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Mutations urbaines et lutte contre l'habitat insalubre
Faire de la cité un espace inclusif
Publié dans L'opinion le 09 - 05 - 2012

La situation de nos villes et leur devenir sont au centre d'une réflexion que le département de l'Habitat de l'urbanisme et de la politique de la ville engage pour cerner cette politique et mettre en place, avec l'ensemble des acteurs et partenaires de cette politique, les stratégies et mécanismes de sa mise en œuvre.
Les thème relatifs à la politique de la ville sont nombreux, complexes et interdépendants. Ils revoient tous aux origines des problématiques que connaît la ville.Nous abordons dans l'écrit qui suit, une problématique centrale de la ville née des mutations de la ville et qui est à l'origine de tous ses maux : L'exclusion sociale et spatiale de ses populations. Cet écrit est tiré d'un ouvrage exhaustif , intitulé « Mutations urbaines et lutte contre l'habitat insalubre », réalisé pour le compte du Holding Al Omrane et que celui-ci n'a pas encore édité. Dans le but de mettre en évidence les relations entre les mutations urbaines et l'habitat insalubre, les sections de ce chapitre ont traité des phénomènes qui ont induit ces transformations et relevé les facteurs que celles-ci ont engendrés et qui sont à l'origine de l'émergence de ce type d'habitat. Les sections qui suivent sont consacrées à la définition de l'habitat insalubre et à ses différentes formes que déterminent les facteurs li »s aux mutations de la ville.
Cette approche permet, à la lumière des documents et analyses présentés dans cet ouvrage, d'appréhender l'habitat insalubre comme étant le résultat des facteurs négatifs portés par ces transformations urbaines profondes qui ont constitué de lourdes contraintes sur la ville, dont les capacités productives sont limitées, introduit des déséquilibres dans ses tissus et conduit à des fragmentations et exclusions spatiales, économiques, et sociales. Les mutations que les médinas ont subies ont été entretenues par l'exode rural et le croît démographique qui ont conduit à leur surpeuplement, ainsi que par l'urbanisme colonial qui a limité leur extension et les a confinées dans leurs périmètres primitifs. Surdensifiées, les médinas ont été abandonnées par leurs habitants et réoccupées par les immigrants ruraux. Elles ont connu une dégradation constante depuis le début du protectorat et constitué, avec leurs habitations vétustes et menaçant ruine, l'une des formes de l'habitat insalubre au Maroc.
Les chapitres relatifs à la médina de Fès et à l'insalubrité décrivent ce phénomène à la lumière de l'urbanisme dans cette ville et de l'exode rural. Appréhendé tel qu'il est apparu au cours des années vingt du siècle dernier, à Casablanca, et par rapport à la forme d'habitat marocain que fut la nouala, le bidonville est l'illustration du type d'habitat le plus dégradé de la ville. Il s'est constitué à un moment crucial des mutations urbaines au Maroc où sont apparus les facteurs négatifs engendrés par celles-ci, sous le poids de l'exode rural et de l'urbanisation, de l'étalement de la ville, de la dégradation de ses quartiers, de la faiblesse ou de l'insuffisance de son développement et de son incapacité d'offrir équipements, services publics, emplois, revenus et logements à ses habitants. Les mutations urbaines se sont poursuivies après l'indépendance du Maroc avec l'extension des villes nouvelles européennes et la transformation de leurs quartiers. L'urbanisme non maîtrisé a conduit à la construction de lotissements où une autre forme d'habitat insalubre a fleuri : L'habitat non réglementaire qui a « digéré » les anciens centres-villes ou s'est simplement développé pour constituer presque toute la ville. Le bidonville est, avec l'habitat non réglementaire, le produit le plus marquant et lisible que les mutations urbaines ont généré et inscrit dans le paysage urbain,
Les chapitres consacrés à l'urbanisation, à l'urbanisme des villes de Casablanca et Fès, à la migration, à l'insalubrité et aux politiques de lutte contre l'habitat insalubre établissent, tout au long de leur développement, la relation entre ces facteurs portés par les mutations urbaines et l'habitat insalubre.
Mutations urbaines et exclusion
Selon Catherine Baron (IERE, Université de Toulouse I / GRESOC, Université de Toulouse II, 1999.), le débat sur la polarisation de l'espace et l'émergence de grandes métropoles intégrées à des réseaux de villes internationaux est ancien et a porté, surtout, sur les « externalités positives procurées par ces grandes concentrations urbaines, en terme de baisse des coûts de transaction, d'économie d'agglomération, etc ».
Les externalités négatives de ces concentrations ont été étudiées en relation avec la pollution et la congestion de la ville, en omettant « l'exclusion sociale et économique d'une part croissante de la population en milieu urbain et ses répercussions au niveau de l'organisation interne des grandes villes », considérées comme « l'une des conséquences négatives de la croissance urbaine » (C. Baron). La relation entre fragmentation spatiale en milieu urbain et exclusion socio-économique a été assez négligée dans les études, note cet auteur qui estime qu'une « lecture spatiale de l'exclusion socio-économique reste à faire ».
Au Maroc, les études sur les mutations urbaines, leurs impacts sur la ville et la relation entre ces mutations et l'habitat insalubre sont d'autant plus nécessaires et utiles que l'urbanisation et les concentrations spatiales sont sources de surcoûts exorbitants pour la communauté et l'Etat, de ruptures et de maux sociaux qui compromettent le développement du pays. Le concept d'exclusion sociale, dans ses formes spécifiques, et entendu comme une rupture avec certaines normes, comme le montre C. Baron, est au centre de la relation entre mutations urbaines et espaces d'habitat insalubre, en particulier les bidonvilles qui reflètent la fragmentation et l'exclusion spatiales. Notant que la notion d'exclusion « reste floue et polysémique, pouvant renvoyer à différents concepts », cet auteur attribue un caractère multidimensionnel à l'exclusion. Pour lui, « différentes formes ou manifestations de l'exclusion peuvent se cumuler, coexister », mais celle-ci « a ceci de spécifique qu'elle ne renvoie plus à un simple écart par rapport à une norme, mais à une rupture par rapport à des valeurs propres à une société. »
L'exclusion socio-économique et la ségrégation urbaine sont souvent considérées comme « expression de logiques en rupture avec les normes dominantes. L'auteur estime nécessaire de déterminer la norme sur le plan socio-économique et spatial. Définie comme » la destruction de liens sociaux », l'exclusion demeure « fortement corrélée à des facteurs économiques dans la mesure où elle est associée à l'absence d'intégration dans le marché du travail » Cette intégration, reflétée notamment dans l'exercice d'une activité formelle, est la condition à laquelle renvoie la norme. Cette conception de l'exclusion relève de « représentations fondées sur la relation entre le centre et la périphérie dans la structuration du territoire de la ville, les zones d'exclusion qui s'établissent dans la périphérie étant en rupture avec le centre. Sans assimiler l'exclusion à la pauvreté, l'auteur estime que la première « correspond à un manque non seulement en termes d'avoir, mais aussi de pouvoir, de savoir. La notion de pauvreté définit un état, l'exclusion est présentée comme « un processus cumulatif, correspondant à une accumulation de handicaps, de manques ».
Etant une « coupure radicale vis-à-vis du marché du travail », l'exclusion est corrélée à la notion de chômage, selon cet auteur, Elle est, ainsi, surdéterminante étant donné que d'autres formes d'exclusions peuvent en découler, comme l'exclusion du marché du logement,, de l'accès à l'éducation, la destruction du lien social…En tant que telle, l'exclusion se traduit, sur le plan spatial, par des formes urbaines spécifiques marquées par un dualisme centre-périphérie prononcé.
L'auteur rapproche le concept d'exclusion de l'espace urbain qui peut en être la cause, ainsi que des éléments attractifs comme la proximité dans les bidonvilles qui favorise le flux continu d'exode rural vers ces quartiers, et ceux répulsifs comme le coût élevé du foncier qui renvoie les populations vers les périphéries où les terrains sont moins chers.


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