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Le choc des légitimités symbolique
Cinéma et université au Maroc (suite et fin) 

Lieu de tectoniques verbales, l'université marocaine, selon les professionnels de l'audiovisuel, n'est pas encore douée d'une véritable identité artistique et cinématographique !
Il est certain que ce discours diabolisant à l'encontre de l'université marocaine est motivé par des ambitions beaucoup plus pragmatiques et lucratives. Les professionnels estiment, sans le crier haut sur les toits, que l'université ne peut en aucun cas les payer correctement, dénoncent le fait que seule une minorité des universitaires fréquente les salles de cinéma et les galeries, et croient que le système rigide des universités n'est aucunement en harmonie avec le mode de travail des artistes : souplesse dans le temps, liberté de création et de ton, quête de l'inédit… L'université fait peur, dérange, déstabilise par son ignorance des « raisons du cœur » !
Résultat : peu d'artistes collaborent avec l'université, peu d'œuvres sont exposées ou présentées dans les locaux universitaires, peu d'artistes apprécient l'espace de l'enseignement supérieur ! Exception faite, bien entendu, de quelques transfuges comme Saad Chraibi, Daoud Oulad Sayad, A. Maanouni… Le comble : de nombreux cinéastes, producteurs et distributeurs se refusent à reconnaître l'exception pédagogique des universités et à envisager un ticket spécial pour les universitaires et à exonérer les espaces scolaire et universitaire des droits d'exploitation.
Cet esprit de fronde des artistes est incompréhensible et injustifié d'autant plus que, dans le tournant de l'histoire du Maroc, l'art a le devoir d'être citoyen, et l'artiste est invité à s'auréoler d'une éthique de solidarité et de générosité! De plus, il faut savoir que les futurs spectateurs ou dégustateurs des œuvres d'art, c'est à l'Ecole qu'on peut les former, rarement ailleurs !
Eloge de la rencontre 
Bénit soit Claude Lévi-Strauss qui a prôné, dans son « Abécédaire », que tout est rencontre ! Et à notre avis le salut du cinéma et de l'université marocains ne peut se matérialiser que sous le signe de la Rencontre !
Il faut toutefois signaler que ce conflit des légitimités symboliques est, selon nous, un malheureux héritage de la tradition française, dont l'opinion commune s'est habituée à installer, de manière abusive, un clivage entre travail (tripalium est un instrument de torture) et loisirs, entre rationalité et émotion, entre intellect et sentiment…Qu'on se rappelle le fameux choc des titans qui a lieu vers 1995, sur la chaîne de la cinquième (Arrêt sur images), entre P. Bourdieu (éminent universitaire) et J-M Cavada, (Manitou de la télévision) où chacun défendait avec acharnement l'idée selon laquelle la légitimité d'éduquer le peuple et d'être le véritable vecteur de savoir et de la vérité lui revient de droit.
Or, cette opposition, malgré son bien-fondé à l'époque, est considérée aujourd'hui comme désuète, anachronique et contre nature même à l'Hexagone ! On ne peut travailler que dans le plaisir et on ne peut trouver du plaisir que dans le travail !
En effet, dans l'histoire, on a toujours associé, dans une osmose profonde, plaisir et travail. Prenez à titre d'exemple,le cas de Molière qui rêvait de « castigate mores riendo », celui de Sénèque et de Thomas d'Aquin qui vantaient les bienfaits du loisir réparateur. La alfya de Bnou Malik est un poème agréable portant sur la grammaire traditionnelle arabe.
Donc, le cinéma et l'université sont appelés par la force des choses à trouver un terrain d'entente, des passerelles citoyennes salutaires à la fois pour rattraper le temps perdu et pour relever les défis de la conjoncture actuelle. En termes concrets, il faudrait envisager de véritables partenariats et conventions permettant à l'université d'introduire de manière constante et conséquente le cinéma et l'audiovisuel selon trois pôles complémentaires : l'analyse filmique et la découverte de la culture cinématographique et audiovisuelle pour tous,( toutes facultés confondues) au même titre que les langues étrangères,
des départements des filières, et des masters de cinéma et d'audiovisuel pour former des spécialistes et des professionnels (sans se substituer aux écoles de cinéma et d'audiovisuel qui fleurissent aujourd'hui de par le Royaume) et pour stimuler la recherche scientifique en la matière,
la communication interne et externe de l'université ne peut en aucun cas avoir lieu sans les images et les films. Les documentaires de tous genres peuvent constituer un véritable appui des cours, les reportages peuvent contribuer à la communication avec l'environnement socio-culturel…
Ces mêmes conventions doivent permettre aux professionnels de participer activement à la formation de la relève. Et, force est de dire que le plan d'urgence et ce nouveau souffle de la réforme de l'éducation constituent une baraka pour justement mettre en pratique ce rêve tant souhaité par quelques professionnels de l'audiovisuel et par des professeurs universitaires soucieux d'innovation, d'ouverture, de qualité d'enseignement, de diversification des chances pour les étudiants, nos enfants et les artistes de demain !
Il faut dire que ce croisement de coeur et de raison est une nécessité historique incontournable tant il existe un désir de cinéma de la part des jeunes, tant que le cinéma est un outil de citoyenneté et de démocratie, tant que l'université doit prendre ses responsabilités pour endiguer la pollution culturelle et artistique qui sévit actuellement à travers le piratage et l'explosion des télévisions satellitaires, tant la recherche académique (la critique universitaire) est appelée sans doute à accompagner et réfléchir sur ce flux d'images produit ici et ailleurs, et tant que le cinéma, étant donné sa nature plurielle, peut assurer un merveilleux terreau fertile pour la trans-disciplinarité, l'interculturel, le travail de groupe…
Le désamour prendra fin lorsque le cinéma, l'audiovisuel, l'art en général auront droit de cité dans l'université et quand les festivals, les plateaux de tournage, les salles de cinéma, les télévisions accueilleront à bras ouverts la logique scolaire ! Qu'on se souvienne des belles expériences, hélas éphémères, d'universités qui ont accueilli des formations en audiovisuel et publicité (El Jadida, Casablanca Ben Msik, Tétouan…) et des formations actuelles à Agadir, Tétouan, Marrakech…Et qu'on salue les efforts considérables fournis par Noureddine Sail (voir photo), directeur du CCM, pour rapprocher les deux légitimités symboliques et pour les faire fusionner en vue de l'intérêt et du bonheur du Maroc de demain. Qu'on acclame les professeurs universitaires qui se sacrifient pour cette noble cause de la rencontre entre l'art et l'université marocaine !
Former des amateurs aujourd'hui est la voie royale qui mène à la formation des professionnels de demain ! Eduquer le regard, aujourd'hui, est le chemin idéal pour la formation des citoyens de demain !


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