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Pourquoi j'ai voté PJD
Publié dans Le Soir Echos le 28 - 11 - 2011

Il y a quelques années, c'était impensable pour bon nombre d'entre eux. Pourtant, vendredi, de nombreux jeunes ont voté pour le Parti de la Justice et du développement (PJD). Pour eux, le changement ne peut rimer qu'avec nouveauté.
Dans un café de la capitale, à quelques pas d'une avenue Mohammed V envahie par les médias internationaux, des amis discutent. Quelques heures plus tôt, les premières estimations ont été annoncées. Le raz-de-marée Pjdiste est en train de submerger le pays. Circonscription après circonscription.
Un espoir de changement
Ils sont jeunes, diplômés, gravitent autour de la trentaine et travaillent aussi bien dans le public que dans le privé. Ils aiment sortir, faire la fête de temps en temps, et les filles ne portent pas le voile. Ils s'intéressent à la chose politique et ils ont voté PJD.
« Ils doivent vraiment mettre la main à la pâte et travailler pour le bien du pays et non nous cacher sous des burqas ».
Ghita
Une décision qui semble avoir été mûrement réfléchie. La première raison qu'ils évoquent est le ras-le-bol des « dinosaures de la politique », qui n'ont pas fait que du bien au pays. « J'ai personnellement choisi le PJD pour éliminer les autres partis. Ras-le-bol de l'Istiqlal et de l'USFP », nous lance Ghita, 29 ans. C'est la première fois qu'elle vote pour le PJD, et elle en rit. « Je n'aurais jamais pensé voter pour eux il y a quelques années. Mais j'ai envie de croire qu'ils peuvent nous sortir du gouffre, et que la religion y est pour quelque chose ».
En âme et conscience
Pour Hayat, 30 ans, il est surtout temps « de donner une chance à un autre parti, le PJD en l'occurrence, qui, au Parlement, a tenu ses promesses dans une large mesure ». Même son de cloche pour Sara, 30 ans, qui avait déjà voté pour eux en 2007 : « J'ai voté PJD parce qu'ils font un excellent travail dans les circonscriptions. Ils ont un programme et un discours qui sont en phase avec la réalité marocaine et ils sont porteurs d'un projet social. Et par souci d'équité, ils méritent d'avoir une chance ».
Face au résultat, pas de surprise. Il n'est, selon eux, que la conséquence logique du Printemps arabe. « Les résultats sont logiques et attendus, le Printemps arabe et les mouvements populaires au sein des pays arabes, y compris le Maroc, ont fortement participé à la victoire du PJD lors des élections législatives », analyse Salim, 30 ans. Pour sa part, Adil, 31 ans, il se dit « ravi que ce soit le PJD qui soit passé, car nul autre parti politique ne peut avoir une chance ou juste le bénéfice du doute au vu des expériences électorales précédentes ».
La perte de confiance en la politique ne serait finalement que le résultat des déceptions des gouvernements précédents. Et le PJD pourrait réussir à redonner une «virginité» à la politique. « Le PJD a depuis toujours véhiculé l'image du parti populaire, défendant son identité et ses valeurs, partagées d'ailleurs par une bonne partie des citoyens marocains », poursuit Salim.
Plus de Jupes et de Décolletés ?
Un chef de gouvernement issu d'un parti islamiste, cela fait-il peur aux filles ? La question des libertés individuelles est rapidement lâchée. Et ces demoiselles semblent rassurées de ce côté-là. Pour elles, le PJD a d'autres chats à fouetter. Selon Hayat, le PJD s'attaquera d'abord à son programme politique. « Le pays souffre d'un certain nombre de problèmes structurels : corruption, croissance économique, emploi des jeunes, analphabétisme, fiscalité, santé, justice…et j'en passe. Un parti majoritaire est tenu d'atteindre d'abord les objectifs qu'il s'est fixé lors de la présentation de son programme électoral ».
Pour Ghita aussi, il n'y a pas de crainte. « Le PJD doit être conscient que la majorité les a choisis pour éliminer les dinosaures, et qu'ils doivent vraiment mettre la main à la pâte et travailler pour le bien du pays et non nous cacher sous des burqas ». À l'autre bout de la table, une jeune femme s'inquiète pourtant. Narjiss, 27 ans, est moins optimiste que ses voisins. « Le résultat ne m'a surprise qu'à moitié ! J'ai été plus surprise par les intentions de vote de mon entourage à J-2 du grand jour. Je suis déçue par les résultats forcément, l'extrémisme aussi modéré soit-il n'a rien de positif. Heureusement que nous avons une monarchie et que les choses ne changeront pas radicalement».
Lorsque l'on insiste sur les libertés individuelles, les filles nous rappellent que les PJDistes sont modérés. « Je ne comprends absolument pas ce scepticisme et cette hostilité envers le PJD », s'étonne Lamia. « Ce ne sont pas des extrémistes ou des intégristes, mais des islamistes modérés. Et qui dit islam, dit respect de la femme. Qui dit islam, dit respect des libertés individuelles et tolérance. Alors pourquoi avoir peur d'un parti islamiste ? »
Hayat, quant à elle, « plaint les gens qui ont des craintes juste par rapport à leurs intérêts qui résident dans la consommation de l'alcool, les sorties, les fêtes, l'aspect vestimentaire. Cela n'a rien à voir avec l'avenir du pays ». Quelque soit l'avis de chacun sur l'arrivée des islamistes au pouvoir, ils s'entendent au moins sur une chose. Il faut laisser du temps au temps.
MICRO-TROTTOIR
Que pensez-vous de la victoire des islamistes au législatives ?
Khadroum Mohamed, Commerçant, 62 ans :
«Ecarter les anciens que nous détestons »
«J'aime beaucoup le PJD et nous n'avons entendu que du bien de ce parti. Tous ceux qui vont écarter les anciens que nous détestons, nous les soutenons. Au PJD, nous disons qu'il a tout notre soutien du moment qu'il apporte le changement dont ce pays a besoin. Je pense aussi que le PJD peut faire taire ces manifestations quasi quotidiennes».
Khadija, Employée, 21 ans:
« Ils sont dans l'obligation d'assurer »
«Je voulais qu'il remporte ces élections et le PJD l'a fait. Cela fait très longtemps qu'ils voulaient accéder au pouvoir et montrer de quoi ils sont capables et maintenant ils sont dans l'obligation d'assurer. Je pense que le PJD va contribuer à un changement important au Maroc. Je ne peux être qu'optimiste».
Rachid Tabit, Comptable, 30 ans
«La conscience des Marocains a atteint sa maturité»
«Je pense que cette victoire exprime la volonté des Marocains. Cela fait plus de 10 ans qu'on parle de l'urgence d'écarter les vieux partis du gouvernement. La conscience des Marocains a atteint sa maturité en donnant la chance au PJD. La transition démocratique a de beaux jours devant elle, j'en suis convaincu».
Mouwafak Mohamed, Professeur universitaire, 70 ans
«Nous avons tous une part de conservatisme en nous»
«En tant qu'Algérien, nous sommes avec la décision de la majorité des Marocains que nous aimons énormément. Où est le problème si les Marocains choisissent un parti islamiste ? Ce mot ne doit pas faire peur. Nous avons tous une part de conservatisme en nous. Le peuple marocain a fait preuve de maturité et a su faire la part des choses»
Houria Berrada, Responsable commerciale, 47 ans
« Je suis inquiète pour les femmes »
«La victoire était prévisible car il y a eu un laisser-aller de la part des autres partis politiques.Je suis déçue par ce résultat et inquiète pour l'avenir des droits de la femme et les droits publics, mais on verra ce qu'ils vont faire. Vu leur conviction et leur principes, je reste sceptique. Le Maroc va reculer à mon avis».
Salaheddine Bencharat, Chauffeur touristique, 27 ans
«Nous allons voir de nouveaux visages»
«C'est une bonne chose, cette victoire. Je suis personnellement très content car nous allons voir de nouveaux visages sur la scène politique et entendre de nouvelles visions des choses.
Pour le Maroc, la situation va sans aucun doute changer. Le PJD n'a pas intérêt à nous décevoir. Et une chose est sûre, ce ne sera plus jamais la même chose».
Propos recueillis par Alae BENNANI. Photos Yassine TOUMI


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