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Tunisie : et maintenant ?
Publié dans Le temps le 08 - 02 - 2011

La Tunisie est aujourd'hui un pays à reconstruire. A quoi ressemblera l'après-Benali ? Eclairage.
Il se racontait que sur dix millions de Tunisiens, sept millions travaillaient pour le compte de la police secrète de Benali. Une historiette comme il en existe des dizaines. Pendant vingt-trois ans, sous cape, on glosait sur les travers d'une présidence quasi-de droit divin. L'autoritarisme, le luxe, les dérives oligarchiques de Zine el-Abidine Ben Ali se colportaient de bouche à oreille. La mainmise du pouvoir sur les affaires les plus juteuses du pays. Cette manière qu'avait le «père de la nation» d'affranchir du foncier patrimonial pour le revendre, plus-values à la clef, aux opérateurs privés. Son ingérence arbitraire dans le capital des banques, des compagnies d'assurances, des fleurons industriels les plus porteurs. Le petit peuple s'en faisait prétexte à tailler le bout de gras, à soupirer en attendant des jours meilleurs. Puis vint l'étincelle. Un épiphénomène insolite certes, mais somme toute banal. Dix-sept décembre, Mohamed Bouaziz, modeste vendeur ambulant de 26 ans, pose un acte fondateur. Il s'immole par le feu, poussé en cela par une profonde désespérance. Son injustice : une confiscation de sa marchandise par la police. L'acte choque. L'effet domino s'enclenche. C'est une population chauffée à blanc qui déroule sa rage dans les rues d'une carte postale : Sidi Bouzid. Des manifestations éclatent, on s'insurge pêle-mêle contre la vie chère, le chômage et l'inexistence d'un ascenseur social. Un deuxième jeune Houcine Nejji, se donne la mort en se jetant sur des fils de haute tension. Dans la nuit de Noël, les forces de l'ordre dérapent. Ils tirent à balles réelles sur un rassemblement de 2000 personnes. Un gamin de 18 ans tombe, il ne se relèvera plus. Dès lors, la fronde se métastase. Souk Jedid, Menzel Bouzayane, Meknassi, Regueb, Kairouan, Sfax et Tunis. Il faudra que le pays s'installe dans un chaos généralisé pour que Ben Ali s'exprime enfin. Son discours est musclé. Il hurle à l'instrumentalisation, taxe les émeutiers de terroristes. En coulisses, il remanie. Le secrétaire général de la municipalité de Sidi Bouszid saute, il est suivi par le ministre de la Jeunesse. Sur le terrain, les corps de métiers s'organisent. Journalistes et avocats défilent. Ils seront à leur tour rudoyés pas la police. A ce stade, Ben Ali se sait perdu. Par conséquent, il dépoussière la boîte à promesses. Trois cent mille emplois, prise en charge des catégories les plus démunies. La duperie est grossière. A Thala, Kasserine et Regueb, quatorze citoyens tombent, canardés par les forces de police. La colère du peuple mise en branle, aucune machine arrière n'est plus possible. Les marches funèbres se multiplient, les écoles et universités ferment l'une après l'autre. La diaspora tunisienne se démène, médias à l'appui, pour accélérer le cours des choses. « Quelque chose s'est dressé qui ne descendra plus» disait Ségolène Royal. Tunis est touchée. Entre échauffourées et ruée populaire, la mort dresse son bilan : 8 civils. Au milieu de la débandade générale, l'incivisme germe. Pillages et agressions se muent en normes. Ben Ali, apeuré, emperle les professions de foi. Internet libre, réformes tous azimuts et surtout, surtout, départ définitif en 2014. Rien n'y fait, le soir même, le sang coule : 15 morts de plus. Il fallait une apothéose. Le 14 janvier en sera l'incarnation. Plus de 5000 personnes se bousculent sur l'artère principale de la capitale. Devant le ministère de l'Intérieur, on donne un ultime coup de semonce. Déluge de balles réelles et tsunami de gaz lacrymogènes. Dans la foulée, Sfax et Sousse s'enflamment. Ben Ali se fait une raison. Il fuit.
Le clan Ben Ali et les gangs Trabelsi
C'est à l'aune d'une révolution comme celle des Tunisiens que l'on mesure l'espace de liberté dont nous jouissons, nous autres Marocains. Ce modèle économique tunisien si efficace, si intelligent n'a pas tenu. Peu diversifié (tourisme, textile…), s'appuyant lourdement sur l'Union Européenne, il privilégiait une main-d'œuvre peu qualifiée. Or, ayant fixé son cap de croissance sur l'éducation des Tunisiens, le modèle, démographie dynamique aidant, a produit une population jeune, hautement formée mais en parfaite inadéquation avec le marché de l'emploi. Selon le Los Angeles Times, sur les dix dernières années, la proportion de demandeurs d'emploi possédant un Bac+4 est passée de 20 % de la population active à plus de 55 % en 2009. Ben Ali, défenseur vieillot d'un développement par l'industrie, a négligé des gisements d'emploi à forte valeur ajoutée, nouvelles technologies, business intelligence, etc. Pis, lorsque les soubassements d'une stratégie économique incertaine ne sont qu'opacité et clientélisme, il n'existe plus d'issue. Flottant comme au dessus de la mêlée économique, la première dame de Tunisie, Leila Trabelsi, flanquée d'une fratrie de dix, s'est arrogé le privilège de saigner tout secteur promettant une croissance à deux chiffres. Tout y passe : télécoms, banques, grande distribution. Le clan levait une dîme, un impôt supplémentaire sur l'économie du pays. Baignant dans le lucre le plus obscène, elle arrachait, accumulait, thésaurisait sur le sang et la sueur d'un peuple. A l'aube de sa déchéance, elle aura un dernier sursaut de vénalité : retirer 1,5 tonne de lingots d'or de la Banque Centrale avant de s'envoler pour Dubaï. On ne se refait pas.
La volte-face des amis
En marge de la révolution du Jasmin, un pays ami, a dévoilé une face honteuse : la France. Ben Ali, le vieil ami déchu, devient soudain le despote pestiféré que l'on adore détester. Cédant à l'excitation générale, la ministre des Affaires étrangères Michelle Alliot-Marie libère une spontanéité forgée par des années de Françafrique. Outrée qu'un peuple maghrébin veuille arracher sa liberté du joug d'un autocrate, elle se propose d'aider le pouvoir en place à maintenir l'ordre. On ne pouvait rêver meilleur aveu de la vision qu'a l'Occident du monde arabe. Une horde de sanguins inaptes à vivre en démocratie. Cette vision simpliste de MAM a trop fait de mal au peuple arabe. Il est en résumé stipulé que pour faire rempart à l'islamisme, tout pays arabe est censé être dirigé par une dictature. Et si d'aventure cette dictature use de dirigisme économique pour développer son pays, c'est tant mieux. Le pouvoir français s'est accommodé d'une mise au pas du peuple tunisien pendant 23 ans. En 2008, alors en visite officielle chez l'allié Ben Ali, le président Nicolas Sarkozy s'était fendu d'un grotesque satisfecit : «Aujourd'hui, l'espace des libertés progresse, ce sont des signes encourageants que je veux saluer». Et d'ajouter: « Je ne vois pas au nom de quoi je me permettrais, dans ce pays, de m'ériger en donneur de leçons». La démagogie qui ruisselle du discours présidentiel n'aura d'égal que les contrats engrangés dans la foulée par Airbus et Alstom. Deux ans plus tard, le même président refuse l'hospitalité à son champion des libertés qui progressent.
Mélange de volte-face, de valses idéologiques, la France et ses élites ont démontré une méconnaissance ignare du Maghreb. Editorialistes, chroniqueurs, rédacteurs, il semblerait qu'en France, on se soit passé le mot pour angler sur «la contagion maghrébine». Partout, on fit des amalgames. Tous les jours, on se pose la question : A quand le tour de l'Algérie ? Celui du Maroc viendra-t-il un jour ? A coups de comparaisons fumeuses, on fait des bouleversements tunisiens ceux d'une région. Passons sur l'Algérie, la situation y est connue et déplorée : des généraux, un président fantoche, 55 milliards de dollars d'avoirs, du gaz naturel et du pétrole et un peuple affamé : la république bananière. Par contre, lorsque la presse française ose mettre le Maroc dans le même sac, il y a des vérités qu'il s'agit de rappeler. D'abord la Révolution du Jasmin a déjà eu lieu chez nous. C'est l'accession au trône de Mohammed VI. De fait, la sévérité du régime Benalien s'apparente davantage à nos années de plomb. Deuxièmement, l'orientation résolument sociale du monarque, INDH, projets structurants, régionalisation, offshoring, désenclavement du Nord, libéralisation de l'économie, tourisme, politique énergétique, tout ceci concourt, a contrario du modèle tunisien, à créer des opportunités d'emploi pour des jeunes de mieux en mieux formés. Quid alors du jeu politique ? Si l'on est révulsés de l'immaturité de nos parlementaires, chefs de partis, maires, conseillers communaux ; si les guéguerres partisanes PAM/PJD ou encore PAM/Istiqllal, si les combines électoralistes, les passe-droits, les propos diffamatoires, les guerres des mots, les colères indignées des uns et des autres, si la transhumance et l'absentéisme des députés nous horripilent, il n'en reste pas moins - et c'est un fait- qu'il existe bel et bien un jeu et un enjeu politiques dans ce pays. Mieux, coulé dans le moule de l'adhésion historique, le rapport du peuple à l'Etat et à ses valeurs est inamovible. Preuve en est l'incroyable expression de patriotisme démontrée par la Marche de Casablanca: trois millions d'âmes unies au diapason de notre intégrité territoriale. Sous la présidence de Ben Ali, la Tunisie n'eut pour unique pluralisme que le dogmatisme libertaire du RCD tout-puissant, parti d'un président élu à 99,54 %. Il n'y a pas photo.
Ne pas regarder dans le rétroviseur
La Tunisie est donc aujourd'hui un pays à reconstruire. A quoi ressemblera l'après-Benali ? Politiquement, la création d'un gouvernement d'Unité nationale est un premier pas. Il faudra composer avec des ex-proches de Ben Ali. Reconstruire ne signifie pas faire table rase de tout élément humain ayant servi le despote. Entreprendre une chasse aux sorcières analogue à celle menée contre les pivots du parti Bath en Irak a donné les résultats qu'on connaît. Il faudra adopter une approche consensuelle. Charles De Gaulle, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, ne s'est pas lancé dans une traque infertile aux collabos, et François Mitterrand avait un passé trouble teinté de pétainisme. Le gouvernement d'Unité nationale élaboré par l'ancien Premier ministre de Ben Ali, Mohamed Ghannouchi s'est ouvert à trois opposants du régime, mais a judicieusement, nous le croyons, reconduit les ministres de l'Intérieur, de la Défense, des Affaires étrangères et des Finances. Sa décision fait grincer des dents et des ministres ont démissioné. Néanmoins, la démocratie naissante a besoin de compétences. Il s'élèvera toujours un intellectuel ou un blogueur pour réclamer la tête d'un ex-RDC, mais le pragmatisme politique veut que l'on passe l'éponge sur le passé. Un nouveau soleil étend ses rais de lumière sur la Tunisie, pays de révolution mais avant tout, pays de paix et de …Jasmin.
Réda Dalil
6 novembre 1987 Coup d'Etat en douceur
Habib Bourguiba, Président de la République et fondateur de la Tunisie moderne, est déposé par le Premier ministre Zine El Abidine Ben Ali qui devient chef de l'Etat. Vingt-trois ans durant, il géra le pays d'une main de fer.
1992 La régente de Carthage
Née Leïla Trabelsi en 1957, elle épouse Ben Ali en 1992 et devient première dame de Tunisie. Issue d'une famille pauvre, elle exerçait à l'origine la profession de coiffeuse. La majorité des Tunisiens l'accusent d'avoir tissé avec sa famille une toile de la corruption. Elle s'est enfuie emportant avec elle 1,5 tonne d'or.
17 décembre 2010 Halte à la hogra !
Jeune vendeur ambulant de fruits et légumes sans permis, diplômé mais au chômage, Mohamed Bouazizi, 26 ans, s'est immolé par le feu à Sidi Bouzid suite à un contrôle de police. Une foule estimée à 5.000 personnes a marché derrière son cercueil en criant vengeance jusqu'au cimetière de Garaat Bennour, à 16 km de Sidi Bouzid. «Adieu Mohamed nous te vengerons, ton sang n'aura pas coulé pour rien». Bouazizi devient un symbole.
19-20 décembre 2010 Jusqu'au bout
Début du mouvement social contre le chômage et la vie chère à Sidi Bouzid en réaction à l'immolation le 17 décembre d'un jeune marchand de rue qui protestait contre la saisie de sa marchandise par la police. Nul ne pourra arrêter les Tunisiens vivant depuis de longues années sous le joug de la dictature.
13 janvier 2011 Ben Ali ne fait plus peur
Ben Ali s'invite pour la troisième fois à la télévision. Il s'engage à quitter le pouvoir en 2014. Agé de 74 ans, il annonce qu'il ne briguera pas un nouveau mandat en 2014 et a dévoilé une série de mesures visant à désamorcer la crise. Il paraissait affaibli, pitoyable. «Je vous ai compris, je vous ai bien compris tous», a-t-il dit notamment.
14 janvier 2011 Zine AL HARIBINE (Fuyards) Ben Ali
Suite aux manifestations scondées par des «Ben Ali dehors», le président tunisien quitte le pays après vingt-trois années au pouvoir. On le surnommera alors «Zine Al Haribine (fuyards) Ben Ali». L'intérim est assuré par le Premier ministre Mohammed Ghannouchi.
La révolution trahie
Une révolution ne l'est -n'est une révolution- que si elle fait table rase du passé. On ne tourne pas la page, on la déchire. Il est vrai qu'on s'est débarrassé de Ben Ali mais son legs est toujours resplendissant. On a coupé la tête mais le canard court toujours, vif. Le système bâti minutieusement par le général des services de Renseignements, Ben Ali, perdure à travers ses PPP. Pègre, Parti, Police. Son régime de Renseignements, unique au monde, fondé sur l'auto-délation, garde toujours sa capacité de nuisance. Sa police, la gardienne du temple du «benalisme», défend toujours ses «bastillons».
Ils se disent représentatifs. De qui? De Mohamed Bouazizi, l'immolé, ce guerrier du trottoir ? Représentatifs des chômeurs diplômés ou bidoun [«ceux qui n'ont rien»] ?
Vous nous avez leurrés, arnaqués, volés un quart de siècle durant et vous vous apprêtez, ici et maintenant, à voler le rêve de la Tunisie vaillante. Vous ne cherchez pas à confisquer la révolution, plutôt vous complotez pour l'achever. Révolutionnaires de mon pays, réveillez-vous et brandissez l'étendard du refus face à l'ignominie. «NO PASARAN!»
Taoufik Ben Brik
Dans de nombreux d'Etats arabes, la corruption est généralisée et les passe-droits sont monnaie courante. Analyse.
Quelles leçons à tirer pour les pays arabes ?
Les événements qui se sont déroulés en ce début d'année 2011 en Algérie et Tunisie sont graves et interpellent le monde arabe dans son ensemble. Les causes principales de ces événements sont le manque de démocratie et de liberté, le chômage des jeunes, les inégalités sociales, la corruption, la pauvreté, le logement social déficient, pour résumer «un mal vivre» qui frappe la majorité de la population et surtout les jeunes.
Certes, la situation dans le monde arabe n'est pas la même pour tous les pays, et chacun a ses propres spécificités. Cependant, on retrouve certains points communs. Prenons le problème de la démocratie et de la liberté. De là où on jette son regard, on ne voit que régimes autoritaires, où la démocratie est formelle, les libertés limitées, les droits de l'homme bafoués. Certains chefs d'Etat arabes s'accrochent à leur poste depuis des décennies, et tentent de pousser leur progéniture à prendre la succession. dans de nombreux d'Etats arabes, la corruption est généralisée et les passe-droits sont monnaie courante. La presse y est le plus souvent muselée, et les médias publics utilisés principalement pour la propagande des dirigeants en place. Sur le plan économique et social, ce n'est guère mieux. Le PIB par habitant dans les pays arabes est l'un des plus faibles du monde, sauf pour les pays pétroliers et gaziers qui bénéficient d'une manne providentielle, et dont ils ne font pas bénéficier leurs peuples. Les dirigeants et leur entourage s'accaparent la plus grande partie des richesses du pays dans le cadre d'une économie de rente, au détriment du reste de la population. L'analphabétisme et la médiocrité de l'enseignement ne permettent pas à la plupart des pays arabes de constituer une véritable classe moyenne, propre à assurer la stabilité sociale. Le résultat est une population généralement pauvre, mal éduquée, et frustrée.
La démocratie, meilleur rempart contre l'extrémisme religieux
A moins de prendre rapidement des mesures radicales, la plupart des pays arabes peuvent très bien connaître les troubles tels qu'ils se sont déroulés en Algérie et en Tunisie. Les dirigeants actuels arabes, sous peine de connaître le même sort que Ben Ali, doivent accélérer la démocratisation de leur régime politique, l'élargissement des libertés individuelles et collectives, le respect des droits de l'homme. Ils ne doivent pas s'accrocher au pouvoir et doivent promouvoir la constitution de gouvernements crédibles, émanant d'élections libres et transparentes, avec tous les pouvoirs nécessaires pour gérer le pays. Ils doivent instaurer une séparation réelle du pouvoir judiciaire de l'exécutif, et lutter avec acharnement contre la corruption et les abus de droits. Il est indispensable d'éradiquer dans ces pays l'analphabétisme et d'améliorer la qualité de l'enseignement. Le développement économique et social doit être la priorité afin de permettre à la majorité de la population de bénéficier d'un emploi, d'un logement décent, et d'un niveau de vie convenable. Certes, la tâche est difficile et rude, mais c'est le seul moyen d'éviter des troubles dommageables, des drames collectifs, et la marginalisation du monde arabe dans le concert des nations. Contrairement à ce que beaucoup pensent, le meilleur rempart contre l'extrémisme religieux n'est pas l'autoritarisme mais le développement de la démocratie et de l'économie sociale.
Par Jawad Kerdoudi
Président de l'IMRI
Institut Marocain des Relations Internationales.


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