Le Maroc s'engage dans une transformation profonde de son marché du travail, portée par une stratégie gouvernementale ambitieuse visant à créer 1,45 million d'emplois d'ici 2030 et à réduire le taux de chômage à 9 % . Cette feuille de route s'inscrit dans un contexte mondial de mutation accélérée des compétences, où la digitalisation et l'automatisation redéfinissent les contours de l'emploi. Dotée d'une enveloppe budgétaire de 15 milliards de dirhams, la stratégie nationale pour l'emploi repose sur huit initiatives majeures. Parmi celles-ci figurent le soutien aux très petites, petites et moyennes entreprises (TPME), la modernisation de la formation professionnelle, l'insertion des jeunes et des femmes, ainsi que la promotion de l'entrepreneuriat. Le gouvernement prévoit également la généralisation de l'apprentissage et l'introduction d'une prime à l'emploi spécifique aux TPME . Selon le rapport "Future of Jobs 2025" du Forum économique mondial, les spécialistes des big data, les ingénieurs en technologies de précision et les experts en intelligence artificielle devraient connaître une croissance significative de la demande d'ici 2030. Au Maroc, cette tendance se reflète dans l'essor des secteurs de l'offshoring, de l'aéronautique et de l'industrie automobile, qui offrent des opportunités d'emploi dans des domaines technologiques avancés. Lire aussi : Entreprises : les jeunes sans diplôme bénéficieront du soutien à l'emploi À l'inverse, les postes administratifs et de bureau, tels que les caissiers, les guichetiers et les assistants à la saisie de données, sont menacés par l'automatisation. Le rapport du Forum économique mondial prévoit une diminution significative de ces emplois d'ici la fin de la décennie. Au Maroc, cette évolution pourrait accentuer les défis liés à l'emploi dans les secteurs traditionnels, notamment en milieu rural. Face à ces mutations, le gouvernement met l'accent sur la formation et la reconversion professionnelles. La stratégie nationale pour l'emploi prévoit le renforcement des politiques actives de l'emploi, telles que les programmes Idmaj, Tahfiz et Taehil, afin de faciliter l'insertion professionnelle et l'adaptation aux nouvelles compétences requises. L'objectif est de répondre aux besoins du marché du travail en constante évolution et de réduire le déficit de compétences identifié par les employeurs. Malgré ces efforts, le Maroc fait face à des défis structurels persistants. Le taux de chômage des jeunes reste élevé, et les disparités régionales en matière d'emploi sont marquées. La transition démographique, avec une population active en augmentation, accentue la pression sur le marché du travail . Par ailleurs, la sécheresse et les aléas climatiques impactent négativement l'emploi dans le secteur agricole, nécessitant des mesures d'adaptation spécifiques . Aujourd'hui, le Maroc se trouve à un carrefour décisif dans la transformation de son marché du travail. Les initiatives gouvernementales, axées sur l'innovation, la formation et l'inclusion, constituent des avancées significatives. Cependant, leur succès dépendra de la mise en œuvre efficace des politiques, de la mobilisation des acteurs économiques et sociaux, et de la capacité à anticiper les évolutions futures