Service militaire: lancement lundi prochain de l'opération de sélection et d'incorporation des appelés au sein du 40e contingent    L'anniversaire de la Princesse Lalla Meryem, l'occasion de saluer son action en faveur de la femme et de l'enfant    Expulsé du TICAD 9, le Polisario essuie un nouveau revers diplomatique    Hausse fulgurante des recettes douanières avec record de 144,8 MMDH en 2024    Le groupe chinois Dongfeng présente cinq nouveaux modèles automobiles à Casablanca et élargit son implantation au Maroc    Le Maroc approvisionne le Bangladesh en engrais pour plus de 282 millions de dirhams    Le chef de Boko Haram neutralisé grâce à l'appui du Maroc (La Razón)    Maroc – Niger / Billetterie : La FRMF annonce 47 555 billets vendus et 62 loges écoulées dès la première demi-journée    Revente de billets Maroc-Niger : un profit scandaleux qui choque les supporters    Un détenu meurt à Fès après son admission à l'hôpital universitaire    La SMIT engage un dispositif de contrôle par visites mystères pour jauger les prestations des établissements touristiques    Tourisme en images – EP7. Les trésors de Laâyoune-Sakia El Hamra    Agadir : Cap sur l'équité territoriale et l'efficacité des services    Marrakech : Hausse de 6% des nuitées à fin juin    Coup de cœur tourisme Ep6 : Le quartier des Habous, l'âme de Casablanca    Xi Jinping reçoit le président de la Douma russe et réaffirme la profondeur du partenariat stratégique entre Pékin et Moscou    25e Sommet de l'OCS : pour une gouvernance mondiale plus juste et plus équitable    Un politicien sans bon sens!    L'insignifiance de l'Europe : chronique d'un déclin qui pouvait être évité    Le Maroc et Le Monde : entre clichés journalistiques et réalité historique    Lettre ouverte au journal français «Le Monde»    CHAN 2024 : Maroc-Sénégal, une demie finale aux allures de finale    Qualifs CDM 26. Maroc - Niger / Des billets jusqu'à 20 000 DH : inédit au Maroc !    Mercato : Donnarumma tout proche de Manchester City    Leicester rassure El Khannouss sur son avenir, son entraîneur explique son absence    Cheptel national: plus de 32,8 millions de têtes recensées (ministère)    Le Maroc franchit le seuil d'un million de véhicules produits et prépare un port géant à Nador, défiant l'industrie automobile espagnole, s'émeut "elEconomista"    Les prévisions du mardi 26 août 2025    Le groupe CIM Santé mise 100 MMAD dans l'Oncologie    Le vol Ryanair RK1266 entre Manchester et Agadir atterrit d'urgence après une tentative d'ouverture de sortie de secours    Institut de Droit International : Appel Royal à un Droit international plus résilient [INTEGRAL]    Al Akhawayn University joins LearningWell Coalition as first international member    Morocco sees livestock growth to 32.8 million as replenishment measures take effect    34 arrested after drug baron Moussa's extravagant wedding in Zeghanghane    Football : Neil El Aynaoui confirme ses dispositions à jouer pour le Maroc    Les Etats-Unis suspendent le vaccin anti-chikungunya du laboratoire Valneva    Avec l'aide de la Corée, Trump veut ressusciter l'industrie navale américaine    Un transfert à 6 M€ pour Louza en Russie ?    Clôture du festival Noujoum Gnaoua à Casablanca    Ali Hassan, la voix vibrante de "Cinéma Al Khamiss" n'est plus    Intelligence artificielle: La Chine veut porter la puissance de calcul intelligente à plus de 40%    Beyrouth : l'expérience marocaine du Code de la Famille consacrée modèle pionnier par l'ONU    Khénifra célèbre la diversité amazighe lors du Festival international "Ajdir Izourane"    Archéologie : Comment les découvertes au Maroc réécrivent la préhistoire    Tétouan. SAR le Prince Héritier Moulay El Hassan reçoit des enfants maqdessis    Décès d'Ali Hassan, icône de la télévision et du cinéma marocains    L'auteur américain Jeff Koehler revisite le séjour de Henri Matisse au Maroc    Une exposition itinérante célèbre l'Histoire partagée entre Amsterdam et le Maroc    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Le Maroc et Le Monde : entre clichés journalistiques et réalité historique
Publié dans L'observateur du Maroc le 26 - 08 - 2025

Ce n'est pas la liberté d'expression que je conteste, ni le droit du Monde de scruter le Maroc. Ce que je mets en cause, c'est la qualité d'un journal autrefois exemplaire et qui, depuis des années, semble avoir renoncé à l'exigence intellectuelle qui fit sa grandeur. Le problème n'est pas qu'un article critique soit publié. Le problème est qu'il le soit avec une telle légèreté d'analyse et une telle complaisance dans le cliché que je me demande ce qu'est devenu le quotidien de référence.
Bernard-Henri Lévy l'avait relevé il y a déjà des dizaines d'années : « Le Monde avait rompu avec son héritage et s'était abandonné à une écriture emphatique, volontiers conspirationniste, transformant chaque détail en pièce à conviction dans des procès intellectuels préfabriqués. » BHL dénonçait aussi cette tentation d'ériger les journalistes en procureurs et en arbitres des vérités, oubliant que la presse n'est pas faite pour "changer la France", mais pour informer et éclairer.
Ces critiques, je les retrouve intactes aujourd'hui. L'article du 24 août sur une supposée "atmosphère de fin de règne" au Maroc illustre ce penchant : dramatisation gratuite, formules toutes faites, mise en récit plus proche du roman-feuilleton que de l'enquête rigoureuse.
Ce que ce type d'approche occulte, c'est la singularité profonde du Maroc : un pays à la fois jeune et ancien, moderne et enraciné, une nation vivante et complexe qui ne se laisse pas réduire à des grilles d'analyse importées. En novembre 2005, j'avais publié dans Le Monde unetribune où j'écrivais que le Maroc est un "jeune pays vieux de treize siècles". Deux décennies plus tard, ce constat reste vrai. Le Maroc, c'est la monarchie ; et la monarchie, c'est le Maroc. Ceux qui n'arrivent pas à comprendre ce lien organique, cette relation fusionnelle entre le Roi et son peuple, passent à côté de l'essence même de notre identité nationale.
Je le redis avec force : la monarchie n'est ni un archaïsme ni un décor institutionnel. Elle est l'ossature de la nation, sa continuité, son ciment. Elle conjugue tradition et modernité, enracinement et avenir. Réduire cette réalité à un récit de "fin de règne", c'est commettre une double faute : une faute de compréhension et une faute de respect.
Compréhension, car on ne peut rien saisir du Maroc si l'on ignore la centralité de la monarchie. Respect, car on ne peut sérieusement analyser un peuple en niant ce qui fonde son imaginaire collectif et sa cohésion.
Je ne nie pas que le Maroc ait ses défis, ses contradictions, ses faiblesses. Mais les comprendre exige rigueur, nuance et profondeur. Autant de qualités qui furent longtemps celles du Monde et qui semblent s'être dissipées dans la facilité des clichés. La critique journalistique est légitime, et même nécessaire. Mais elle doit être fondée, étayée, proportionnée. Lorsqu'elle devient approximation, elle cesse d'éclairer et se réduit à une posture.
La vraie question n'est donc pas de savoir si Le Monde a le droit d'écrire sur le Maroc. Bien sûr qu'il l'a. La question est de savoir s'il en est encore capable. Capable de parler avec la hauteur et l'intelligence qui furent jadis sa marque. Capable d'offrir au lecteur autre chose qu'un récit convenu et paresseux. Le Maroc n'a pas changé dans son essence : jeune et vieux à la fois, moderne et enraciné, il demeure inséparable de sa monarchie. Ceux qui refusent de le voir ne font que projeter leurs fantasmes.
Voilà le véritable drame, et c'est peut-être la seule "fin de règne" que je reconnais : celle du grand Monde d'autrefois, celui qui savait comprendre avant de juger.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.