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La Marseillaise, les sifflets et l'intégration
Publié dans Maghreb Observateur le 19 - 10 - 2008

Que les sifflets qui ont scandé La Marseillaise chantée a cappella par Lââm au Stade de France en ouverture du match amical entre l'équipe tricolore et la Tunisie aient choqué, voire indigné, cela se comprend.
A la fois l'hymne national et un chant universel
Comme le drapeau, l'hymne national est un symbole qui doit inspirer le respect, a fortiori lorsqu'il s'agit de l'hymne officiel le plus célèbre au monde, du chant de la liberté et de l'émancipation qui a été entonné par des foules dans des dizaines de pays lors de circonstances dramatiques. La Marseillaise est à la fois l'hymne national et un chant universel. Elle mérite doublement la considération.
Que Nicolas Sarkozy et le gouvernement aient voulu réagir n'a donc rien que de normal, même si on peut s'étonner que le secrétaire d'Etat Bernard Laporte, présent au Stade de France, ne l'ait pas quitté sur-le-champ au moment des sifflets.
Qu'une réunion de crise organisée en toute hâte avec les ministres concernés et le président de la Fédération française de football ait eu lieu dès le lendemain au Palais de l'Elysée sous la présidence de Nicolas Sarkozy lui-même, cela semble en revanche quelque peu disproportionné. Même si le chef de l'Etat adore le football et n'est pas d'un tempérament à laisser passer des injures sans répliquer, on aurait pu imaginer qu'en pleine crise financière internationale et au moment de diriger un Conseil européen crucial, l'affaire des sifflets pouvait être laissée à François Fillon qui présente l'avantage de ne manquer d'ordinaire ni de fermeté ni du sens des proportions. Mais après tout, si Nicolas Sarkozy voulait donner le ton en personne, pourquoi pas ?
Les sanctions proposées par les membres du gouvernement paraissent cependant particulièrement inadaptées. Bernard Laporte, secrétaire d'Etat chargé des Sports, un homme pittoresque, contesté mais théoriquement expérimenté, a suggéré de renoncer à organiser ce genre de match au Stade de France et même de cesser de disputer des matchs amicaux avec les pays du Maghreb. Une réplique doublement mal inspirée : renoncer au Stade de France, ce serait capituler piteusement devant quelques milliers d'adolescents provocateurs, grossiers et immatures ; cesser de jouer contre les pays du Maghreb serait parfaitement injuste car ces pays ne sont pour rien, absolument pour rien dans ces sifflets intempestifs. Ils en sont même outrés et malheureux, voire vexés. Les siffleurs sont des adolescents français, nés en France dont les parents ou les grands-parents venaient certes du Maghreb mais manifestaient, eux, le plus grand respect pour les emblèmes nationaux. Bernard Laporte se trompe de coupables et de sanctions.
Roselyne Bachelot, plus politique et plus réaliste, constate, elle, qu'il n'est pas possible d'empêcher de se dérouler un match officiel, sauf à accepter de perdre sur le tapis vert, ce qui serait extrêmement impopulaire. En revanche, tout comme François Fillon (sur instructions de Nicolas Sarkozy ?) elle préconise l'annulation à chaud en cas de sifflets contre La Marseillaise s'il s'agit d'un match amical.
Une sanction dangereuse
C'est une sanction dangereuse. Outre qu'elle pénalise des dizaines de milliers de spectateurs ayant payé fort cher leur billet et n'ayant rien à se reprocher, elle risque de déclencher des réactions redoutables. Comment, dans la surexcitation générale, être sûr que ne se produiront pas des heurts, des affrontements, des violences, des déprédations (dans le stade ou hors du stade), voire - pire - des affolements s'achevant en drame ? Si l'annulation doit se traduire par des morts ou par une émeute, autant l'éviter. Il serait plus équitable et plus adapté d'interdire le stade pendant un certain temps (un an, deux ans) aux siffleurs clairement identifiés et dûment prévenus à l'avance.
Reste ce qui est l'essentiel : pourquoi des adolescents de nationalité française et d'origine maghrébine se transforment-ils en provocateurs malappris ? Il y a certes une tradition trop bien établie dans les stades de football : Michel Platini vient de rappeler qu'il a joué des dizaines de matchs entachés par des sifflets au moment où retentissait La Marseillaise. Par ailleurs, le goût de la transgression n'est pas une nouveauté chez les adolescents.
Le grand malaise d'une large fraction des adolescents français d'origine africaine
De surcroît, c'est l'un des effets négatifs de la télévision, la France entière ayant assisté au funeste Algérie-France (arrêté après invasion du terrain) puis à La Marseillaise sifflée lors du Maroc-France, il devenait inévitable qu'il y ait des sifflets à l'occasion de ce troisième match : question de machisme stupide et de sotte compétition entre adolescents.
Malheureusement, cet incident théâtralisé comme s'il s'agissait d'ameuter délibérément l'opinion reflète aussi le grand malaise d'une large fraction des adolescents français d'origine africaine. En sifflant La Marseillaise, ils voulaient illustrer plus ou moins consciemment leur fureur et leur rage de ne pas se sentir acceptés dans la communauté nationale. En conspuant Ben Arfa, joueur d'origine tunisienne ayant choisi les couleurs de l'équipe de France, ils ne se rendaient pas compte que c'était eux-mêmes qu'ils conspuaient. Ils savaient bien en revanche qu'en sifflant La Marseillaise, qu'en choquant les Français, ils seraient moins admis que jamais par une communauté à laquelle ils appartiennent cependant, souvent malgré eux et souvent malgré elle.


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