La mendicité en ligne gagne du terrain. Doublée d'escroquerie et de manipulation émotionnelle, la pratique prolifère sur les réseaux sociaux. Interpellé à ce propos au Parlement, le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, a révélé des chiffres éloquents de ce phénomène. Rien qu'en 2020, plus de 6.128 affaires ont été traitées par les tribunaux avec 6.525 condamnations de personnes impliquées dans différentes formes de mendicité. Dans son intervention devant la Chambre des représentants, le ministre met en garde contre une forme de mendicité qui dépasse les simples appels à l'aide. Manipulation émotionnelle, exploitation d'images choquantes de personnes en détresse et parfois même usurpation d'identité deviennent monnaie courante. Souvent doublées d'escroquerie et de manipulation émotionnelle, ces pratiques relèvent, selon Ouahbi, de l'infraction pénale. Le ministère entend ainsi renforcer son action non seulement contre la mendicité numérique elle-même, mais aussi contre l'ensemble des pratiques et des fraudes qui y sont liées. Le ministre a rappelé par la même occasion que la loi marocaine ne fait aucune distinction entre mendicité dans la rue et mendicité en ligne. Toute collecte de dons ou appel à la charité, effectué en dehors du cadre juridique prévu régulant les actions de bienfaisance, est considérée comme une infraction pénale. Et les peines peuvent être lourdes, met en garde le ministre. Pour contrer la migration de la mendicité vers les plateformes numériques, les autorités appellent les citoyens à la vigilance. De leurs côtés, elles renforcent la répression de ce type d'actes. D'après Ouahbi, toute action caritative doit passer par les canaux « légaux ». Donner oui, mais en toute légalité.