Le Maroc passe à la vitesse supérieure dans la refonte de son système de santé. Avec un investissement colossal de 3,3 milliards de dirhams, le ministère de la Santé et de la Protection sociale lance un vaste programme de réhabilitation et de modernisation de 90 hôpitaux dans toutes les régions du Royaume. Une initiative qui s'inscrit dans la dynamique de réforme du secteur pour un accès plus équitable et de qualité aux soins pour tous les citoyens. L'annonce a été faite par Amine Tahraoui, ministre de la Santé et de la Protection sociale, lors de la présentation du budget sectoriel de son département, les 3 et 4 novembre, devant la Commission des secteurs sociaux à la Chambre des représentants, dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances 2026. Un vaste chantier Dans sa présentation, le ministre a précisé que son département poursuivra, au cours des trois prochaines années, la mise à niveau des centres de soins de santé primaires restants, soit 1.600 établissements, pour un coût de 6,9 milliards de dirhams. Cela fait suite à la première phase du programme qui a déjà permis la réhabilitation de 1.400 centres de santé avec un investissement de 6,4 milliards de dirhams, comme l'explique Tahraoui. Par ailleurs, l'année 2026 marquera l'achèvement de l'hôpital Ibn Sina à Rabat, un projet emblématique du nouveau réseau hospitalier marocain, ainsi que la mise en service du CHU de Laâyoune. Les travaux se poursuivent également pour les CHU de Béni Mellal, Guelmim et Errachidia, qui visent à renforcer l'offre universitaire en santé et à ériger les régions en pôles médicaux intégrés. Dans le même cadre, le ministre a annoncé le lancement du programme de construction de 12 centres régionaux de transfusion sanguine doté d'une enveloppe de 200 millions de dirhams, inscrite dans le budget 2026. Le ministère prévoit également la poursuite et le lancement de nouveaux chantiers hospitaliers régionaux et provinciaux, notamment des hôpitaux psychiatriques, de spécialités et de proximité, tout en mettant en place progressivement les groupements sanitaires territoriaux, une nouvelle structure de gestion locale des services de santé. Ressources humaines, du renfort Sur le plan des ressources humaines, 8.000 postes budgétaires seront ouverts pour le secteur de la santé en 2026, soit 1.500 de plus que l'an dernier. Cette dynamique s'accompagne d'un programme de valorisation des compétences médicales nationales et d'une amélioration de la gouvernance à travers la mise en œuvre des nouvelles agences publiques, dont l'Agence marocaine des médicaments et l'Agence marocaine de l'appui à la santé. Le ministre a aussi souligné la généralisation du système d'information hospitalier intégré à l'ensemble des établissements du Royaume, pour plus de coordination et de transparence. Budget en hausse Le budget global alloué au secteur de la santé dans le PLF 2026 atteindra 42,4 milliards de dirhams, soit une hausse de 9,8 milliards de dirhams par rapport à l'année précédente. Une progression qui traduit, selon le ministre, « la forte volonté du gouvernement de renforcer le financement du système de santé national et de poursuivre sa réforme globale, conformément aux Hautes Orientations Royales visant à consolider les fondements de l'Etat social et à garantir le droit à la santé pour tous les citoyens ». Dans ce même sens, ce plan prévoit des investissements régionaux ciblés. Le ministre a ainsi annoncé plusieurs projets régionaux majeurs. Dans la région Rabat-Salé-Kénitra, le chantier du nouveau centre hospitalier Ibn Sina à Rabat figure parmi les projets nationaux majeurs et prioritaires. Avec un budget colossal de 3,2 milliards de dirhams, il symbolise l'ambition d'une offre de soins à la hauteur des standards internationaux. Plus au Sud, dans la région Laâyoune-Sakia El Hamra, le centre hospitalier universitaire de Laâyoune est en phase de réalisation, pour un investissement de 1,36 milliard de dirhams, marquant une étape clé dans la structuration d'un pôle médical universitaire au service des provinces du Sud. La région Guelmim-Oued Noun profitera également d'un vaste programme de modernisation avec 50,53 millions de dirhams dédiés à la reconstruction de l'hôpital régional de Guelmim, et 250 millions supplémentaires pour son extension en centre hospitalier universitaire. Tandis qu'à Sidi Ifni, un budget de 74,32 millions de dirhams sera mobilisé pour la construction d'un nouvel hôpital provincial, renforçant ainsi l'accès aux soins dans cette zone. Une santé équitable Dans le Nord, la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima bénéficiera d'un investissement de 150 millions de dirhams pour la construction de l'hôpital des spécialités de Tétouan, tandis que 60 millions seront consacrés au nouvel hôpital provincial de Ouezzane. Plus au centre, la région Béni Mellal-Khénifra verra la reconstruction complète de l'hôpital régional de Béni Mellal (150 millions de dirhams), la construction et l'équipement du CHU de la ville (170 millions) ainsi que la réhabilitation de l'hôpital provincial d'Azilal (60 millions). Dans la région Marrakech-Safi, 230 millions de dirhams iront à l'hôpital provincial de Rehamna, tandis que 120 millions seront dédiés au CHU d'Errachidia, confirmant la volonté du ministère d'étendre la modernisation du réseau hospitalier à l'ensemble du territoire. Ce programme ambitieux s'inscrit dans le cadre du déploiement progressif de la réforme du système de santé national, visant à moderniser les infrastructures, améliorer l'accueil et la qualité des soins, et assurer la continuité des services publics de santé, comme l'explique Tahraoui dans sa présentation. Une démarche qui traduit, selon lui, « l'engagement du ministère à mettre en œuvre les Orientations Royales en faveur de l'équité territoriale et de l'amélioration des indicateurs de santé à l'échelle nationale ».