Les médias sociaux reflètent la dynamique de la société qui va aller en s'amplifiant pour répondre aux besoins des citoyens en informations, ont soutenu, mercredi à Casablanca plusieurs hommes politiques et des médias. Ces nouveaux moyens de communication ne souffrent d'aucune censure, "une singularité marocaine", et se positionnent comme un autre espace de la libre expression "de plus en plus grand", ont-ils soutenu lors d'une conférence sur "l'impact des médias sociaux sur la formation de l'opinion publique". Cette liberté de ton que l'on a jamais vu traduit l'évolution que connait le Maroc et l'on assiste actuellement à l'émergence d'une intelligence collective nationale qui sort de sa réserve, a commenté le secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS), Nabil Benabdellah, notant au passage que cette liberté d'expression "réelle" n'est pas encore structurée et "manque de rigueur". Cette structuration ne peut se faire par le haut mais par l'autorégulation afin de permettre la libre expression de la pensée et dépasser l'interpellation primaire, l'insulte ou l'invective, a-t-il prévenu, ajoutant que cette structuration doit favoriser l'émergence d'une vraie culture citoyenne, celle qui prend en compte les droits et les devoirs. Les échanges que reproduisent ces médias peuvent être vus comme un début de réconciliation avec "la chose publique", a-t-il estimé, soulignant que les prochaines élections sont appelées à réconcilier les Marocains avec la politique et à mettre fin aux rejets et aux sentiments de suspicion. Le débat politique est en passe de se déplacer sur le Web et les médias sociaux se positionnent comme alternative des médias traditionnels, notera pour sa part Driss Ksikes, écrivain et directeur du Centre des études sociales, économiques et managériales (CESEM). Ces médias, qui se caractérisent par une "liberté d'expression évidente", ne manqueront pas de prendre de l'ampleur pour répondre au besoin "de savoir", a-t-il poursuivi, estimant que le développement de ces nouveaux moyens de communications s'explique notamment par "la crise de la représentativité politique" et les problèmes socio-économiques. Le web a délié les langues atour de nombreuses thématiques à caractère politique, institutionnel, social ou culturel, a soutenu pour sa part le blogueur Anas Filali, appelant à la structuration du débat pour développer le processus d'apprentissage du respect de l'avis de l'autre et de l'acceptation de la diversité. C'est un travail de construction quotidien et continu qu'il faut entreprendre dans ce sens, a-t-il souligné, insistant sur la nécessité de combler le manque de culture de participation et de porter le débat sur la scène politique réelle notamment lors de la prochaine échéance électorale. Lors de la discussion, qui a fait suite à ces interventions, l'accent a été mis sur l'adoption d'un mécanisme favorisant l'émergence d'une nouvelle élite politique, la consolidation du sentiment de justice chez le citoyen, la nécessaire implication des jeunes dans la vie politique et sur l'accompagnement, par les forces politiques, de l'évolution rapide de la société. Cette rencontre-débat a été initiée par l'association Al Akhawayn Alumni (AA) créée en 2003 par des lauréats de l'Université Al Akhawayn et qui compte quelque 2200 membres.