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Rondeurs mania: " Lahssa sahraouia", le nouveau danger
Publié dans L'observateur du Maroc le 12 - 01 - 2024


Des rondeurs à tout prix
Après le diktat de la minceur, nous y voilà avec l'obsession des rondeurs. Dans la lignée de Derdek et compagnie, " Lahssa sahraouia " promet Monts et merveilles à celles qui rêvent de courbures généreuses. " Crois moi ma soeur tu auras les fesses rebondies et la poitrine de tes rêves au bout de 15 jours. Avec ma "Lahssa", tu seras bien servie et tu n'en croiras pas tes yeux en voyant ton corps se transformer aussi rapidement ", m'assure l'administratrice de l'une des centaines de pages instagram et facebook proposant ce produit miracle.
Fruits secs, graines, herbes et chocolat les composantes affichées de Lahssa
A des prix oscillant entre 200 et 300 dhs le kilo, ces " fabriquants " de lahssa vous assaurent que vous en aurez pour votre argent. Des influenceuses l'ayant testé n'hésitent pas à en vanter les vertus en postant des photos avant et après. Parmi les cinq vendeurs que j'ai contacté via instagram pour les besoins de cet article, aucun d'eux n'a émis la moindre réserve ou l'ombre d'un doute par rapport à l'effet 100% garanti de ce produit miracle. " Un effet immédiat qui se révèle dès la deuxième semaine d'utilisation et qui est absolument durable", me promet l'admin de l'une de ces pages.
Recette traditionnelle mais...
Profitant de sa popularité grandissante, ces dernières n'ont pas tardé à en faire un fond de commerce pour jeter le grappin sur le marché juteux des courbures. " Lahssa sahraoyuia ou filalia n'est pas un produit nouveau. C'est une tradition "alimentaire" qui est assez répandue dans les provinces du Sud où l'un des critères locaux de beauté féminine reste un corps qui a de l'embonpoint ", nous explique Siham Belaid, nutritioniste à Casablanca.
Des influenceuses l'ayant testé, n'hésitent pas à en vanter les vertus en postant des photos avant et après Lahssa
Une recette traditionnelle pour aider les femmes à gagner du poids naturellement et pour s'aligner aux normes esthétiques locales. Une sorte de "sellou pro max", comme le qualifie avec humour ses amatrices. C'est également une pratique ancestrale comme il y en a plusieurs dans ces régions telles le "hguine" (injection d'eau de mer) ou "Loudek" (massage à base de graisse de chameau). " A l'origine, c'est un complément alimentaire, une recette à base de fruits secs, de graines, d'herbes, de miel et d'huile d'olive et d'aliments riches en nutriments stimulants d'appétit ", nous explique la nutritionniste en insistant sur le mot " A l'origine".
Au prix cher
Réccupérée par ces nouveaux fabriquants et adaptée aux besoins d'une clientèle très demandeuse, lahssa sahraouia s'est inventée une autre vie... " Ma cousine a toujours été une fille mince à la morphologie longiligne. Même après son mariage et sa grossesse, son poids n'a jamais changé. Pourtant, elle mourrait d'envie d'avoir des rondeurs, d'avoir un corps sexy pour séduire son mari et préserver son mariage. Elle a commencé à prendre Lahssa et son corps s'est effectivement transformé ", nous raconte Hind.E. La cousine aimait ce qui arrivait à son corps et doublait les doses car elle ne voulait surtout pas que la magie disparaisse.
" Son mari était aux anges et elle en jubilait... Un jour alors qu'elle faisait la vaisselle, elle s'écroule. Esquintée, elle est hôspitalisée en urgence. En réanimation, elle sombre dans le coma pendant 6 jours. Les médecins n'ont pas pu détecter ce qui clochait au juste chez elle ", pousruit Hind. Puis la jeune femme de 30 ans, se réveille brusquement avant que les médecins ne puissent diagnostiquer son mal. Elle rentre chez elle, poursuit son train de vie pendant deux autres mois, continue apparement de prendre sa potion magique jusqu'au jour où elle rechute.
Cette fois, son coma ne dure que deux jours. Elle meurt en emportant son secret avec elle. " Dans la famille on était sous le choc. Elle était en bonne santé et ne souffrait d'aucun mal. la seule chose qu'elle prenait c'était cette potion, une sorte de complément alimentaire à base de fruits secs et qui refermait également un tas de médicaments. Mais on n'avait que des doutes et aucune preuve que c'est la cause réelle de sa mort. On ne pouvait rien y faire. On a gardé le silence tout simplement ", nous raconte la cousine dévastée.
On s'alarme
Des doutes qui sont par ailleurs partagés par un bon nombre d'internautes s'exprimant sur les groupes féminins sur les réseaux sociaux. Face au grand engouement des jeunes femmes pour "lahssa" et pour ses effets miraculeux, de nombreuses voix s'élèvent en contre courant pour lancer des alertes par rapport aux "composantes cachées " et "inconnues" de cette potion.
Le Dexaméthasone est clandestinement utilisé pour doper la croissance d'animaux d'élevage et engraisser les veaux !
" Les filles faites attention à ce que vous ingurgitez ! ne faites pas confiance à ces gens à l'affût de gain rapide. Ils y mettent des produits chimiques et des médicaments qui peuvent être très dangereux pour la santé ", alerte une membre du groupe Ladies First. Des mises en garde qui sont parfois appuyées par des photos des médicaments utilisés. Parmi ces vedettes ont retrouve le fameux Dexaméthasone ou encore la cyprohéptadine, deux agents actifs souvent détournés de leur usage initial et dont les effets secondaires restent graves voire très dangereux.
Un corticoïde qui change de vocation, remarquez l'indication " Gros fesses" !!!
" Le Dexaméthasone est un corticoïde de synthèse qui a une action anti-inflammatoire et antiallergique. Sa puissance est 40 fois celle du cortisol. C'est un médicament qui doit être pris sous prescription médicale avec indication des doses bien précises " nous explique Siham Belaid. Aux effets secondaires lourds, le Dexaméthasone est clandestinement utilisé pour doper la croissance d'animaux d'élevage et engraisser les veaux car permettant une prise de poids rapide... Les veaux insiste-t-on.
Effets " désirables " !
Détourné de sa fonction première, le Dexaméthasone a déjà été pointé par le Centre anti poison et de pharmacovigilance du Maroc en faisant l'objet de plusieurs alertes publiques. Importé en contrebande, " ce corticoïde n'est pas recommandé pour une utilisation quotidienne prolongée et son administration ne doit pas dépasser les six jours durant lesquels le patient doit suivre un régime sans sel "; prévient le Centre.
Contrefaçon et mésusage avec même un changement d'indication sur l'emballage
" La prise sans suivi médical expose les patients à des effets indésirables. Il se produit une redistribution du tissu graisseux qui se fixe sur le tronc et le visage donnant un aspect gonflé. Cette obésité s'accompagne de pathologies pouvant être graves et parfois irréversibles tels le diabète, l'hypertension artérielle, d'ostéoporose ou encore des atteintes oculaires (cataracte et glaucome)..." met en garde le CAFM. Ce rapport est d'autant plus inquiétant car révélant l'existence d'un marché de contrefaçon des médicaments qui pourraient être hautement dangereux pour la santé en l'absence des contrôles en vigueur.
Super appétit
Le deuxième accusé n'est autre que la cyprohéptadine, Super appétit pour les intimes, la molécule qui fait un tabac sur les réseaux sociaux grâce à son super pouvoir de stimulateur d'appétit. " C'est un médicament antiallergique qui jusqu'en 1994, était également indiqué pour stimuler l'appétit chez les malades présentant une anorexie physique. Une indication retirée plutard à cause d'une balance bénéfice/risques largement désiquilibrée ", note la praticienne.
Des propos confirmés par un rapport du Centre Anti Poison et de Pharmacovigilance du Maroc intitulé " Les intoxications médicamenteuses ". " Parmi les médicaments du système respiratoire, la cyprohéptadine est la plus impliquée ( NDLR: dans les intoxications médicamenteuses). Ce médicament, qui représente près de 5% du chiffre d'affaires des ventes en pharmacie au Maroc, pose un réel problème de mésusage chez certaines femmes marocaines qui désirent prendre du poids ", indique le rapport.
Pression sociale
Des alertes et des mises en garde qui devraient en principe dissuader ces femmes en quête du corps "parfait" mais paradoxalement il n'en est rien. Derdek ou lahssa... Si les produits et les moyens changent, cette obsession reste cependant intacte. Pourquoi donc s'exposer au danger de telle manière ?
" Les femmes sont influencées par des normes de beauté se présentant comme des "scripts" sociaux. Des facteurs tels que l'industrie de la beauté, les médias, la publicité et la culture populaire déterminent en grande partie la manière dont les femmes doivent présenter leur corps en les forçant à investir du temps et de l'énergie dans la recherche de conformité ", analyse Dr Hassan Baha, professeur universitaire et sociologue.
Sur les réseaux sociaux, les femmes sont constamment confrontées à des images idéalisées de la beauté.
D'après ce dernier, cette pression sociale, centrée sur l'apparence, les maintient dans une position de " subordination ". Comment cela ? " En les évaluant en permanence et en premier lieu sur des critères physiques et des standards spécifiques, tels la minceur ou les courbes considérées comme attrayantes ", spécifie le sociologue.
Réseaux sociaux, encore et toujours
Une pression énorme à laquelle se rajoute celle engendrée par les réseaux sociaux et leur effet miroir déstabilisant. " Sur les réseaux sociaux, les femmes sont constamment exposées à des images idéalisées de la beauté. Cette exposition peut influencer la perception qu'une femme a de son propre corps, la poussant à une comparaison frustrante aux idéaux de beauté souvent inatteignables ", nous explique le sociologue.
Sentiment d'infériorité doublé du désir de modifier ce corps " pas conforme aux normes ambiantes " ajouté à la " forte conccurence pour accéder aux meilleures opportunités"... Ces jeunes femmes vivent un grand stress et sont en état permanent de "challenge ". " Sur ces plateformes, les interactions sociales, telles que les likes et les commentaires, deviennent des moyens de recherche d'approbation, ce qui accrue le besoin de modifier son apparence afin d'obtenir une reconnaissance et une validation sociale positive ", ajoute Hassan Baha.
Prisme déformant l'image de soi, " les réseaux sociaux amplifient d'ailleurs ce désir de changer d'apparence ", comme l'explique le sociologue. Un désir qui prend souvent les allures d'un besoin vital et qui peut devenir même fatal... Avoir le corps de Kim Kardashian vaut-il vraiment la peine de risquer sa santé et sa vie ? A méditer


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