Entre les syncopes brûlantes du funk et les rythmes profond du Gnaoua, la rencontre entre Comafunk et le Maâlem Khalid Sansi a provoqué samedi 21 juin, une tempête sonore où les traditions se réinventent sous le signe du groove. Cette fusion musicale unique a intégré des éléments de funk, de blues, de musique afro-caribéenne et de gnaoua. Les qraqebs, instruments traditionnels gnaouas, se sont mêlés aux cuivres et aux percussions caribéennes, créant une ambiance festive et transcendantale et attirant une foule nombreuse et enthousiaste. Avec son style inclassable, le phénomène cubain Cimafunk bouscule avec brio la musique cubaine à coups d'afrobeats, de hip-hop et d'énergie funk brute. Juste avant de monter sur scène, il nous livré son penchant pour ce style musical et son admiration pour la musique Gnaoua. C'est la première fois que vous vous produisez à Essaouira. Quel est votre sentiment ? C'est génial, de me retrouver ici avec ma famille, mes amis, ma communauté, ça me rappelle chez moi, et le lien avec les gens est très intense, mentalement et spirituellement parlant. Je suis reconnaissant de me trouver ici, j'apprends en permanence, et je félicite le festival pour son énorme succès, on passe un très bon moment. Vous avez été initié à la musique Gnaoua par le pianiste de jazz américain Randy Weston, que représente justement cette musique pour vous ? La musique Gnaoua, c'est comme la famille pour moi, communauté, communication, groove, guérison, énergie, musique noire, racines, respect pour les vieux et pour les traditions, rendre les gens meilleurs. Et puis, cette fusion avec les maâlems Gnaouas, c'est beaucoup de travail, de pouvoir préserver ce genre musical, et tous ces gens qui viennent assister à cette musique qui perpétue les traditions et les racines. C'est génial que ce genre de festivals puisse exister dans le monde. Vous êtes aussi sensible au côté spirituel de cette musique ? Cette musique a une dimension spirituelle qui me touche. C'est un sentiment que je ne peux pas expliquer, je ne connais ni l'histoire de cette musique, ni la signification des mots mais j'arrive à la sentir. Depuis qu'on est arrivé, mes musiciens et moi, on ressent comme une sorte de connexion électrique, et sentir cette énergie, c'est juste incroyable et intense. Vous allez faire une fusion avec Maâlem Khalid Sansi. Comment allez-vous parvenir à mixer sons afrobeat, funk... et rythmes gnaouis ? L'idée c'est de savoir écouter et apprendre des Maâlems Gnaoua, parce qu'ils savent et maîtrisent des choses qu'on ignore. On écoute leur musique et on essaie de comprendre le tempo et le groove qui s'en dégage parce qu'il y a des notes complexes qui ne sont pas faciles à exécuter. Cette musique se distingue par sa profondeur, elle est inspirée du vécu des anciens Maâlems qui chantaient leur souffrance liée à l'esclavage. Pour faire une bonne fusion, il faut être sur la même longueur d'ondes avec les Maâlems surtout au niveau vibrations. Il faut savoir écouter et être capable d'apprendre, pas juste s'imposer. C'est une explosion de groove. Comment définissez-vous votre musique ? C'est une musique saine, pure et énergétique qui fait vibrer les corps et les âmes. Elle a un rôle thérapeutique et donc c'est un vrai remède pour les maux de l'âme. Votre musique est un hommage aux Cimarrons, des esclaves cubains en fuite ayant résisté à l'oppression. C'est important pour vous ce côté engagé ? Oui, c'est très important, je ne le vois pas comme un hommage, mais comme une nécessité. C'est une musique saine qui permet de respecter les aïeux, les traditions, et puis ça rappelle l'histoire de nos ancêtres qui ont été ramené d'Afrique dans d'atroces conditions. J'essaie de garder le bon côté des choses et de fédérer les gens grâce à ma musique, les rendre heureux et les rendre fiers d'eux-mêmes. On a assez souffert, il est temps de répandre de la joie. Avez-vous d'autres projets pour le futur après votre dernier album « Tu cuerpa » ? Je vais bientôt sortir un nouvel album et je suis très content parce qu'il a un lien avec la musique cubaine. C'est un peu un retour aux sources afro-cubaines avec des notes funky, soul et blues.