Ce poème ne fait pas dans l'exubérance, écrit à spn propos Rachid Khaless .Le dernier recueil du poète Mohamed Loakira « est d'une économie déconcertante. On dirait que les mots, greffés dans le vide de la page, surgissent dans un corps-à-corps sans concession entre le poète et sa poésie. Et à mesure que croît le poème, le monde qu'il épelle vient à manquer. Loakira chante et écorche sa voix. Il fait advenir les mots dans une nécessité absolue. Syncopés par moments, ils disent les heurts du cœur. Rythmés, ils évitent en eux la structure de la pierre. Car ce poème n'est ni une épitaphe ni un étendard. Il se dessaisit de sa source native et court les risques du dire. Le je et le monde s'y effacent progressivement et ne demeure, portée par son élan primordial, qu'une voix – et au loin un grand silence. Là advient, non comme écho, mais comme prolongement de ce même silence, l'œuvre singulière de Bouchta El Hayani, artiste majeur du Maroc. A l'affût de l'homme, à l'écoute de sa respiration, l'artiste peint – ou mieux encore : dessine(...). L'auteur et l'artiste, dans leur connivence amicale, semblent exiger de nous de nouveaux critères de lisibilité. Les images ne miment pas le texte, pas plus que le poème ne dit la peinture. Œuvre inattendue et essentielle. C'est, à la limite, une ombre tremblante dessinée sur une page ! Dans cette forme de relation poétique, il y a comme un désir de vie – celui qui consent à sa perte. Plus encore : dans ce travail à deux cœurs, on sent les vibrations, les résonances et la lumière d'un monde à venir. »