Le Maroc a franchi des étapes satisfaisantes en matière de transplantation d'organes, bien que le rythme d'évolution est encore "lent et loin de répondre aux besoins", a affirmé jeudi à Rabat, la ministre de la santé, Yasmina Baddou. Intervenant lors d'une journée d'information sur la promotion du don d'organes et des tissus humains, Mme Baddou a indiqué "qu'en dépit d'une évolution positive, le processus reste lent et irrégulier et donc inadapté aux besoins". Abordant les limites qui subsistent concernant le prélèvement d'organes sur des personnes vivantes et qui ne peut s'opérer que sur des membres de la famille du malade selon les dispositions de la loi 16-98, elle a souligné que la greffe d'organes sur des donneurs en état de mort cérébrale est "l'unique solution exemplaire pour sauver la vie d'un grand nombre de malades désespérés". Donnant l'exemple des maladies rénales, la ministre a affirmé que la greffe d'organes et de tissus demeure "la solution la plus adéquate afin de permettre aux patients de mener une vie normale" et ce en raison des coûts engendrés par l'opération de dialyse, qui peuvent atteindre 120.000 Dirhams par an. L'objectif fixé par le ministère de la santé de réaliser 250 transplantations rénales et 1000 greffes de cornée à l'horizon 2020 est "possible si nous concentrons nos efforts dans la communication et la sensibilisation au don d'organes auprès d'une large tranche sociale de citoyens, malades et professionnels de santé", a-t-elle ajouté. De son côté, le ministre des Habous et des Affaires Islamiques, M. Ahmed Toufiq, a indiqué qu'il est religieusement permis de sauver la vie ou soulager la souffrance d'un individu en ayant recours à la transplantation d'organes, dans le cadre du respect de la personne donneuse. Il a affirmé qu'un "long travail avait été effectué au niveau religieux avant que la loi 16-98, réglementant le don d'organes, ne voit le jour ", ajoutant que ce texte a respecté les préceptes de l'Islam, invitant à multiplier les campagnes de sensibilisation auprès de la population sur l'importance du don d'organes. Pour sa part, le président du Conseil consultatif et de transplantation d'organes, le Pr.Benyouness Ramdani, a mis l'accent sur les avancées enregistrées dans le domaine du don d'organes depuis les années 2000 et ce grâce à une régionalisation des hôpitaux capables de telles interventions (Marrakech,Fès) et également à la formation d'équipes spécialisées dans la transplantation d'organes. Relevant que la quantité des opérations effectuées (10 par 1 million d'habitants) reste dérisoire, M. Ramdani a salué le savoir-faire des équipes médicales et l'effort consenti par le ministère de la santé et le ministère de la justice pour l'élaboration d'un texte législatif "pionnier", réglementant et autorisant les procédures de transplantation d'organes. Le Maroc a été le premier pays maghrébin à avoir réalisé une greffe d'organe, qui avait porté sur une transplantation de rein en 1986.