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Le Niqab au volant fait déraper Sarkozy
Publié dans L'observateur du Maroc le 07 - 05 - 2010

Nicolas Sarkozy et son gouvernement ont l’art de se piéger eux mêmes ! La question de l’éventuelle interdiction totale du niqab en France en est la caricature. En plein débat sur cette affaire, une jeune femme de 31 ans annonce avoir écopé de 22 euros d’amende pour avoir été au volant de sa voiture intégralement voilée. Raison : «conduite dans des conditions non aisées». Cette histoire aurait dû ne pas quitter la rubrique «faits divers». C’était sans compter sur la fuite en avant d’un gouvernement obsédé par son fiasco aux élections régionales de mars qui tente de reconquérir son électorat le plus à droite et celui du Front national. C’était aussi sans compter sur la précipitation du ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, à demander à Eric Besson, son collègue de l'Immigration et de l'intégration, d’examiner les conditions dans lesquelles Liès Hebbadj, le conjoint de la conductrice voilée, pourrait être déchu de sa nationalité française. Raisons invoquées: Hebbadj, né algérien et devenu français par mariage, serait polygame, chacune de ses quatre femmes «bénéficierait de l'allocation parent isolé» - une fraude - et, cerise sur le gâteau, il appartiendrait à une «mouvance radicale de l’islam». On peut bien sûr se demander pourquoi, si ces faits sont avérés, les pouvoirs publics n’ont pas sévi plus tôt. Mais on n’en est pas à une incongruité près.
Sortir du piège juridique
En attendant, les musulmans de France se sentent de plus en plus stigmatisés alors que les plaies ouvertes par le désastreux débat sur l’identité nationale sont loin d’être refermées. Quant à Brice Hortefeux, son utilisation précipitée de l’incident - excès de zèle ou action concertée avec le chef de l’Etat, on ne sait…- a placé le gouvernement dans un piège juridique dont il ne peut sortir qu’en légiférant à nouveau ! Rien ne dit en effet que Hebbadj puisse être déchu de sa nationalité française. Car de l’aveu même d’Eric Besson, il sera «probablement» difficile de prouver sa polygamie. D’autant qu’ayant compris la faille, Hebbadj nie être polygame et revendique «des maîtresses», ce que nulle loi n’interdit ! Quant à la fraude aux aides sociales, elle est condamnable et passible de la justice, mais elle ne constitue pas un motif de déchéance de la nationalité française.
Qu’à cela ne tienne ! Les textes ne visant pour l’essentiel que les espions ou les personnes mêlées au terrorisme, le gouvernement envisage une «évolution législative» sur les conditions de cette déchéance… Quant au projet de loi sur l’interdiction totale du niqab, il devrait être présenté le 19 mai en Conseil des ministres et en septembre devant le Parlement. Avec la possibilité que le Conseil constitutionnel le retoque. «Un risque à prendre», estime le Premier ministre, apparemment pas inquiet des dérapages qu’entraînera inévitablement un débat sur une loi, aussi «sensible» que le fut la polémique sur l’identité nationale, et dont le seul objectif est de (re)conquérir l'électorat du Front national.
Répondre aux peurs identitaires
C’est bien là le fond de cette affaire. Certes les rangs de la gauche et de la droite sont divisés sur l'opportunité d’une loi interdisant totalement le niqab. Personne, droite, gauche et société confondues, n’a non plus envie de voir le port du voile intégral se banaliser et envahir l’espace public. Mais la dramatisation d’un phénomène très marginal est devenue un «marqueur du sarkozysme» pour reprendre les termes d’un éditorial du Journal du Dimanche qui y voit une volonté du gouvernement de «conjurer l’extrême droite en répondant aux peurs identitaires des Français», alors que seuls 33% d’entre eux sont favorables à l’interdiction totale du niqab. Interdiction d’ailleurs inapplicable, comme l’a souligné le Conseil d’Etat qui n’en voit la possibilité que dans les services publics. On imagine mal en effet des policières osant dévoiler des femmes dans la rue et dans le cas où certaines s’y risqueraient, on préfère ne pas penser aux réactions que cela susciterait et aux incidents qui s’ensuivraient.
Quoi qu’il en soit, monter cette question en épingle comme si les trottoirs de France étaient remplis de femmes intégralement voilées ne sert qu’à pêcher, en vue de la présidentielle de 2012, dans les eaux troubles du Front national et à montrer à l’électorat le plus à droite que l’ère de la tolérance est révolue.
Reprendre la main, une tactique politique
Si on dit Brice Hortefeux impressionné par le succès de la Ligue du nord en Italie qui a joué avec une certaine réussite sur le registre de la xénophobie, il reste à savoir pourquoi Nicolas Sarkozy se lance dans cette aventure. Ministre de l’intérieur de Jacques Chirac en 2003, l’actuel chef de l’Etat était très réservé sur l’interdiction du simple foulard islamique à l’école et se méfiait de «l’intégrisme laïque». Aujourd’hui, tout se passe comme si, face à la chute de sa popularité et à une crise économique très dure, Nicolas Sarkozy était tenté par une tactique politique : celle qui, face à d’éventuels désordres créés par une infime minorité d’extrémistes musulmans ou de l’extrême droite, lui permettrait de «reprendre la main» en satisfaisant à la demande d’ordre et de sécurité émanant des couches les plus xénophobes de la société française. C’est là un piège terrible sauf à oublier la leçon des régionales de mars où, à force de terroriser les gens avec une identité prétendue en danger, on a ouvert un boulevard au racisme et au Front national…
Sauf aussi à oublier qu’à force de stigmatiser même indirectement une communauté au nom de la République et du «vivre ensemble», on risque d’amplifier un phénomène marginal. Et surtout de creuser un fossé dont on ne mesure pas encore les conséquences sur l’avenir. Une situation qui inspire un éditorial très dur au quotidien le Monde. Titré «Déchéance politique», ce dernier conclut : «Si l’on était aussi irréfléchi que M. Hortefeux, on demanderait volontiers sa ‘déchéance ministérielle’».


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