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Pas de sursis au despotisme
Publié dans Le Soir Echos le 11 - 03 - 2011

La manifestation de dimanche dernier était beaucoup plus organisée que les précédentes. Pensez-vous que le Mouvement du 20 février serait en train de gagner en puissance ?
Oui, même si l'évolution ne se fait jamais en droite ligne. C'est la courbe «J» de l'apprentissage. Avant d'entamer la hausse exponentielle, il y a d'abord une baisse pendant la période d'investissement. Je crois que l'investissement passe par le fait que les gens commencent à mieux se connaître et à croire en leur potentiel, à mieux communiquer, à s'équiper et à s'exercer à l'espace public. Ils découvrent leurs divergences et confrontent leurs égos. Pour l'instant, chacun y va de sa propre rengaine mais j'ai bon espoir. C'est un mouvement profond et durable, qui gagnera en maturité et en cohérence.
Le gouvernement critique le manque de clarté dans les revendications des militants. Est-ce légitime ?
Il est parfaitement normal que le pouvoir essaie de déconsidérer le mouvement en le traitant d'infantile. Il se trouve que la fissure est surtout visible au sein de l'entourage du pouvoir et du gouvernement, où de nombreux acteurs reconnaissent le caractère impératif de la révision de l'architecture constitutionnelle. Dans le camp de ceux qui prônent un régime absolutiste et celui des partisans de la démocratie, il y a, comme en tout mouvement social ou historique, des nuances, des appréciations différentes de la conjoncture et des objectifs différenciés. J'ai l'impression que les vrais tenants de la réforme sont en train de mûrir pour un projet d'Etat démocratique et laïc.
Selon vous, le Maroc serait-il en passe de devenir un pays laïc ?
J'en suis convaincu. Je ne peux pas présager du rythme auquel cette conviction sera partagée. Mais une chose est sûre : autant l'absolutisme monarchique au nom de la théocratie, que le projet d'un Etat du Khalifat, sont caduques. Même dans le fond de la pensée de leurs anciens porteurs. La gauche n'est pas tellement concernée par cette remise en cause car elle a abandonné, pour l'essentiel et depuis belle lurette, ses lubies de parti unique, de ligne juste du parti et de dictature du prolétariat.
Quel sera l'après-20 février ?
La monarchie parlementaire est l'unique projet qui tienne valeur aujourd'hui. Ceci passera sans doute par un projet de replâtrage du système actuel. Personne aujourd'hui ne défend l'absolutisme à visage découvert. Mais on entend ici et là que la monarchie est un champion de la démocratie, à condition de la laisser gérer sa mutation sans pressions ni délais, ou que pour la stabilité du pays, il faut laisser au monarque ses rôles de commandeur des croyants, d'orientation des choix de l'Etat, de nomination des cadres supérieurs, de contrôle sur l'appareil de l'Etat et d'arbitrage entre les acteurs…
Quand Mohammed VI a hérité du trône, il a promis la mise en place d'un Etat moderne et démocratique. Or, ce projet a vite laissé place à l'installation dans le despotisme. Aujourd'hui le despotisme est délégitimé et il n'y a aucune raison de lui donner un quelconque sursis.
Les militants veulent un changement net et rapide. Ils craignent que les partis politiques récupèrent le Mouvement du 20 février. Quel est votre avis sur ce point ?
Je pense qu'il est normal que les partis payent le prix de leur incurie des dernières décennies. C'est pour cette raison que beaucoup de militants mettent en cause leur légitimité. Pourtant, une démocratie ne se construit pas sans partis politiques, et les élites, qui ont commis nombre de compromissions, sont quand même le reflet de nos sociétés, de nos réalités politiques et sociologiques et des équilibres historiques de forces, réels ou supposés. Il ne s'agit pas de prétendre annihiler l'ensemble des partis mais de les mettre face à leurs responsabilités. Il ne faut pas tomber dans la chasse aux sorcières, mais la neutralisation des pourris et la fin de l'impunité sont des impératifs de progrès.
Ainsi, le PAM, parti illégitime car né de l'absolutisme et de son offre d'un parapluie aux notables pour finir de lessiver les élites et la classe politique, ne peut être autorisé à exploiter le « butin de guerre » qu'il a amassé à l'ombre de l'absolutisme et continuer de corrompre la scène politique. De même, les responsables politiques mal élus, ceux qui se sont rendus coupables de crimes ou délits majeurs, et ceux qui sont allés dans la vilénie jusqu'à des niveaux insoupçonnés devront rendre des comptes et être empêchés de continuer de nuire.
Quelle est la différence entre ce mouvement et celui de votre génération ?
Il y a beaucoup de différences. Nous étions encadrés par des utopies idéologiques globalisantes (socialisme contre capitalisme, colonisés contre colonisateurs…), tandis que la jeunesse actuelle traite d'enjeux nationaux et opérationnels (bonne gouvernance, transparence, responsabilité et reddition des comptes, fin de l'impunité, juste répartition du pouvoir, de l'effort et de la fortune…).
Nous étions convaincus de solutions évidentes et étions prêts à y mettre le prix. La jeunesse d'aujourd'hui est plus pragmatique et tient à minimiser le coût du changement et à éviter la violence. Enfin, nous étions dans un monde où l'information était très difficile à obtenir et à faire circuler, face à sa fluidité aujourd'hui phénoménale.
Le mouvement est perçu comme un mouvement de la jeunesse. Est-ce totalement vrai ? N'existe-t-il pas un courant sous-jacent porté par les revendications des années 60 ?
Le Mouvement du 20 février est avant tout celui de la société. Les jeunes sont une composante, celle qui a mis le feu aux poudres, qui a assumé l'appel et qui a délibérément été mise en avant par les autres composantes de la société pour montrer qu'il n'y a pas de récupération partisane.
Les jeunes ne sont pas une négation des autres générations, ils sont les héritiers et les dépositaires de l'ensemble des luttes du peuple. La revendication de démocratie est éternelle. Seuls les groupes de proue, les modalités et les figures ont changé.
Une des conditions majeures de succès de ce genre de mouvement est d'offrir des figures symboliques auxquelles une majorité de citoyennes et de citoyens puissent s'identifier, et il est heureux que les mouvements politiques organisés aient compris l'intérêt de ne pas essayer d'imposer leurs figures, leurs slogans ou leur tutelle à ce mouvement.
Toutes les promesses du mouvement du 20 février dépendent de la capacité des mouvements politiques contestataires, des islamistes aux communistes, à lui apporter leur contribution sans limites ni réserves et à respecter son autonomie, son plafond revendicatif, ses slogans, son rythme et son leadership.


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