Expliquez-nous l'histoire de la RS Cup La Clio RS Cup a été lancée l'année dernière, en catégorie Formule nationale, créée elle, dans les années 70 avec la super 5. En 1999, on est passés à Fiat avec le trophée Palio Menara qui a duré deux ans. Puis, jusqu'en 2010, on est restés avec la Rio Cup, et en 2011, on a décidé de passer à une autre catégorie, avec des Clio RS. On a allégé les voitures, mais tous les éléments de sécurité qui sont homologués FIA sont fournis par Renault Sports. On a ajouté des améliorations au niveau du moteur, de l'échappement, des suspensions, de façon à rendre ces voitures plus puissantes et plus agréables. Aujourd'hui, elles développent 600 chevaux, avec 1 060 kilos ; ce qui donne un rapport 0-100 km/h à 6,1 secondes. De vraies petites bombes. Le team comprend 19 pilotes qui participent tous aux épreuves annuelles dans le cadre du championnat du Maroc. Vous êtes en pleins préparatifs pour le WTCC. Que représente pour vous cet événement ? Effectivement, on sera à Marrakech du 12 au 15 avril. Notre participation à la manche du WTCC est une bonne occasion pour faire connaître la catégorie Clio RS Cup. C'est un événement national et international magnifique qui aura des répercussions positives pour nos pilotes et nos sponsors. Dans l'atelier du team, c'est l'effervescence pour les derniers préparatifs avant la course de Marrakech Quelles sont les démarches à suivre pour un jeune qui veut se lancer dans la course automobile ? Un jeune qui veut se lancer dans la course automobile doit d'abord savoir bien piloter. Et pour cela, il n'y a que le circuit de karting à Benslimane, où il peut s'initier à la conduite sportive et acquérir de bonnes bases. On n'a pas de circuit fermé au Maroc, il est impossible de s'entraîner dans de bonnes conditions. Beaucoup de pilotes sont obligés d'aller à l'étranger pour se former. A quand donc une école de pilotage au Maroc. Vous y pensez avec vos partenaires? C'est le souhait de beaucoup de monde, mais pour cela il faudrait un circuit permanent. La fédération se bat aujourd'hui pour ça et c'est aussi le souhait de tous les pilotes marocains de pouvoir disposer un jour d'un circuit. On a des voitures mais on ne sait pas où faire des compétitions. Les organisateurs font le maximum pour trouver des endroits pour pouvoir évoluer. Je pense qu'avec le WTCC à Marrakech et le nombre croissant des compétitions, on ne devrait pas tarder à avoir enfin un vrai circuit. Comment cela se passe-t-il pour un jeune qui veut intégrer votre team ? Le futur pilote vient me voir, je teste ses connaissances. On discute donc avec lui pour connaître ses motivations, et si l'ensemble des pilotes le souhaitent, car nous sommes une communauté, on le fait rentrer dans notre team. C'est un véritable engagement qu'on attend du pilote, et s'il est accepté, il doit être présent à toutes les courses. Cette année, on a intégré 10 nouveaux pilotes qui n'ont jamais couru auparavant dans d'autres catégories. Ces roukys sont très motivés et on le voit dans les classements. Derniers préparatifs et derniers réglages avant le jour J. Combien coûte un engagement ? Les voitures sont vendues en dessous de leur prix réel, à savoir 245 000 DH TTC touts équipées, sachant que la voiture de base de M. Tout-le-monde vaut 275 000 DH. Toutes les voitures kitées sont identiques ; au départ, chacun tire au sort son numéro de chassis et les moteurs et les boîtes sont plombés avant chaque course. Une fois contrôlées, on donne notre OK pour la course. Tout le monde est donc à armes égales. On n'a jamais voulu la course à l'armement, seul le pilotage doit primer. C'est ça la vraie valeur de cette course. On tolère quelques petits réglages personnels, selon le pilotage de chacun sinon, tous les autres éléments des voitures sont identiques. Une fois contrôlées chez nous, les voitures sont acheminées au meeting par nos camions. Sur place, les pilotes paient au club organisateur un droit d'engagement de 600 DH. Restent à leur charge le carburant et les pneus. Vos pilotes sont fin prêts alors ? On démarre tout juste la saison. En début d'année, on est partis à Ascasri en Espagne pour un stage de formation, et on en a profité pour faire une course. Sinon, l'an dernier j'ai été surpris par l'évolution rapide des nouveaux pilotes qui se sont intégrés tout de suite et ont évolué rapidement avec des temps qui se sont considérablement rapprochés avec les premiers. En 2012, il y a aura de belles surprises. Prêts aussi pour Marrakech ? Pour Marrakech, on s'est bien préparés. On a fait des tests grandeur nature à Ascari, en Espagne. On a pu améliorer le niveau de chacun et corriger les petites erreurs. Il faut savoir que chaque voiture est équipée d'une mini caméra, ce qui nous permet après chaque course de visualiser les parcours de chacun et corriger les petites erreurs. A Ascari, on a fait le même nombre de kilomètres que ce que l'on va faire sur le circuit de Marrakech, à savoir 4,7 km. On ne connaît pas encore le programme officiel, mais il y aura au minimum 2 courses. Ce team, c'est votre bébé et pourtant vous ne pilotez pas. Je suis dans la course auto depuis 19 ans, mais je n'ai jamais piloté. Le pilotage ne m'intéresse pas, moi je suis attiré par la préparation des voitures. J'en ai modifié beaucoup, c'est une passion ! Je m'occupe du team depuis 1998-99. Je prends les voitures qui me semblent plus adaptées à ce que je veux faire : ça a été Fiat, puis la Rio Cup, et en 2011, j'ai jeté mon dévolu sur la Clio. Pourquoi ce choix de la Clio ? Avant de choisir Renault, j'ai pensé à Alfa Roméo, mais il y avait le problème du turbo. Les Clio sont atmosphériques donc pas bidouillables comme avec les turbo. Il y a un esprit d'équité sur les Clio qu'on ne retrouve pas avec d'autres voitures. En plus d'avoir une grande renommée, la Clio a un très bon rapport qualité/prix. On bénéficie enfin des prestations de Renault Maroc que je n'ai pas trouvées ailleurs. Leur département sport est très efficace et ils sont toujours là pour nous aider. C'est un excellent choix qu'on a fait car ils nous apportent une aide précieuse. Il ne faut pas oublier que les pilotes sont de grands enfants, et si on n'apporte pas d'améliorations aux voitures, ils se lassent vite. Avec Renault Sports, on peut faire évoluer les voitures. C'est un excellent choix qu'on a fait. C'est tout naturellement que Renault est devenu notre partenaire, tout comme Wafa Assurances. Créateur de la première voiture marocaine Huit exemplaires de la Menara ont été fabriqués à ce jour. Né en 1949 à Casablanca, Gilbert Guzzo met les mains dans le cambouis dès l'âge de 16 ans, après avoir obtenu son CAP au collège Ibn Toufaïl au Maarif . Embauché comme simple mécanicien aux Chantiers et Ateliers du Maroc, il se met vite à son compte en prenant la gestion d'une station service à Aïn Sebaa. Il y installe alors un atelier mécanique et les commandes suivent rapidement. Il répare aussi bien des bateaux que des voitures ou des caravanes et se fait vite une bonne réputation. Grâce à un prêt bancaire, il monte sa société et importe des caravanes et des camping-cars, très à la mode à l'époque. Mais très vite, il doit changer de stratégie et fabriquer lui-même ses véhicules. 74 camping-cars sortent alors de ses ateliers sur la base de chassis Bedford et Fiat. Il fabriquera même un hors-bord qu'il baptisera Cobra. Ce touche-à-tout étend son génie à d'autres secteurs et fabriquera ainsi des manèges, des bungalows de chantiers, des remorques spéciales… Même le garage royal lui confie l'aménagement et l'entretien de ses caravanes. Jusque-là, Gilbert Guzzo ne s'intéresse que très peu aux voitures. Un beau jour, il est contacté par le palais pour réaliser la réplique d'une voiture. Un double défi : fabriquer une réplique de la Peugeot Bébé de 1913 dessinée par Ettore Bugatti en y intégrant des équipements modernes comme la direction assistée, une boîte de vitesse automatique , des disques de freins et surtout un moteur puissant. La voiture est présentée au roi Hassan II en 1989, qui lui commandera d'autres répliques. En 1993, l'idée de fabriquer une voiture 100% marocaine est lancée et en quelques mois la Menara voit le jour. Huit modèles ont été fabriqués à ce jour. Grand passionné de sports automobile, Guzzo s'investit dans les courses, relance la formule nationale en 1999, avec le trophée Palio-Menara, en partenariat avec Fiat. La formule connaît un grand succès, et en 2008-2010, elle est reconduite avec la Formule Kia Rio Cup. En 2011, changement de formule avec la Renault Cio RS. Des voitures plus puissantes qui sont préparées par le team Menara et dont les équipements sont fournis par Renault Sports.
