À la suite des inondations exceptionnelles qui ont ravagé la ville de Safi, le ministre de l'Equipement et de l'Eau, Nizar Baraka, a annoncé lundi, depuis l'Hémicycle, le lancement d'une étude visant la mise en place d'un nouveau dispositif de protection contre les inondations, dans l'objectif d'éviter la répétition d'un tel drame. Détails. Il s'agit de la première réaction officielle du gouvernement après le drame de Safi qui a fait 37 morts et occasionné d'importants dégâts matériels. Interrogé sur les mesures prises pour parer au risque des inondations lors de la séance plénière des questions orales à la Chambre des représentants, le ministre de l'Equipement et de l'Eau a expliqué que les précipitations se sont abattues sur Safi en un laps de temps très court et avec une intensité exceptionnelle, touchant particulièrement le centre-ville. Dans ces circonstances, le barrage destiné à protéger la ville, situé à 9 kilomètres, n'a contenu que 200 000 mètres cubes, alors que sa capacité totale s'élève à 3,5 millions de mètres cubes. « Les eaux se sont concentrées dans le tissu urbain, ce qui a empêché l'ouvrage de remplir pleinement sa fonction », a précisé M. Baraka, qui a salué la pertinence du programme de réhabilitation des zones sinistrées lancé sous Hautes Instructions Royales. Ce programme, a rappelé le ministre, prévoit l'octroi d'aides d'urgence aux familles ayant perdu leurs biens, ainsi que la prise en charge des habitations endommagées. Il a assuré que les autorités locales poursuivent l'opération de recensement de l'ensemble des foyers touchés. Nizar Baraka a indiqué s'être rendu sur place, accompagné du directeur général de l'Hydraulique, afin d'évaluer la situation. Une étude technique pour la réalisation d'un nouveau système de protection contre les inondations a été lancée. Celle-ci porte notamment sur l'élargissement de l'exutoire, afin de permettre à l'oued Chaâba de se déverser directement dans la mer. Dans ce cadre, des mobilisations de terrain ont déjà été engagées par des commissions regroupant les collectivités territoriales, les autorités locales, les services du ministère de l'Equipement et de l'Eau, l'Agence du bassin hydraulique d'Oum Er-Rbia ainsi que des bureaux d'études spécialisés, sous la coordination de la province de Safi. Ces actions s'inscrivent dans la mise en œuvre des recommandations de la commission provinciale de veille et de suivi, en vue de concevoir une protection globale contre les crues. Par ailleurs, le ministre a indiqué que son département a mis à la disposition du grand public des outils de communication et de veille météorologique, tout en renforçant les bulletins d'alerte précoce. Il a rappelé que les inondations de Safi avaient été précédées par des alertes émises les 8 et 9 décembre. Anticipation et cartographie des risques Dans ce contexte, Nizar Baraka a annoncé la révision des cartes des zones les plus exposées aux risques d'inondation, dans une logique d'anticipation et d'adaptation aux changements climatiques, estimant que l'atlas actuellement en vigueur est devenu obsolète. Le nouvel Atlas, regroupant l'ensemble des cartes météorologiques et des zones à risque, devrait être prêt au cours de l'année prochaine et permettra d'identifier les territoires nécessitant un niveau de vigilance accru, précisant que Safi y est désormais intégrée. Le ministre a également fait état de la réalisation de 23 projets de protection contre les inondations entre 2021 et 2025, couvrant plusieurs provinces du Royaume, ainsi que du lancement de 15 autres projets dans différentes régions. Un nouveau programme sera, en outre, inscrit dès le début de l'année prochaine dans le cadre des agences des bassins hydrauliques. En sus, il a souligné le renforcement des dispositifs d'alerte précoce, citant l'exemple d'Ourika où les crues enregistrées en août dernier n'ont fait aucune victime grâce à une alerte diffusée en temps opportun. Des accords avec des partenaires internationaux ont également été conclus afin de consolider ces systèmes, en particulier dans les zones à haut risque, tandis que les capacités d'intervention d'urgence continuent d'être renforcées pour faire face efficacement aux situations critiques. Par ailleurs, Nizar Baraka a fait savoir que les précipitations pluvieuses et neigeuses enregistrées au cours des dix derniers jours ont permis d'alimenter les barrages à hauteur de 482 millions de mètres cubes supplémentaires, grâce notamment à la neige qui a couvert une superficie de 55 000 km2, en plus des fortes pluies. Ces apports hydriques, a-t-il précisé, permettent de couvrir les besoins combinés de cinq régions, à savoir Fès-Meknès, Souss-Massa, Béni Mellal-Khénifra et l'Oriental, portant le taux de remplissage des barrages à près de 34 %.