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Une escalade incompréhensible
Publié dans L'observateur du Maroc le 10 - 05 - 2010


Ahmed Charaï
L’affaire de la destruction de l’hôpital Benchimol à Tanger a provoqué une vive polémique. Une pétition signée par les Juifs marocains de par le Monde laisse même entendre qu’il s’agit d’une entorse à la tolérance et à la convivialité entre les communautés marocaines.
Rien n’est plus faux. On peut critiquer le manque de communication des autorités locales de Tanger qui auraient dû négocier avec la communauté Juive, propriétaire du bien. Mais de là à en faire un manque de tolérance officiel, il faut une grande dose de mauvaise foi.
Le judaïsme marocain est partie intégrante de la nation marocaine. Les Juifs sont des citoyens à part entière et, faut-il le rappeler, Mohammed V a refusé d’appliquer les lois de Vichy au nom de cette citoyenneté.
Ceux qui ont choisi de rester sont parfaitement intégrés. Ils jouissent des mêmes droits que les musulmans. Ils sont présents dans le commerce, la fonction publique, les hautes fonctions de l’Etat et la politique.
Les 700.000 Juifs marocains installés en Israël gardent des liens forts avec le Maroc et désignent le Roi par le terme Sidna qui signifie une allégeance. Un ministre Israélien a même été critiqué pour avoir dit «Sidna».
Comparer la destruction de l’hôpital à celle du quartier de «la Porte du Marocain» à Jérusalem est tout aussi incompréhensible. La politique de Judaïsation d’Israël, condamnée par le monde entier obéit à une logique politique qui n’a pas lieu d’être transposée au Maroc.
C’est finalement à la communauté juive marocaine de rétablir les vérités. Elle a le devoir, bien entendu de défendre le patrimoine juif. Ce faisant, elle défend l’identité plurielle du Maroc. Mais elle a aussi le devoir de crier la vérité, c'est-à-dire que nul ne la stigmatise dans son pays en dehors de quelques fous intégristes qui stigmatisent l’ensemble des Marocains. Il faut que certains de ses membres se rendent compte que la victimisation est une impasse, qui porte tort au pays et à leur communauté.
«Mohammed VI, un homme de paix»
Shlomo Amar le Grand Rabbin séfarade d’Israël
propos reccueillis par HAKIM ARIF
Les Juifs marocains restent toujours Marocains même quand ils ont quitté le pays depuis des décennies. Le grand rabbin d’Israël Shlomo Amar est l’un d’eux. Défenseur d’une paix durable et juste entre tous les peuples, très au fait du conflit du Proche-Orient, il fait partie de ceux, rares, qui pèsent de leur poids sur le cours des choses par leur sagesse. Il nous livre ses impressions sur le Maroc, sur le roi Mohammed VI. Parole nécessaire à un moment où des milieux tendent à propager l’idée d’un malaise des juifs marocains. Comme tous les Juifs qui ont vécu au Maroc, Shlomo Amar n’oublie pas ce que la monarchie marocaine a fait pour sa communauté. La résistance de Mohammed VI au régime français de Vichy qui voulait poursuivre l’œuvre des nazis ; l’intermédiation pour la paix de feu Hassan II ainsi que les efforts du roi Mohammed VI pour instaurer un dialogue sain et serein entre Palestiniens et Israéliens.
Bio
Shlomo Amar est né à Casablanca en 1948. Il fit toutes ses études primaires à l’école juive Otsar Ha-Tora de cette ville, et en 1962, immigra en Israël avec ses parents. Il étudia ensuite dans l’Institut Tiferet Tsion de Bne Braq et dans la maison d’étude Shlomi. Alors qu’il n’avait que vingt ans, on lui demanda de diriger ce qui concernait le rabbinat à Shlomi. En 2002, il fut nommé Grand rabbin de la ville de Tel-Aviv Jaffa, et, en 2003, il fut élu Grand rabbin de Jérusalem (Rishon Le-Tsion) et Grand rabbin sépharade d’Israël. Il occupe ce poste en même temps que Yona Metzger, le Grand rabbin Ashkénaze d’Israël.
L’Observateur du Maroc Le Maroc a toujours vécu dans la diversité confessionnelle. Aujourd’hui encore, les juifs originaires du Maroc viennent régulièrement en pèlerinage et le roi du Maroc est pour eux un protecteur. Comment voyez-vous cette relation ?
Shlomo Amar. Le roi Mohammed VI est une personne intelligente, il s’est toujours préoccupé des religions suivant en cela le chemin tracé par son père et son grand-père. C’est un ami de l’humanité qui porte une véritable affection à son peuple. J’ai senti cela lors de la première audience que sa Majesté a bien voulu m’accorder. Je n’oublierai jamais lorsque je lui ai demandé : «Majesté, je vous conjure de protéger les Juifs là où ils sont». Il m’a alors répondu : «Au Maroc, il n’y pas de distinction entre Juifs et Arabes, il n’y a que des citoyens marocains». J’ai senti cette sincérité incroyable qui se dégageait de lui.
Qu’est ce qui lie le plus les Juifs à leur terre marocaine ?
A ce sujet, je rappellerai seulement la position de feu Mohammed V au moment de la Shoah, lorsqu’une bonne partie des pays européens s’est comportée en barbare. Le roi Mohammed V a tenu bon. Il a non seulement protégé les Juifs du Maroc, mais il a aussi ouvert le pays aux Juifs menacés en Europe. Plusieurs d’entre eux ont trouvé la paix et la quiétude au Maroc. C’est un exemple pour le monde entier.
Comment voyez-vous le rôle du Maroc dans l’instauration d’une paix durable entre Palestiniens et Israéliens ?
J’aimerais tout d’abord rappeler que la paix entre Israël et l’Egypte s’est faite grâce à feu Hassan II. Le roi Mohammed VI poursuivra, j’en suis convaincu, l’œuvre de paix. Il a tout le charisme pour s’imposer en tant qu’homme de paix. Il ne faut pas oublier d’ailleurs que le Maroc est un pays de tolérance. Il a une particularité en ce sens que le roi est le commandeur des croyants qui bénéficie de l’estime de toutes les communautés religieuses.
Chronologie des faits
A Tanger, au cours de la nuit du vendredi 2 au samedi 3 avril 2010, en pleine fête de Pessah (Pâque juive), l’Hôpital Benchimol est rasé. L’ordre a été donné par le wali de Tanger, selon les ouvriers en charge de la démolition.
• L’information est relayée par le journal local «La dépêche du nord» dans sa livraison du 10 avril. Titre de l’article paru en 1ère page : Démolition de l’hôpital israélite/Le caïd emprisonne les gardiens et confisque leurs téléphones – Les vieillards de l’asile ont failli vivre une tragédie humanitaire». Le surlendemain, une copie scannée de cet article est mise en ligne à travers différents forums web.
• Le 12 avril, Jacobo Israel Garzón, président des communautés juives d’Espagne demande des explications sur cette affaire au wali de Tanger. «Ceci constitue à nos yeux un acte très grave à l´encontre du droit à la propriété», lit-on dans cette correspondance écrite sur un ton outré.
• En même temps, l’historien de l'art Ralph Toledano et Simon Levy, secrétaire général de la Fondation du patrimoine culturel judéo-marocain, lancent, chacun de son côté un appel international pour protester contre la démolition de l’hôpital Benchimol. «Responsables de tous bords, respectez le patrimoine national !», lance en titre de son appel S. Lévy. De son côté R. Toledano s’émeut : «Ce n’est pas seulement le caractère juif de l’édifice qui élève mon émotion. Toute destruction de témoignage historique représente une perte irréparable, le patrimoine étant la seule valeur qui ne puisse se reconstituer».
• Le 15 avril, le Dr David Bensoussan
Porte-Parole, de la communauté sépharade unifiée du Québec proteste aussi auprès de Nouzha Chekrouni, ambassadrice du Maroc au Canada. Réponse lui est apportée quelques jours après.
• Cependant, une pétition est lancée depuis Paris et vise à recueillir plus de 50.000 signatures contre la démolition de l’hôpital Benchimol.
• Le 22 avril 2010, la communauté israélite de Tanger, très critiquée dans cette affaire, diffuse un communiqué explicatif. Tous les faits (confirmés dans l’interview de Serge Berdugo publiée dans ce dossier) sont relatés, y compris le détail des réponses données par le wali de Tanger lors de la réunion tenue avec une délégation du comité de la communauté israélite de Tanger que préside Abraham Azancot, en compagnie de Serge Berdugo, Secrétaire général du Conseil des communautés israélites du Maroc. Ce dernier diffuse aussi, le 26 avril, un communiqué. «Les incidents de parcours ne doivent pas occulter le travail accompli et les résultats obtenus dans la préservation des sites et des signes du passé juif marocain», écrit-t-il.
Extrait des réponses de Mohamed Hassad, wali de Tanger
• La démolition de bâtiment a été décidée par le Conseil Municipal le 26/11/2008, décision notifiée le 28/11/08.
• Cette initiative était dictée par la Commune Urbaine pour des raisons de salubrité et dans le cadre d’une étude du plan d’aménagement sectoriel de la zone où se trouve le Palais Moulay Hafid (Institutions italiennes)
• Il est hors de question que la Communauté Juive de Tanger soit l’objet d’une quelconque discrimination et encore moins, d’une spoliation.
• La coïncidence de la date de démolition avec la fête de Pessah est la résultante d’un hasard malheureux.
• L’Administration procède généralement aux démolitions les vendredi soir pour profiter du week-end et éviter les attroupements et la perturbation du trafic.
• Le statut de propriété de la Communauté sur le terrain de l’Ex-Hôpital Benchimol est inviolable.
• Les autres bâtiments situés sur le même îlot que l’Ex-Hôpital Benchimol seront également démolis dans un très proche avenir dès lors que les procédures administratives seront accomplies.
• Le wali s’est déclaré ouvert, dans le cadre de l’aménagement urbanistique de la ville, à toute solution du problème créé par la démolition de l’Ex-Hôpital Benchimol, solution qui pourrait être soit une éventuelle juste compensation financière, soit l’approbation d’un projet immobilier qui serait présenté par notre Comité.
• Il n’y aura jamais de violation des cimetières juifs.
Simon Levi, Secrétaire général de la Fondation du patrimoine culturel judéo-marocain
«Détruire ce monument sans nous prévenir est un scandale»
M. z
La Fondation du patrimoine culturel judéo-marocain a été créée en 1995. Simon Lévy est son secrétaire général. Il se dit «indigné par la destruction de l’hôpital Ben Shimol». «Détruire ce monument sans nous prévenir est un scandale. Ce qui est grave aussi, c’est que les autorités osent détruire la nuit, pendant la fête de Pessah. Avec cet acte, ils viennent de déclencher un scandale international», estime-t-il.
«Nous avons restauré une dizaine de synagogues, ce travail énorme permet à notre pays de recevoir des touristes juifs de partout dans le monde, spécialement des Etats-Unis», avance S. Levi. «Les juifs de Tanger sont une centaine de vieillards qui se ne préoccupent pas de l’histoire du judaïsme dans la ville. Eux, ils pensent qu’à vendre le patrimoine. En 2000, cette communauté a vendu la synagogue d’Abraham Tolédano, qui est la plus vieille de la ville pour 200.000 DH, ce qui est honteux », accuse-t-il. Et d’ajouter : «Ils voulaient faire la même chose avec l’hôpital pour financer le home pour vieux. Je leur ai dit qu’ils ont suffisamment de biens pour faire en même temps les deux choses, sauvegarder le patrimoine et veiller sur les personnes âgées de la communauté». Selon S. Lévy, le bâtiment détruit devait être entretenu. «Ce n’est pas une raison pour le laisser se détruire par lui-même et venir aujourd’hui dire que c’est des ruines», proteste-t-il.
Concernant ce que fait la Fondation qu’il dirige, S. Levi répond : «Nous avons réalisé le musée du judaïsme marocain à l’Oasis, le seul à Casablanca. Nous avons restauré des synagogues et des cimentières. Malheureusement l’administration ne nous aide pas dans notre travail. Aujourd’hui, je pousse un cri de protestation avec tous les Tangérois et tous les Marocains. Je me demande si nous misons vraiment sur le patrimoine culturel pour le transformer en patrimoine touristique et gagner des devises». «Assez de faire une chose et son contraire en même temps !», conclut-il. Concernant la sécurité de la communauté juive marocaine, Lévy se dit rassuré. Apaisé, il confie : «Le peuple marocain ne peut s’attaquer à une partie de lui-même, j’ai confiance totale en mes compatriotes sur ce point».
«Le dossier de l’hôpital Benchimol est clos»
Serge Berdugo Secrétaire Général du Conseil des communautés israélistes du Maroc.
propos reccueillis par Mohamed Zainabi
L’Observateur du Maroc Selon vous, pourquoi la destruction de l’hôpital Benchimol par les autorités de Tanger a suscité autant de réactions…
Serge Berdugo. L’hôpital Benchimol de Tanger est une institution très chère aux juifs originaires de Tanger et particulièrement ceux parmi eux qui vivent au Canada. La plupart d’entre eux sont nés dans cet hôpital qui est, rappelons-le, le 1er hôpital moderne à avoir été construit au Maroc, en 1904. Il est tout à fait normal que la destruction de cet hôpital ait provoqué autant d’émotion surtout que les circonstances de cette destruction restent regrettables, même si elles sont dues à de malencontreuses coïncidences. En effet, cela s’est passé au courant d’une nuit de shabbat au cours de la fête de Pessah (Pâque juive). Ceci étant, et après enquête précise, il apparaît de manière irréfutable que les procédures de démolition dans la ville de Tanger sont généralement exécutées durant la nuit pour éviter les attroupements et les perturbations du trafic routier. Je voudrais préciser que dans le cadre des aménagements urbanistiques de la ville de Tanger pour la mettre à niveau du 21ème siècle, des dizaines de bâtiments publics et privés ont touchés, y compris une mosquée et une église. La municipalité avait décidé en 2008 de détruire l’ensemble d’un îlot jouxtant l’ancien palais MoulayHafid, propriété de l’Etat italien. L’hôpital Benchimol faisait partie de cet îlot et la décision de le démolir avait été notifiée à la communauté juive de Tanger le 28 novembre 2008. Cette démolition que l’on peut regretter puisqu’elle touche un patrimoine historique de la communauté juive, bien que non religieux, a été faite dans un cadre légal. Il est donc aberrant de vouloir en conclure que cela ait pu être d’une quelconque manière un acte dirigé contre la communauté juive, d’autant que les autres bâtiments de «l’îlot My Hafid» sont actuellement en cours de démolition.
Certains protestataires via différents forums soulignent que c’est une perte sèche pour la communauté juive de Tanger. Est-ce aussi votre avis ?
Après mon entrevue avec le wali de Tanger, je peux réaffirmer qu’il n’y aura aucune conséquence dommageable pour la communauté juive de Tanger qui reste propriétaire du terrain et a l’opportunité soit de le vendre à un juste prix, soit de l’échanger, soit de déposer une demande d’autorisation de construction dans le cadre du plan d’urbanisme de la ville. Je voudrais préciser que la communauté juive de Tanger, après plusieurs expertises et un long débat, avait conclu à l’impossibilité de restaurer cet hôpital désaffecté depuis 1965 à un coût compatible avec ses moyens. Elle avait envisagé dans un premier temps de le vendre, puis s’est ravisée et souhaitait construire un immeuble de rapport permettant de faire face à ses besoins de restauration des deux cimetières juifs de Tanger et du cimetière d’Asilah. Il faut savoir qu’en sacrifiant l’hôpital Benchimol, vétuste et menaçant ruine, la communauté juive de Tanger voulait restaurer les cimetières juifs dont la préservation est le principal souci des juifs marocains où qu’ils vivent dans le monde.
A cet égard, je réaffirme avec force que le cimetière juif de la rue du Portugal à Tanger n’a fait, ne fait et ne fera l’objet d’aucun projet, qu’il sera restauré dans les meilleurs délais et que les travaux ont déjà été lancés.
L’information selon laquelle ce cimetière devait être touché par des aménagements urbanistiques est une fable. Ce cimetière est inviolable. Le wali de Tanger a déjà initié la procédure de son classement au patrimoine national.
Qu’en est-il du patrimoine juif marocain en général ?
Le Conseil des communautés israélites du Maroc est parfaitement conscient de l’importance de la préservation des cimetières et mausolées juifs au Maroc constituant un patrimoine national qui mérite d’être sauvegardé. Il se trouve que nous avons établi un plan ambitieux qui permettra de dresser l’inventaire des cimetières juifs. Dans un très court délai, ce plan permettra d’engager la sécurisation, la réhabilitation et la maintenance de tous les cimetières et mausolées juifs au Maroc. Comme à l’accoutumée, cet important travail se fera avec l’assistance du ministère de l’Intérieur, tuteur de notre communauté.
S’il est vrai qu’au cours des dernières années, un ou deux cimetières ont été l’objet d’incivilité, les autorités ont toujours pris les mesures adéquates. Il est un fait patent, en général, les cimetières juifs sont sous la protection des populations musulmanes, même si on peut déplorer ici ou là des actes de vandalisme.
Plus généralement, le Conseil des communautés juives au Maroc a créé la Fondation du patrimoine judéo-marocain. Reconnue d’utilité publique, elle s’est attelée à la préservation des sites juifs du Maroc et a à son actif la restauration de plusieurs synagogues et cimetières historiques du Maroc.
Que s’est-il passé à Tinghir où l’on parle carrément de la spoliation d’un cimetière juif ?
Après enquête, nous avons établi que le cimetière de Tinghir est clôturé et n’a pas été spolié. Les bâtiments construits depuis une dizaine d’années le jouxtant l’ont été par le ministère des Habous sur un terrain lui appartenant (titre foncier n° 28/1095).
Certains membres de la communauté juive vont jusqu’à parler d’une menace qui pèserait sur tout le patrimoine juif au Maroc. Qu’en dites-vous ?
Ceux qui vivent à l’extérieur du Maroc et qui font état de l’éventualité d’une quelconque menace qui pèserait sur le patrimoine juif, menace qui serait, selon certains, à connotation antisémite, sont en dehors des réalités. Il est absolument dément de penser que dans le Maroc d’aujourd’hui, sous la conduite de SM le Roi Mohammed VI, il puisse même être question d’un acte, et a fortiori, d’un plan qui pourrait toucher le patrimoine juif marocain. Je voudrais rappeler à cet égard cette déclaration de SM le Roi qui a réaffirmé solennellement : « Sa responsabilité religieuse historique et constitutionnelle dans la préservation des personnes, des droits et des valeurs sacrées de (nos) sujets de confession juive à l’instar de toutes les composantes de la nation. »
Considérez-vous donc que ce dossier est clos ?
Ce dossier n’aurait jamais dû être ouvert, en tout cas de cette manière. Il est donc clos. Je pense avoir répondu à tous les questionnements posés et démenti toutes les allégations, le plus souvent exprimées de bonne foi, relayées par les organes de presse internationaux et locaux. Seuls ceux qui ne veulent rien entendre continuent à alimenter une polémique stérile. La communauté juive du Maroc gère et préserve son patrimoine.
Certains organes de presse vous attribuent la paternité d’une pétition qui fait le tour du monde via internet dénonçant la spoliation du patrimoine juif marocain
C’est ridicule. Différentes pétitions ont été lancées de manière spontanée sur internet par des personnalités «amoureuses» de leur ville, qui, faute d’informations vérifiées, n’ont pas eu la patience d’attendre le résultat de nos investigations et de nos démarches. Même si on ne peut exclure quelques réactions malintentionnées.
Bien au contraire, nous nous sommes attachés à répondre à toutes les interrogations et à rétablir la vérité sur cette malencontreuse affaire. Notre dessein est clair, celui de rester mobilisés pour la restauration et la préservation du patrimoine juif marocain reconnu comme partie intégrante du patrimoine culturel national.
Que retiendriez-vous de cette affaire ?
Je crois qu’à quelque chose malheur est bon. L’émotion suscitée par la démolition de l’hôpital Benchimol a mis en lumière l’importance accordée au patrimoine juif marocain. Nous avons apprécié les manifestations de sympathie de nos concitoyens musulmans. Quant aux juifs originaires du Maroc qui vivent sous d’autres cieux, ils ont prouvé, encore une fois, leur attachement à leur patrimoine, à leurs traditions ancestrales, à leur pays d’origine et à leur communauté matricielle. Ils ont confiance en la clairvoyance, la lucidité et la sagesse de leur Roi.


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