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Généralisation de l'anglais : Quel dispositif pour réussir un tel chantier colossal ?
Publié dans L'opinion le 30 - 05 - 2023

L'anglais sera enseigné en tant que langue étrangère dans les collèges au Maroc, à partir de l'année scolaire 2023-2024. Cependant, ce chantier se heurte à plusieurs défis, notamment le manque de ressources humaines. D'où la nécessité d'une mobilisation à grande échelle parmi le corps de l'école publique.
Le ministère de l'Education nationale, du Préscolaire et des Sports a émis la semaine dernière une circulaire adressée au corps d'enseignant et aux cadres pédagogiques de l'école publique, notamment les établissements de l'enseignement collégial, annonçant le début de la généralisation de l'anglais au niveau du collège public et ce, à partir de la prochaine rentrée scolaire. Ainsi, la généralisation de la langue de Shakespeare dans les collèges se fera de manière progressive, en première année ; suivront les classes de la deuxième année en 2025 et ceux de la troisième année, jusqu'à atteindre tous les niveaux à partir de l'année scolaire 2025-2026.
Bien que l'intérêt porté à l'anglais dans l'enseignement ne date pas d'hier et remonte à 2014, lorsque le ministère de l'Education a mis en place le baccalauréat international-option anglais à côté de l'option français, la décision du ministère de généraliser l'anglais dans les collèges a été très bien accueillie par les acteurs du système éducatif et les parents d'élèves.
« Nous avons accueilli cette nouvelle avec beaucoup d'enthousiasme.
L'anglais est la lingua franca mondiale et il serait regrettable que les élèves marocains ne sachent pas communiquer en anglais », s'est exprimé à ce propos Mehdi Haidar, sociolinguiste et professeur-chercheur à la Faculté des sciences de l'éducation à Rabat. Il a relevé par ailleurs que ce changement de cap ne devrait pas être perçu comme un remplacement du français par l'anglais. Car, selon lui, « la langue française reste la langue des affaires et des sciences et techniques qui a encore un rôle à jouer au Maroc pour des raisons historiques et socio-économiques ».
Même son de cloche du côté de la Fédération nationale des associations des parents d'élèves du Maroc qui s'est félicitée, par la voix de son président Noureddine Akkouri, de ce chantier de grande envergure. Pour lui, l'enseignement de l'anglais au collège, en tant que deuxième langue étrangère, à côté du français, est un pas important pour la consolidation de l'égalité des chances entres les élèves de l'école publique et ceux de l'école privée. Ces derniers, rappelons-le, apprennent l'anglais dans les écoles depuis la première année du cycle primaire.
Cependant, malgré l'optimisme qui entoure ce projet, les acteurs du système éducatif relèvent que le déploiement du processus de généralisation de cette langue dans les collèges du Royaume se heurte à plusieurs difficultés structurelles, chose qui nécessite une mobilisation à grande échelle.

Nos ressources humaines sont-elles suffisantes ?

Une des premières questions relevées par les professionnels que nous avons pu joindre est de savoir si bel est bien, le Maroc dispose de suffisamment d'enseignants pour répondre au besoin qui va se ressentir en la matière, suite à la généralisation de l'anglais dans les collèges. Cette même question devient plus préoccupante, selon Akkouri, si on observe la surcharge des classes de 3ème année du cycle collégial, en raison du manque d'enseignants d'anglais.
En attendant d'aboutir à la formation de plus d'enseignants d'anglais au sein des académies régionales de l'éducation et de la formation et en vue de répondre aux besoins en la matière, le ministère mise sur les effectifs d'enseignants du cycle secondaire.
« Les enseignants du cycle secondaire ont déjà reçu une note de la part du ministère de l'Education nationale, les informant qu'ils seront appelés à déployer des cours au collège, pour compléter leur tableau de service», révèle Akkouri qui souligne que cette décision aidera le Royaume à palier le besoin parmi les enseignants d'anglais.
Malgré le manque d'informations sur l'effectif d'enseignants, Pr Haidar s'est dit optimiste concernant les campagnes de recrutement d'enseignants, lancées partout dans les régions du Royaume d'autant plus que l'anglais s'en taille la part du lion.
Cette même assiette en ressources humaines est en passe d'être renforcée suite à la sortie en septembre prochain d'une nouvelle génération d'enseignants bien formée et dotée d'approches pédagogiques propres à l'enseignement de l'anglais.
Ce même défi se présente aussi au niveau des inspecteurs pédagogiques de l'anglais, cadres sur lesquels le département de Chakib Benmoussa mise pour réussir ce chantier. Malgré que leur nombre ne soit pas suffisant pour couvrir tous les établissements de collège, nos deux interlocuteurs préconisent le renforcement des interventions auprès des enseignants de cette langue et ce, au niveau des aspects théoriques et pratiques. Chose dont le ministère de l'Education est pleinement conscient, à en juger par sa circulaire.
Ainsi, pour réussir cette transition linguistique, nos deux interlocuteurs préconisent la mise en place d'une politique linguistique avec un capital humain bien formé et un matériel pédagogique adapté, tout en privilégiant le renforcement des mécanismes d'évaluation et de suivi à chaque étape du déploiement du processus de généralisation de la langue de Shekspeare.

Trois questions à Mehdi Haidar, sociolinguiste et professeur chercheur à la Faculté des sciences de l'éducation à Rabat
Le Royaume entamera le processus de généralisation de l'anglais dans les collèges à partir de septembre prochain. Dispose-t-on de tous les moyens nécessaires pour réussir cette opération ?
-Les moyens ne seront jamais suffisants, mais nous assistons depuis quelques temps à des campagnes de recrutement d'enseignants dans lesquelles l'anglais se taille la part du lion.Ces campagnes sont accompagnées aujourd'hui de la refonte du parcours professionnel de formation des formateurs, qui sera dorénavant attribué uniquement aux établissements, à savoir l'Ecole supérieure de l'éducation et de formation (ESEF), l'Ecole normale supérieure (ENS) et la Faculté des sciences de l'éducation (FSE).
La généralisation de l'anglais ne se déroulera pas évidemment sans accrocs, le démarrage d'un projet nécessite un suivi, une évaluation, et il y aura forcément des ajustements à opérer ici et là ; tout va dépendre de la façon avec laquelle le ministère de l'Education va gérer les choses. Actuellement, peu d'informations circulent sur l'effectif des enseignants, mais je suppose que le ministère sait pertinemment qu'un changement de cap nécessite des moyens, une stratégie et beaucoup de persévérance !
Quels sont selon vous les obstacles qui peuvent freiner ce chantier ?
-Les obstacles peuvent être structurels ; on se pose toujours la question s'il y aura suffisamment d'enseignants. Les obstacles peuvent être aussi didactiques : quels contenus enseigner pour quels types d'apprenants, quel anglais enseigner ?
Toutefois, les élèves marocains seront davantage motivés pour apprendre cette langue, contrairement à la langue française qui est aujourd'hui en disgrâce au Maroc !

Le ministère mise sur les inspecteurs pédagogiques pour accompagner les enseignants dans ce chantier. Quelles actions recommandez-vous pour permettre à ces cadres de réussir la mission qui leur est attribuée ?
-L'inspecteur a un rôle précis qui est celui d'évaluer la pratique pédagogique et didactique de l'enseignement et de l'accompagner...Ce travail est le même pour toutes les disciplines scolaires. Pour réussir ce rôle, il est nécessaire d'abord de renforcer leur formation et leur accompagnement en vue de garantir les meilleurs résultats possibles. L'inspecteur pédagogique devrait travailler en étroite collaboration avec l'enseignant pour réussir ce projet qui servira à tout le pays.


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