal acquises, des dictateurs encore en place. L'argent n'a pas d'odeur et la vertu a des limites. Au lendemain des indépendances, la majorité des pays arabes avaient bâti leur modèle de développement sur l'étatisation d'une économie qui se voulait «nationale». Cette mise sous tutelle de l'économie a beaucoup plus développé la bureaucratie et tué l'esprit d'initiative qu'autre chose. L'échec du modèle «nationaliste» a donné, dans les années 90, une légitimité au modèle libéral sans que celui-ci ne s'accompagne de son substrat naturel qu'est la démocratie et la justice. Les fortunes se sont hypertrophiées à l'ombre d'une économie de marché biaisée où les règles de la concurrence sont faussées par un protectionnisme déguisé et des situations de monopole couvertes par la relation douteuse avec le pouvoir politique. Au lieu de mettre l'économie au service du pays c'est désormais le pays qui se met au service de certaines fortunes.
Cet enrichissement rapide d'une minorité qui accapare à la fois les pouvoirs politique et économique, s'est accompagné de la paupérisation des masses, entraînant une société à deux vitesses. On ne cesse de parler de cette liaison dépravée entre l'argent et la politique au Maroc. La politique est prise en otage par le pouvoir de l'argent parce qu'elle en est, en même temps, une source. Les élections sont dans une grande majorité sujettes à des marchandages où l'argent reste un argument déterminent. Pour faire de la politique, il vaut mieux être riche qu'avoir des idées ou des convictions. La politique finit souvent par rendre la politesse et se met au service de l'argent. Même si de nombreux hommes d'affaires font de la politique partout dans le monde, il faut distinguer entre des cas comme Silvio Berlusconi ou Michael Bloomberg, ou encore Aziz Akhenouch pour évoquer un cas de chez nous, dont la fortune est antérieure à l'engagement politique et ceux qui s'enrichissent par la politique et pas seulement dans le sens métaphorique. Mais même dans le premier cas, la question du cumul de deux pouvoirs, dont l'un devrait en principe contrôler l'autre, reste posée. C'est dans ce contexte que des voix s'élèvent aujourd'hui pour demander que la politique cesse d'être une source d'enrichissement illégitime mais également que le pouvoir politique cesse d'être armé économiquement, faussant le jeu de la concurrence loyale et mélangeant les intérêts publics et privés. Une étude a montré que 61% de chefs d'entreprises français considèrent normal de faire payer par l'entreprise une note de restaurant personnelle. En descendant plus bas, nous trouverons ceux qui attendent d'arriver au bureau pour passer les communications personnelles à l'étranger, ceux qui se servent dans la réserve des fournitures pour remplir les trousses de leurs rejetons, ceux qui utilisent les voitures de service pour faire leurs courses, etc.
Tous ont un argument : l'abus est «ridicule» par rapport à celui du supérieur. C'est une logique qui a ses limites, mais elle n'est pas totalement fausse. Ceux qui sont en haut ont le devoir de donner l'exemple. L'idéal est incarné par l'infortune de cette ministre norvégienne, contrainte à la démission pour avoir effectué des achats personnels d'un montant ridicule avec sa carte-bleue de ministre. Elle avait remboursé les sommes dépensées mais son geste ne lui a pas sauvé sa tête. C'est que dans ces pays, franchir la limite nette entre le privé et le public est une faute quel que soit le dépassement. On pourrait peut-être s'en inspirer !
Khalil Mgharfaoui, Chercheur au Laboratoire d'études et de recherches sur l'interculturel.


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