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Domaine public maritime : Est-ce la fin des villages traditionnels balnéaires ? [INTEGRAL]
Publié dans L'opinion le 20 - 01 - 2024

Après la démolition de Tifnit, les amoureux des villages balnéaires traditionnels marocains craignent de voir ce scénario se reproduire dans d'autres sites atlantiques emblématiques.
Tout au long des côtes marocaines, des dizaines de petites agglomérations « pieds dans l'eau » ont évolué depuis des villages de pêcheurs, pour devenir des sites balnéaires que les touristes et les familles marocaines aiment visiter pour une certaine dimension « authentique » et un niveau de vie plus ou moins accessibles. Certains de ces hauts lieux de vacances d'été sont même devenus des références incontournables en période estivale, attirant des habitués qui ont facilement épousé la « Dolce Vita » à la marocaine que l'on peut y trouver. Depuis le Sud d'Essaouira jusqu'à Sidi Ifni, les « locaux » installés dans ces villages s'inquiètent plus que jamais, surtout depuis que plusieurs bourgades balnéaires au Sud d'Agadir ont été démolies par les autorités territoriales. C'est le cas notamment du village de Tifnit, dont les amoureux avaient lutté durant les dernières semaines de 2023, bon gré malgré, à coup de pétitions et de tribunes en ligne pour éviter une « destruction programmée » de leur village. Des efforts manifestement vains puisque les autorités locales ont quand même sévi, en qualifiant l'opération de simple « cessation de l'occupation non-autorisée du domaine public maritime ».

Patrimoine ou pas ?
« A chaud, je peux dire que le village de Tifnit n'a jamais eu les attributs qui peuvent le qualifier comme un patrimoine », nous confie un architecte de la ville d'Agadir. « Ce que l'on pourrait en revanche pointer, c'est le manque d'une certaine équité foncière qui fait que l'on détruit souvent à certains endroits sans oser le faire pour d'autres. On peut également déplorer les conditions de l'opération de cessation de l'occupation de ce domaine public maritime puisque le temps imparti qui a été donné aux occupants n'a manifestement pas été suffisant pour tout le monde. Mais, à part cela, c'est une opération tout à fait légitime, pour peu que les projets qui seront mis en œuvre en alternative respectent la valeur écologique des lieux », poursuit la même source. Sachant que les autorités de Chtouka-Ait Baha ont étendu leur opération à plusieurs autres petits villages de la zone, beaucoup d'observateurs estimaient que cette dynamique se cantonnera au niveau de la façade océanique du Parc National de Souss-Massa, sans grand risque de voir les bulldozers menacer d'autres sites des communes atlantiques.

Menace des bulldozers
Une spéculation qui semble erronée au dire de l'article de nos confrères d'Al Ahdath, paru la semaine dernière et repris par Le360. ma, qui souligne que « l'opération de libération du domaine public maritime a commencé depuis Agadir et englobera le littoral atlantique jusqu'à Sidi Ifni ». Une des sources citées par le média va même jusqu'à annoncer que l'opération « se poursuivra également vers la route d'Essaouira, et finira par englober ce qu'il reste des communes de Taghazout, Tamri et Imsouane ». « C'est vraiment triste le sort que l'on souhaite réserver à ces sites emblématiques », déplore une ancienne résidente du défunt village de Tifnit. « C'est un certain Maroc qui va disparaître malheureusement. Celui de l'authenticité, mais également de l'accessibilité. Ces villages ne sont certes pas les mieux agencés ni les mieux entretenus, mais ce n'est pas pour autant qu'ils n'ont aucune valeur patrimoniale. Au niveau du bassin méditerranéen, on voit bien que certains villages traditionnels du même type sont devenus très réputés uniquement parce que les autorités des pays concernés ont pris le parti de les sauvegarder», poursuit notre interlocutrice.

Réfléchir avant de détruire
Le fait est cependant que la loi sur l'occupation du domaine public maritime est claire et qu'il semble dificile de demander aux autorités de l'appliquer à géométrie variable. « La loi existe pour protéger le patrimoine naturel et humain, mais c'est un outil, pas une fin en soi. C'est aujourd'hui trop tard pour Tifnit, mais le fait est qu'il faudra poser la réflexion pour les autres villages avant de décider de les démolir. A part l'absence d'autorisations de construire, qu'est-ce qu'on reproche à ces sites ? Si on décide de les détruire qu'est-ce qu'on va finalement perdre en termes d'identité des lieux ? Encore même qu'on décide de les détruire, que va-t-on proposer de mettre à la place ? En quoi est-ce mieux, et surtout pour qui ? », s'interroge la même source. Beaucoup de questions qui fusent également dans les esprits des adeptes d'un tourisme balnéaire marocain qui semble en suspens et qui, à défaut d'être amélioré ou mis à niveau, risque tout bonnement de disparaître.
3 questions à Mohammed Ribi « Nous avions toujours considéré le village de Tifnit comme localité d'intérêt »
* Anciennement directeur du Parc National du Souss-Massa, vous avez été témoin durant des années de l'évolution du petit village de Tifnit. Quelle est votre perspective sur ce village que beaucoup qualifient de patrimonial ?
J'ai connu Tifnit en tant que responsable du « projet de Parc national de Massa », en 1984. C'était effectivement un petit village de pêcheurs, où les pêcheurs locaux (venant des villages avoisinants) disposaient d'abris, plus ou moins rudimentaires, pour déposer leur matériel de pêche. Petit à petit, d'autres personnes étrangères à la région, qui étaient parfois des pêcheurs sportifs venant des grandes villes (Grand Agadir, Casablanca..., et même de l'étranger), sont venues s'acheter des maisons, dans un état rudimentaire, qu'ils ont améliorées, et elles venaient y passer les week-ends et les vacances. Ceci avait donné naissance à une certaine spéculation, dans l'illégalité totale (occupation illégale du domaine public maritime). Progressivement, le visage de Tifnit a complètement changé, et on a commencé à y voir des villas et des maisons R+2, qui ne pouvaient pas être des maisons de pêcheurs. Le village de Tifnit a ainsi perdu son caractère de village de pêcheurs « sympathique ».

* La direction du Parc National n'avait-elle pas le pouvoir de contrôler cette expansion non encadrée du village ?
Dans le cadre des planifications de l'aménagement du Parc national, nous avions toujours considéré le village de Tifnit comme localité d'intérêt, qui présentait un certain attrait touristique, et qui devait être considérée dans toute planification du développement du tourisme dans le Parc national. D'ailleurs, toutes les agences de voyages d'Agadir, qui organisaient des Tours dans la région, en faisaient un point d'arrêt dans leurs circuits. Mais, en tant que Parc national, nous n'avions jamais eu le « pouvoir » d'y contrôler la situation, en raison du fait que, sur le plan foncier, le site de Tifnit était englobé dans une parcelle qui appartenait à la SONABA (Société Nationale de l'Aménagement de la Baie d'Agadir, devenue par la suite la SMIT).

* A la lumière de cette perspective, considérez-vous que Tifnit avait quand même un certain caractère patrimonial qui aurait pu être pris en considération pour éviter sa démolition ?
Avec tous mes respects aux sentiments et aux avis des autres personnes qui connaissent et qui aiment Tifnit, je pense que le village de Tifnit, avec tout ce qu'il a connu comme transformations et bouleversements, n'a jamais eu de caractère patrimonial.
DPM : Un casse-tête technique pour suivre les variations du trait de côte
Le Domaine Public Maritime (DPM) constitue la composante la plus large du domaine public de l'Etat et la détermination de ses limites repose sur la constatation d'un état de fait résultant de l'action de la nature. La délimitation du DPM s'avère donc un exercice complexe dont le but est d'identifier les limites de cet espace pour faciliter sa protection et sa préservation et pouvoir par la suite le valoriser. Ces limites ne sont pas figées par rapport aux propriétés riveraines, puisqu'elles dépendent de l'avancée ou du recul de la mer (variation du trait de côte). La délimitation du DPM varie ainsi dans l'espace en fonction des types de côte, mais également dans le temps pour une même côte, en fonction de la morphologie sous-marine, de la direction et de la vitesse des courants, de l'amplitude des houles dominantes, des variations du niveau marin. En principe, la délimitation du DPM repose sur la détermination de la limite des plus hautes eaux. Cette dernière peut être reconnue approximativement d'après l'aspect général du rivage et les renseignements recueillis sur place.
Projets : Quand Tifnit faisait l'objet d'un projet de développement touristique...
Il y a une quinzaine d'années, le petit village de Tifnit était une zone que les autorités avaient pour objectif de développer et de valoriser d'un point de vue touristique et écologique. Ainsi, une convention spécifique relative au développement touristique du site de Tifnit avait été signée en février 2007 entre le Haut-Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Désertification (HCEFLCD) et la Société Marocaine d'Ingénierie Touristique (SMIT).Cette convention prévoyait un développement touristique durable et maîtrisé au niveau du site, en prenant en considération les particularités écologiques et la fragilité du Parc national de Souss-Massa. Ce développement touristique devait être régi par un Cahier des Charges Environnement (CDCE), qui avait été élaboré sur la base des résultats d'une évaluation stratégique environnementale du projet d'aménagement d'une station touristique à Tifnit. Sur cette base, un appel d'offres international, relatif à la sélection d'investisseurs privés pour l'aménagement et le développement de la Zone Touristique de Tifnit, avait été lancé par la SMIT, en juin 2008, pour un programme de 3000 lits sur une assiette foncière de 200 ha, pour une station balnéaire de dernière génération à caractère écotouristique et expérientiel. « Ce projet n'avait pas abouti, et depuis rien n'a été fait au niveau de Tifnit. Pendant tout ce temps, le village de Tifnit a continué à s'agrandir et la situation devenait de plus en plus complexe », témoigne Mohammed Ribi.


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