Alors que la Commission électorale indépendante (CEI) a confirmé ce mercredi l'exclusion de quatre poids lourds de l'opposition de la liste électorale définitive pour l'élection présidentielle d'octobre, le président Alassane Ouattara, bien qu'encore silencieux sur ses intentions, apparaît comme le favori d'un scrutin déjà marqué par des tensions politiques. Parmi les principaux exclus figurent Tidjane Thiam, président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), l'ancien président Laurent Gbagbo, son ex-bras droit Charles Blé Goudé, et l'ex-Premier ministre Guillaume Soro. Tidjane Thiam, radié en avril pour une question de nationalité contestée, a dénoncé une « dérive vers une absence totale de démocratie » et saisi le Comité des droits de l'Homme de l'ONU . Laurent Gbagbo, Blé Goudé et Soro, exclus depuis des années en raison de condamnations judiciaires, n'ont pas été réintégrés, malgré les pressions de l'opposition . Aucun des quatre ne pourra se présenter ni voter, réduisant drastiquement les options de l'opposition face à un pouvoir sortant bien implanté. Lire aussi : Les liens fraternels et stratégiques entre le Maroc et la Côte d'Ivoire mis en relief à Abidjan Alassane Ouattara, candidat naturel du RHDP ? Si le président Ouattara, 83 ans, n'a pas encore officialisé sa candidature pour un quatrième mandat, son parti, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le considère déjà comme son « candidat naturel ». Lors d'un congrès prévu les 21 et 22 juin, le RHDP devrait officialiser son soutien à Ouattara, qui a remporté les trois dernières élections avec plus de 80 % des voix. Ses partisans multiplient les meetings à travers le pays, vantant son bilan économique et appelant à sa candidature . Cependant, cette éventuelle candidature suscite des critiques, notamment sur sa conformité constitutionnelle. La Constitution de 2016 limite théoriquement le nombre de mandats à deux, mais Ouattara argue que son premier mandat sous l'ancienne Constitution ne compte pas . Face à ces exclusions, l'opposition tente de se mobiliser : Le PDCI et le PPA-CI (parti de Gbagbo) ont suspendu leur participation aux instances de la CEI, dénonçant un processus électoral biaisé . Ainsi, des figures comme Simone Gbagbo, Jean-Louis Billon et Pascal Affi N'Guessan restent éligibles, mais dénoncent des « conditions non réunies pour des élections pacifiques » . La CEI, dirigée par Ibrahime Kuibiert Coulibaly, a fermé la porte à toute révision de la liste avant le scrutin, invoquant des délais techniques de 6 à 7 mois. Avec 8,7 millions d'électeurs inscrits sur une population de 30 millions d'habitants (dont près de la moitié a moins de 18 ans), la présidentielle s'annonce tendue : L'opposition quant à elle accuse la CEI de partialité, tandis que les autorités affirment respecter les décisions d'une « justice indépendante » .