Les Etats-Unis proposeront une refonte du mandat de la Minurso centrée sur le plan d'autonomie, d'après le Centre égyptien Al-Ahram    Le Paraguay annonce l'ouverture d'un Consulat général dans les provinces du Sud    Le temps est écoulé... Le Conseil de sécurité vote demain une résolution adoptant l'autonomie comme solution définitive au différend du Sahara marocain    La ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Royaume d'Eswatini, Mme. Pholile Dlamini Shakantu, a salué, mercredi à Rabat, la Vision Royale en faveur de l'Afrique.    Nouvelle génération de programmes de développement territorial: Début des concertations la semaine prochaine    Le Maroc et la Gambie signent un accord de coopération militaire    La véritable population des camps de Tindouf... Quand les mensonges du régime algérien se dévoilent    "Papier moulu" : Touizi précise que son expression était "métaphorique, non littérale"    Industrie marocaine : Un chiffre d'affaires record de 898 MMDH en 2024    La SRM Casablanca-Settat en ordre de bataille pour la saison pluviale    Vidéo. Akhannouch: « l'investissement de Renault au Maroc va créer des milliers d'emplois »    Programme Tadarroj : Signature d'une convention à l'INAS Tanger    18 millions de touristes attendus au Maroc d'ici fin 2025    LOT ouvre une liaison directe Varsovie–Marrakech pour approfondir les échanges touristiques entre la Pologne et le Maroc    SAS ouvre deux rotations hebdomadaires entre Copenhague et Marrakech dans son programme d'hiver 2025-2026    Le train CR450 EMU : un symbole de l'innovation technologique en Chine    Un appel téléphonique entre Wang Yi et Marco Rubio ravive la chaleur des relations sino-américaines    Arabie Saoudite : Méga-projets et IA au menu du "Davos du désert"    Terres rares : accord Japon/Etats-Unis pour "sécuriser" les approvisionnements    Événements de la "Gen Z 212" : 49 jeunes condamnés à un total de 168 ans de détention    Le Maroc participe au programme arabe des jeunes dirigeants diplomatiques à Abou Dhabi    L'Union européenne met en avant la présidence marocaine du COPUOS dans le débat sur l'usage pacifique de l'espace    Le Maroc s'abstient lors du vote onusien sur la levée de l'embargo américain contre Cuba    Maroc-Turquie: SM le Roi félicite Erdogan à l'occasion de la fête nationale de son pays    Coupe du Monde 2026 : le calendrier des qualifications africaines à Rabat dévoilé    L'IFAB prépare une réforme historique du VAR avant le Mondial 2026    Sacre des Lionceaux : Mohamed Ouahbi lève le voile sur l'épopée du Maroc U20    Lisbonne : Nawal El Moutawakel reçoit le Prix Nord-Sud du Conseil de l'Europe    Football d'entreprise : le Maroc champion du monde    Espagne: 20 tonnes de hachich saisies grâce à la collaboration avec le Maroc    Dayet Aoua : un joyau en quête de renaissance    Protection sociale : le Maroc renforce son maillage avec plus de 1.300 établissements pour 115.000 bénéficiaires    Economie du savoir : pourquoi avoir raison ne suffit plus    Manifestations non autorisées : 2 480 individus déférés devant les tribunaux, les jugements rendus honorent les délais légaux    Santé: Alliance entre Sanofi et Marbio pour fabriquer des vaccins au Maroc    Véhicules volés en France: La DGSN signe un partenariat avec les assureurs français    Festival des Andalousies Atlantiques : 20 ans de mémoire partagée !    La Rentrée Littéraire 2025–2026 : Trois jours d'échanges autour de la lecture et de la création littéraire    FCMT : 40 ans de passion et 30 ans de grandes marées    Rencontre. FCMT : Zakia Tahiri, le plan séquence d'une rebelle    Camus délocalisé : L'Algérie ferme sa porte à L'Etranger qui trouve refuge à Tanger    Justice : Le point sur les verdicts rendus après les arrestations liées aux manifestations non autorisées    Cinéma : Le Festival de films émergents débarque à Lomé    50 ans de la Marche Verte : Dakhla sous l'objectif    1er Championnat mondial de handball U17 : ce soir, Les Lionceaux face aux Pharaons pour un dernier baroude d'honneur !    Derby de mercredi: le Wydad et le Raja communiquent    Ligue des Champions Féminine CAF 2025 : Dotation et programme    Marrakech brille sur la scène internationale : l'Associated Press célèbre la ville rouge    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



La régulation des médias a une finalité éminemment démocratique
Publié dans Maroc Diplomatique le 30 - 01 - 2020

La régulation des médias à l'ère du numérique a une finalité éminemment démocratique, a souligné, jeudi à Rabat, la présidente de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) et vice-présidente en exercice du réseau des instances africaines de régulation de la communication (RIARC), Latifa Akharbach.
S'exprimant lors d'une conférence internationale organisée par la HACA sous le thème: « la régulation des médias dans un environnement numérique, mobile et social: impératifs d'adaptation et enjeux de refondation », Mme Akharbach a indiqué que la régulation des médias a une finalité éminemment démocratique, soulignant, au passage, la nécessité pour les régulateurs des médias de renforcer leurs compétences face à une sphère numérique où les sociétés sont disponibles en permanence pour la connexion.
Les sociétés expriment de plus en plus une demande de régulation eu égard aux multiples effets culturels, démocratiques, sociétaux et économiques de la communication digitalisée et globalisée, a-t-elle dit, soulignant la contribution des régulateurs à la réflexion autour de l'adaptation de la régulation des médias à l'ère numérique.
« Les régulateurs, de par leur mandat spécifique et avec leurs outils propres, se posent des questions d'intérêt général: comment préserver les individus, les sociétés, et la communauté humaine globale des risques de manipulation, de la mise en danger du vivre-ensemble, de l'atteinte à la dignité humaine, de la limitation du libre arbitre du citoyen, de la diffusion du discours de haine et de la violation de la vie privée, etc », a estimé Mme Akharbach, ajoutant que les pouvoirs publics se tournent aussi vers les régulateurs, lesquels « ne peuvent être un recours efficace que si leur autonomie est préservée et respectée ».
Pour sa part, le président du Conseil national de la communication du Cameroun (CNC) et président en exercice du RIARC, Peter Essoka, a souligné que la révolution technologique a entraîne une révolution comportementale, d'où la nécessité pour une réorganisation de la chaîne de valeur du secteur de l'audiovisuel, autour de ses fonctions de création, de production, d'édition et de distribution du contenu.
« Face à des mutations profondes, la régulation audiovisuelle est plus que jamais appelée à s'adapter », a-t-il fait remarquer, ajoutant que la régulation, sous sa forme actuelle, est devenue « inadaptée » à un environnement numérisé.
De son côté, le président de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle de la Tunisie (HAICA) et président du réseau francophone des régulateurs des médias (REFRAM), Nouri Lajmi, a indiqué que cette rencontre vise à discuter d'une problématique qui interpelle les régulateurs vis-à-vis de leur rôle dans l'ère du numérique, où les plateformes et les réseaux sociaux envahissent la sphère médiatique.
« Les réseaux sociaux sont devenus un outil d'échange d'informations » et cela pose un problème de mal-information et de « fake news », a-t-il fait savoir, y voyant de « nouveaux défis pour nous en tant que régulateurs, d'où le besoin d'affiner nos outils afin de garantir plus de démocratie, plus de liberté », et des médias et un journalisme de meilleure qualité.
Cette conférence de deux jours, qui s'inscrit dans le cadre du mandat de la HACA au titre de sa vice-présidence du RIARC et de sa contribution à la mise en oeuvre de la feuille de route 2020-2021 du REFRAM, vise à croiser les perspectives et à contribuer à une réflexion collective autour de la question de l'adaptation de la régulation des médias à l'ère du numérique.
Cet événement connait la participation de 21 autorités de régulation d'Afrique, de l'espace francophone et du monde arabe, ainsi que d'autres réseaux de régulateurs dont notamment le Forum des Autorités de Régulation de l'Audiovisuel des Etats-membres de l'Organisation de la Coopération Islamique (IBRAF) et la Plateforme des Régulateurs de l'Audiovisuel Ibéro-américains (PRAI).
Outre les instances de régulation des médias et de nombreux experts et organismes internationaux, cette rencontre a vu la participation des présidents et directeurs généraux des opérateurs publics et privés de l'audiovisuel, de journalistes, d'acteurs de la société civile, ainsi que de représentants des milieux académiques marocains et étrangers.
Les travaux de la conférence portent sur quatre axes, à savoir « les besoins d'une régulation rénovée dans un environnement numérisé et globalisé », « les médias classiques-nouveaux médias, dynamiques de la concurrence et contraintes de la régulation », « l'autorégulation et la co-régulation, avenir de la régulation » et « la régulation des médias à l'épreuve des aspirations citoyennes ».
Les travaux de cette conférence se poursuivront vendredi par une session réservée aux instances membres du RIARC, intitulée « Quelles réponses africaines aux défis de la transformation numérique des médias: problématiques économiques et attentes des citoyens ? ».
Discours de Mme Latifa Akharbach- Présidente de la Haca – Maroc
« Mesdames et messieurs, chères collègues,
Face à l'ampleur, à la rapidité et à la profondeur des mutations induites par la révolution technologique numérique, les régulateurs des médias ne sont pas les seuls à vivre une situation d'urgence. Bien avant eux, des philosophes, des sociologues et des spécialistes des neurosciences, entre autres, se sont posé la question de savoir si une nouvelle forme de la condition humaine n'était pas née de l'accès au web et de l'usage qu'on en a fait, que l'on pourrait appeler la condition numérique.
Ce questionnement lourd de sens, ne saurait être loin des préoccupations des régulateurs des médias et de la communication et peut même être considéré comme une référence et une source d'inspiration pour eux. Car la régulation des médias a une finalité éminemment démocratique. De par leur mandat spécifique et avec leurs outils propres, les régulateurs se posent des questions d'intérêt général : comment préserver les individus, les sociétés et la communauté humaine globale des risques de manipulation, de la mise en danger du vivre-ensemble, de l'atteinte à la dignité humaine, de la limitation du libre arbitre du citoyen, de la diffusion des discours de haine, de la violation de la vie privée, de la spoliation de la propriété intellectuelle, etc.
Une régulation renovée et mise à jour
Déjà en charge de ces questions au titre de la régulation des contenus des médias dits classiques, les régulateurs sont, du fait de la déferlante digitale dans les écosystèmes médiatiques, tenus de repenser leurs approches, de rénover leurs méthodes et de redimensionner leurs champs d'action.
Leur mandat se déploie désormais dans une situation inédite, celle d'une humanité transposée en un temps record, dans un âge numérique où les sociétés sont disponibles en permanence pour la connexion, où les individus sont pris dans le vertige de la viralité et de la mobilité, exposés au pouvoir exorbitant de logiciels agrégateurs de contenus, livrés aux batailles de hachtags et enfermés dans une logique et un système de communication où le contenu compte moins que le nombre des connectés.
Confrontées aux multiples effets culturels, démocratiques, sociétaux et économiques de la communication digitalisée et globalisée, les sociétés expriment de plus en plus une demande de régulation mise à jour. De leur côté, les pouvoirs publics se tournent aussi vers les régulateurs lesquels ne peuvent être un recours efficace que si leur autonomie est préservée et respectée.
Pour toutes ces raisons, les régulateurs des médias doivent renforcer à la fois leurs compétences et leur légitimité pour répondre à ces attentes de régulation auxquelles même les plateformes semblent de plus en plus sensibles.
Une complexité croissante
Plusieurs facteurs aggravent cependant la complexité des responsabilités des instances de régulation dans le nouveau contexte des médias et de la communication.
Tout d'abord, jamais les régulateurs n'ont été autant interpellés sur un éventail de problématiques aussi diverses. Cela va de la lutte contre les stéréotypes à la redéfinition du modèle économique du service public de l'audiovisuel pour en sauvegarder et renforcer les missions spécifiques et l'apport intrinsèque, en passant par la prévention de la radicalisation et de la polarisation du débat public sous l'effet des réseaux sociaux, la réglementation du streaming qui favorise le piratage des œuvres, la mise en place d'un régime juridique de la responsabilité des plateformes fondé entre autres sur le principe de la neutralité du Net, la promotion du journalisme de qualité et des standards professionnels des médias et bien d'autres questions.
En outre, les différentes ruptures induites par la transformation numérique ont fait que la régulation des médias se retrouve à la conjonction d'exceptionnels enjeux et face à des défis inédits.
Pour parvenir à une habilitation des Régulateurs à répondre aux diverses attentes qui convergent vers eux, plusieurs pistes sont explorées. Des expériences ont été d'ores et déjà menées notamment en Europe, mais beaucoup de questions demeurent en suspens et rien n'a encore pu être être évalué.
Dans certains pays, où des lois ont été promulguées notamment pour la lutte contre l'infox et le discours de haine dans les médias numériques, apparaissent de nouvelles préoccupations, outre celle concernant l'efficience de l'action du Régulateur face à la puissance des acteurs numériques transnationaux.
Certains posent ainsi le problème du risque de judiciarisation des compétences du Régulateur sous couvert de renforcement de ses compétences.
Apparait également un besoin de créer et renforcer les mécanismes d'une coopération régulière et renforcée entre les régulateurs sectoriels étant donné que la convergence technologique et ses corollaires la convergence des vecteurs, des supports et des contenus accentuent le caractère transverse de la régulation.
Dans leurs relations aux opérateurs des médias classiques, les régulateurs sont aussi désormais face à des injonctions nouvelles et pressantes. La première obligation qui fait consensus à cet égard est la réduction de l'asymétrie de la situation actuelle caractérisée par la cohabitation entre des médias audiovisuels linéaires fortement régulés et des médias numériques horizontaux et interactifs en dehors du champ de la régulation. Un grand chantier qui englobe à la fois l'imposition de nouvelles règles aux acteurs du numérique (financement de la création par exemple) et l'assouplissement des obligations des opérateurs classiques.
Allégement normatif et autorégulation
Le dialogue et la négociation avec les plateformes numériques globales fait partie de l'action ardue des régulateurs qui se heurte entre autres à la variété des régimes juridiques de la liberté d'expression. Un contenu légitime dans un pays peut être en effet illégal dans un autre. Qui doit alors arbitrer ce télescopage de la souveraineté des Etats avec l'espace informationnel transfrontières ?
La voie gagnante car la plus susceptible de mener à des solutions pérennes et efficientes, ne passerait-elle pas alors par l'allégement normatif au profit de la promotion et du renforcement de l'autorégulation et de la co-régulation ?
Toutes ces questions demeurent entières. Aucun pays, aucune autorité, aucun organisme ne peut exciper d'un bilan encore, étant donnés à la fois le rythme de l'évolution technologique, sa nature disruptive et sa logique économique.
Une seule certitude peut cependant concilier tous les avis et toutes les postures :
Une démocratie ne peut fonctionner correctement sans citoyens informés par des médias, nouveaux ou classiques, libres, pluralistes et éthiques.
C'est bien dans ce cadre-là que les régulateurs inscrivent précisément leur action fondamentale et leur démarche particulière pour trouver la voie vers un modèle de régulation, à la fois innovant, pour être en phase avec la nouvelle donne numérique et constant, pour signifier l'engagement en faveur de la liberté d'expression et des valeurs démocratiques du pluralisme, de la diversité, des Droits de l'Homme et du vivre-ensemble.
D'où l'intérêt des échanges et de la réflexion collective que nous mènerons ensemble à la faveur de cette conférence qui nous réunit à Rabat et qui devra tout à vos apports, à vos analyses et à votre participation.
Recevez encore une fois mes remerciements et ma gratitude. »


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.