Le 30ème Sommet de l'Union Africaine (28-29 janvier), précédé aujourd'hui et demain par la 32ème session ordinaire du Conseil exécutif de l'Union, devrait connaître l'adoption de décisions clés concernant la réforme structurelle de cette organisation panafricaine, à côté de sujets d'envergure couvrant les questions politiques et économiques. Le rendez-vous pourrait donc être celui de la remise en forme de l'organisation devant permettre à l'Afrique de mieux se servir d'un instrument à la hauteur des défis auxquels elle est confrontée. La réforme structurelle de l'UA aura comme base de travail un plan de réforme qui avait déjà été soumis au Sommet de janvier 2017. Ce plan, qui porte les propositions formulées par le président rwandais Paul Kagamé qui devra prendre la présidence tournante de l'Union pour l'année 2018, semble être prêt pour la mise en œuvre. Au moins quatre recommandations du Plan Kagamé devront être adoptées lors de ce 30ème Sommet, dont l'identification des déficiences administratives de l'Union, la révision du statut de certaines agences de l'Union, notamment le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD) et l'augmentation du quota réservé aux femmes et aux jeunes dans les structures de l'UA. La réforme devrait, en outre, permettre à l'UA restée malgré un changement de dénomination réfractaire aux changements, d'opérer sa mue. Elle ne manquera pas de toucher des structures importantes et risque, dans la foulée, de faire perdre à certains ténors de l'Union des avantages et des privilèges certains. D'où la délicatesse de l'opération qui, malgré des égos, s'impose en tant que nécessité en vue de donner à l'UA un nouveau souffle pour qu'elle soit plus efficace et plus efficiente. Outre la question de la réforme structurelle, ce 30ème Sommet sera principalement celui de la lutte contre la corruption puisqu'il est placé sous le thème "Remporter la lutte contre la corruption : une voie durable pour la transformation de l'Afrique". Les réflexions du Sommet porteront alors sur l'élaboration de nouvelles stratégies contre la corruption qui coûte au continent pas moins de 50 milliards de dollars par an. "Un examen de conscience qui devrait permettre de rétablir la réputation de l'Afrique et d'éviter, à l'échéance, la déstabilisation de la cohésion sociale et de l'ordre politique", espère en tout cas Moussa Faki, président de la Commission de l'Union Africaine cité par "africanews". La question du développement agricole sera également à l'ordre du jour, puisque de nombreux Africains comptent sur les activités agricoles pour développer leurs ressources et assurer la sécurité alimentaire. A noter aussi un autre sujet qui pourrait revenir sur la table, celui de la libéralisation du ciel africain, projet cher à Moussa Faki qui a déjà reçu l'assentiment de moins de 50% des pays africains, contre autant de réticences. Sur le plan politique, l'Union Africaine pourrait s'intéresser aux différentes crises politiques qui jalonnent le continent, notamment la situation en République Démocratique du Congo où les hostilités ont connu un nouveau pic depuis fin décembre. Jamal HAJJAM