Quelques commentateurs marocains se sont empressés de prononcer le requiem du polisario après la mort d'Abdelaziz El Marrakchi. Une source officielle marocaine a, toutefois, remis les pendules à l'heure en expliquant que le décès du chef des polisariens est un non-évènement. La confirmation est d'ailleurs venue de Bir Lahlou, en zone démilitarisée, où la dépouille du défunt a été enterrée. Hormis la présence aux obsèques de quelques généraux et hommes politiques algériens, aucun pays étranger n'a envoyé de représentant, aucune personnalité internationale de renom ne s'est donné la peine de se déplacer pour y assister. Le problème du Sahara s'est toujours posé avec l'Algérie, les polisariens n'étant que les instruments d'une guerre par procuration. Le monde entier le sait, même si certains pays feignent encore de l'ignorer. Peu importe, donc, si c'est Mohamed Lamine Bouhali, l'ancien «ministre de la défense», ou Abdelkader Taleb Omar, le soi-disant «premier ministre», qui sera désigné par les services de renseignement militaires algériens pour remplacer Abdelaziz El Marrakchi. Le changement prochain à la tête du pouvoir algérien est autrement plus significatif à ce sujet. Or, rien ne laisse présager, jusqu'à présent, un repositionnement des élites politiques et militaires algériennes à propos des relations avec le Maroc. Les façonneurs du conflit artificiel du Sahara sont en train de disparaître les uns après les autres et laissent derrière eux une nouvelle génération allaitée à la propagande anti-marocaine. Le phénomène n'est pas irréversible au sein de la jeunesse algérienne, loin s'en faut. Car, à l'Est du Oued Isly, le Maroc suscite autant méfiance qu'admiration et même jalousie. C'est ce qui explique, d'ailleurs, l'entêtement des dirigeants politiques algériens à garder fermées les frontières avec le Maroc. Les mensonges du pouvoir peuvent perdurer tant qu'ils ne peuvent être invalidés par la population. Les succès économiques du Maroc, relayés à l'échelle internationale par les médias, portent ainsi de terribles coups à la bulle d'affabulations dans laquelle les dirigeants algériens ont toujours cherché à maintenir leur population. Sauf que la prise de conscience effective du caractère simulé, inutile et nuisible de la guerre froide que mène depuis des décennies l'Algérie contre le Maroc risque fort, malheureusement, d'être entraînée par une résurrection du phénomène terroriste, dont les Algériens ont tant souffert plus d'une décennie durant et qui n'a jamais été effectivement éradiqué, la fameuse loi de concordance civile n'ayant fait qu'assurer l'impunité aux terroristes « repentis » et aux auteurs de crimes de guerre. Il y a un mois, Abou El Oualid Essahraoui, un terroriste polisarien qui s'est distingué dans les rangs d'AQMI, avant de changer de chapelle et prêter allégeance au pseudo-calife de Daech, avait appelé à attaquer des cibles au Maroc et même de s'en prendre aux membres de la MINURSO. A la même période, le BCIJ a arrêté un partisan de Daech, à Saïdia, qui s'était infiltré au Maroc en provenance d'Algérie, après un séjour en Libye. Si les manœuvres consistant à semer le chaos dans les régions Sud du Maroc, à travers les agents séparatistes de l'intérieur téléguidées et financées par Alger, n'ont pas porté leurs fruits, elles n'en ont pas moins diffusé une culture de la subversion qui peut créer un environnement socio-psychologique propice pour les recruteurs de Daech. Ceci est déjà effectivement le cas dans les camps de Lahmada. Il est maintenant de notoriété publique que Daech, maintenant bien implantée en Libye, a mis le Maroc dans son collimateur et ses agents arrivent à s'y glisser en franchissant les frontières orientales du Royaume, parce qu'apparemment, ils arrivent à traverser le pays voisin de l'Est sans difficulté. C'est, de toute évidence, embêtant pour le Maroc, obligé de surveiller de près toutes ses frontières, aériennes, maritimes et terrestres. Mais qu'en est-il de l'Algérie, où subsiste déjà un terrorisme « résiduel », selon l'aveu même des autorités de ce pays ? Au Sud de ce pays, dans les camps de Tindouf, des jeunes sahraouis désœuvrés et privés de perspectives, formés au maniement des armes et tenus depuis des années en haleine d'une chimérique reprise des combats, constituent autant de recrues de choix pour Daech. « Il n'est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir » est un proverbe sur lequel les Algériens ont, actuellement, besoin de profondément méditer. Au cancer takfiriste qui persiste dans le corps algérien, voilà que vient s'y ajouter la mutation jihadiste du virus polisarien, produit à l'origine dans les laboratoires des services de renseignements militaires du pays voisin. Ce n'est pas, non plus, sans rappeler l'histoire d'un certain Docteur Frankenstein et du monstre qu'il a créé, avant que ce dernier ne se retourne contre son créateur.